lundi 28 novembre 2016

LIVRE /// LES NOUVELLES D'OSCAR WILDE


LES NOUVELLES D’OSCAR WILDE
 
 
 
La lecture du roman d’Amélie Nothomb « le crime du comte Neville » (son cru de 2015) m’a amené tout naturellement vers Oscar Wilde, puisqu’elle s’est servie d’une idée de celui-ci, cela sans s’en cacher.
 
 
C’est là l’un des plaisirs de la lecture, ces passerelles d’un livre vers un autre, comme autant de découvertes à faire. Qu’un auteur donne envie de replonger dans les œuvres d’un autre, c’est cela la grande chaîne de la littérature. C’en est d’autant plus intéressant quand il s’agit de quelqu’un qui n’est plus au-devant de la scène et à qui l’on n’aurait pas songé de prime abord.
 
 
Une voyante prédit au comte de Neville qu’il va tuer une personne lors de la prochaine réception qu’il organise. Cette prédiction macabre, c’est précisément le sujet d’une des nouvelles d’Oscar Wilde : « Le crime de Lord Arthur Savile ».
 
Un chiromancien lit dans la main de Lord Arthur Savile une annonce du même type, sans que le détail nous en soit donné explicitement. Mais il s’agit bien d’un meurtre également, ce qui va amener le personnage à reculer son mariage. C’est d’ailleurs cela qui le perturbe vraiment, plus que le fait d’avoir à choisir une victime pour se débarrasser de la prédiction et reprendre le cours de son existence.
 
Dans une autre nouvelle, « Le Fantôme de Canterville », nous faisons la connaissance d’un fantôme qui n’arrive pas à effrayer une famille venant d’emménager dans son château, devenant même le souffre douleur de jumeaux.
 
 
Le charme de ces récits tient au style (c'est très bien écrit) et à l’humour « british » (oui, je sais Wilde est irlandais !) de l’auteur qui aime dépeindre avec une douce ironie la société de la fin du XIXème siècle. A ceci ,s’y une touche de fantastique qui agrémente ses récits.
 
Et enfin, comme je vous l’ai déjà dit, j’aime beaucoup la lecture de « nouvelles » la nuit, lorsque les insomnies se présentent. Je les trouve adaptées car l’on peut espérer que la lecture d’une seule pourra suffire avant de se rendormir et si ce n’est pas le cas, poursuivre avec une autre et une autre...
 
 
Extrait (Le fantôme de Canterville)
 
« Quelque temps après, Mr Otis fut réveillé par un bruit bizarre dans le couloir, à l’extérieur de sa chambre. On eût dit un tintement de métal, et il semblait se rapprocher d’instant en instant. Il se leva immédiatement, frotta une allumette, et regarda l’heure. Il était exactement une heure. Mr Otis était très calme, et se tâte le pouls, qui n’était nullement fébrile.
 Le bruit étrange se prolongea encore, et il entendit en même temps distinctement un bruit de pas. Il chaussa ses pantoufles, prit dans sa mallette une petite fiole oblongue, et ouvrit la porte. Juste en face de lui il vit, au  pâle clair de lune, un vieillard d’aspect terrible. Il avait des yeux rouges pareils à des charbons incandescents ; une longue chevelure grise lui tombait sur les épaules en tresses emmêlées ; ses vêtements, d’une coupe ancienne, étaient salis et élimés. De lourdes menottes et des fers rouillés lui pendaient aux poignets et chevilles.
« Cher monsieur, dit Mr Otis, permettez-moi vraiment d’insister auprès de vous pour que vous huiliez ces chaines : je vous ai apporté à cette fin un petit flacon de lubrifiant Soleil Levant Tammany. On le dit totalement efficace dès la première application, et il y a , sur l’emballage, plusieurs attestations allant dans ce sens, émanant de quelques-uns de nos ecclésiastiques les plus éminents. Je le laisse ici à côté de vous, à côté des veilleuses, et je me ferai un plaisir de vous en fournir encore au cas où vous en auriez besoin »
 
Bonne et belle lecture
28/11/2016

CINE /// CINEMA DE MINUIT / 2 / GABIN /

Bonjour amis du Cinéma,


Vous l'avez compris avec ma chronique précédente, nous nous faisons notre "cinéma de minuit" entre 20 h et 22 h en visionnant les grands films du cinéma français des années 30/40.

Ces films sont en noir et blanc, me direz-vous ? Et alors, ils ont une telle esthétique qu'ils restent beaux à voir, les acteurs sont si imposants et brillants que nous ne nous en lassons pas surtout quand ils sont servis par des réalisateurs de premier plan.

Après Michel Simon, nous nous sommes tournés vers Jean Gabin quand il jouait l'homme du peuple luttant contre un destin difficile. C'est bien loin du Gabin cabotinant des années 1970 où les beaux rôles se faisaient rares.

Il eut  à camper en ce temps des personnages formidables dans "le jour se lève" (1939) de Marcel Carné, "Les bas-fonds" (1936) de Jean Renoir,  "la belle équipe" (1936) de Julien Duvivier, "La grande illusion" (1937) de Jean Renoir.

N'ayons pas peur des mots, ces films sont des chefs d'œuvre à recommander sans limitation. L'on peut même parler de réalisme poétique !

Dans "La belle équipe", c'est la France du Front populaire qui apparaît avec ces cinq copains  chômeurs gagnant à la Loterie Nationale. Plutôt que de partir chacun de leur côté, ils décident d'unir leurs moyens et leurs forces pour ouvrir une guinguette. Le sort s'acharnera sur leur amitié, avec notamment l'intervention d'une femme (Viviane Romance - remarquable) qui viendra semer la discorde.

Point très curieux, ce film eut deux fins :  Une pessimiste qui était celle voulue par le réalisateur et une autre optimiste demandée par la Production. A chacun de choisir celle qu'il préfère !
La pessimiste qui est l'aboutissement logique du drame ou la positive pour se faire plaisir car au final on aime quand ça finit bien ?

Et puis, il y a aussi la chanson "quand on se promène au bord de l'eau" à travers une scène inoubliable quand la belle équipe pensait avoir réalisé son rêve :

https://www.youtube.com/watch?v=Mi-WY_1zf-8

Autre grand film, "les Bas-fonds" où Jean Gabin (petit cambrioleur) donne la réplique à Louis Jouvet (aristocrate ruiné). Jean Renoir donne alors dans le réalisme social en adaptant un roman de Maxime Gorki.

Je ne me rappelais plus la scène finale où un couple prend la route, riche simplement de sa foi en leur amour, ce qui ne fut pas sans me rappeler les images de fin des "Temps modernes" du génial Chaplin.

Cinéphilement vôtre







mardi 22 novembre 2016

MUSIQUE /// POURQUOI LES MUSICIENS HONORENT-ILS SAINTE CECILE ?

POURQUOI LES MUSICIENS HONORENT-ILS
 
SAINTE CECILE ?


Certes, il y a la légende de la Sainte martyre aimant les arts et notamment la Musique, qui vécut aux alentours des IIème et IIIème siècles.

L'on y raconte que Cécile, fille d'un patricien de la noblesse sicilienne, était non seulement séduisante mais dotée d'une très jolie voix dont elle usait pour louer Dieu.

Si la Musique lui fut d'un grand recours tout au long de sa vie, deux épisodes capitaux furent déterminants pour qu'elle devînt la patronne des musiciens.

Alors qu'elle avait décidé de consacrer sa vie à la religion, son père décida de la marier. Lors de la nuit de noces, Cécile se présenta devant son mari en chantant, tout en s'accompagnant d'un petit orgue portatif comme il y en avait à cette époque. Elle le convainquit de respecter son vœu de chasteté et alla jusqu'à le convertir à sa foi.

Et puis, lorsqu'elle fut condamnée à mort à Rome, elle aurait entendu une musique céleste et se serait mise à chanter avant son exécution. Le bourreau en fut si troublé qu'il abattit maladroitement à trois reprises sa hache sur Cécile, sans parvenir à la tuer. La loi romaine proscrivant un 4ème coup de hache, son agonie dura trois jours.

Pour lui rendre hommage et la glorifier, de grands compositeurs ont composé des œuvres, tels  Charles Gounod, Henri Purcell, Ernest Chausson, Benjamin Britten.

https://www.youtube.com/watch?v=h7GSygUXlUI

Certes, mais est-ce la seule explication pour expliquer l'engouement des musiciens à fêter encore et toujours Sainte Cécile ?

Notons que si nombre de formations musicales et chorales s'intègrent traditionnellement dans la messe, la ponctuant de différentes œuvres, d'autres font des concerts totalement laïcs toutefois toujours appelés "concert de la Sainte Cécile".

Au-delà de cette commémoration religieuse, pour les musiciens  c'est l'occasion de célébrer leur passion pour la Musique et leur joie à la partager. Une fois l'exécution musicale finie, arrive le moment festif, autour d'un verre de l'amitié ou d'un banquet.

Il faut vous dire que c'est une passion qui se vit en groupe !

Bien que venant d'horizons sociaux et professionnels différents, toutes générations confondues, ce qui compte pour toutes ces femmes et tous ces hommes, c'est de faire de la musique ensemble et l'offrir au public. C'est cela qui les rassemble, les rend heureux et fait vibrer leur âme.

Alors reconnaissez que cela vaut bien d'en faire une grande fête une fois par an.

Musicalement vôtre

JC Togrège

LIVRE /// LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY - OSCAR WILDE -



D’OSCAR WILDE

 



Parler d’un classique de la littérature est toujours un exercice difficile,  tant de choses ayant déjà été dites et écrites sur l’œuvre. Soit l’on paraphrase, soit on a l’impression de survoler et réduire la pensée de l’auteur.
 
 
Je dirai déjà le plaisir à lire cette belle langue du 19ème siècle que maîtrisait parfaitement Oscar Wilde, et le salut intellectuel à se plonger dans le passé, histoire de se rappeler que les certitudes d’une époque ne sont pas celles d’une autre. Ne pas rester dans la lecture de romans contemporains aide ainsi à mon sens à penser par soi-même et à fuir le « politiquement correct ».



 
 
 
Le roman commence par le tableau que fait un peintre d’un jeune homme, Dorian Gray, d’une stupéfiante beauté.  Ce dernier en est tellement ébloui qu’il forme un vœu :
 
« Si je demeurais toujours jeune et que le portrait vieillisse à ma place ! Je donnerai tout, pour qu’il en soit ainsi. Il n’est rien au monde que je donnerais. Je donnerais mon âme ! »
 
Sous l'influence d'un homme du monde oisif et cynique, Dorian Gray va devenir un dépravé, plongeant dans tous les vices, préoccupé de son seul plaisir, insensible aux autres.  Alors que son âme va se noircir et se refléter sur le tableau, son visage demeurera inchangé, sans ces marques du temps qui nous révèlent. Il conservera le visage  d’un ange tout en étant un parfait malfaisant.
 
Il échappe ainsi à ce qu’écrit le sociologue David le Breton : « Le visage est un mi-dire, un chuchotement de l’identité personnelle... ». 
 
Ce roman, c’est bien sûr beaucoup plus,  avec des thèmes comme l’hédonisme, la puissance de l’art, l’évocation feutrée de l’homosexualité, la critique de la société de son époque et de certaines de ses institutions (l’Eglise, le mariage), la succulence des dialogues et le cynisme de certaines théories (extrait ci-dessous)
 
 
« La raison pour laquelle nous tenons tant à penser du bien des autres, c’est que nous avons peur de nous-mêmes. Le fondement de l’optimisme, c’est la terreur absolue. Nous croyons être généreux en prêtant à autrui des vertus susceptibles de nous être de quelque utilité. Nous ne tarissons pas d’éloges pour le banquier qui tolère un découvert et trouvons quelque qualité au bandit de grand chemin dans l’espoir qu’il ne nous soulagera pas de notre bourse. Je pense tout ce que j’ai dit. Je n’ai que du mépris pour l’optimisme. Pour ce qui est des vies gâchées, seule est gâchée la vie de celui qui cesse de se développer. Si vous voulez abîmer un être, vous n’avez qu’à vouloir le changer. Pour ce qui est du mariage, bien sûr que ce serait bête, mais il existe d’autres liens plus intéressants entre les hommes et les femmes et que j’ai bien l’intention de cultiver. »


Une très belle adaptation cinématographique fut faite de ce roman en 1945 par Albert Lewin, adaptation  que je vous recommande également et qui est disponible dans toutes les bonnes médiathèques.
 

 
Affiche du film sorti en 1945


Bonne et belle lecture.

JC Togrège
11/2016



















 

vendredi 18 novembre 2016

CINE /// CINEMA DE MINUIT / 1 /

CINEMA DE MINUIT / MICHEL SIMON
 

Dans les années 80/90, j'ai enregistré nombre de films sur K7 vidéo, pour grande partie les classiques du cinéma français d'entre les deux guerres et d'après-guerre. J'achetais alors des magazines pour avoir les jaquettes correspondant aux affiches, tout était répertorié, classé et rangé dans une bibliothèque.

Le DVD est arrivé, les cassettes sont devenues encombrantes presque obsolètes et ont été mises de côté, changeant plusieurs fois de place. A plusieurs reprises, j'ai failli les jeter, pensant que les enregistrements étaient effacés ou en voie de l'être. Ma manie de tout garder l'emportait malgré tout...

Et puis, voilà que pris d'une frénésie de rangement (avec l'envie parallèle de faire un peu le vide), je retombais sur toutes ces cassettes (une bonne centaine) avec notamment tous les grands films de Michel Simon.

Ayant encore un lecteur de cassettes, je me suis aperçu que les images et le son étaient toujours en bon état, et depuis, nous nous faisons des soirées que nous avons nommé "cinéma de minuit", en référence à la célèbre émission de France 3.

Nous sommes retombés sous le charme de ce patrimoine cinématographique considérable, grâce à ces enregistrements vieux de plusieurs décennies.

Notre cycle a commencé avec le génial Michel Simon :

Circonstances atténuantes  -1939 - de Jean Boyer avec Arletty où il y a la célèbre chanson "comme de bien entendu"
http://www.dailymotion.com/video/x3etjz_comme-de-bien-entendu_shortfilms

Fric-Frac  -1939- de Maurice Lehrmann avec Arletty et Fernandel

Au Bonheur des Dames - 1943- d' André Cayatte avec Albert Préjean, Blanchette Brunoy, Suzy Prim etc.

La Chienne -1931 - chef d'œuvre de Jean Renoir avec Jany Marèze, Georges Flament, Madeleine Berubert.
http://www.ina.fr/video/CPF86635729

Deux comédies et deux drames à travers lesquels le talent de l'acteur jaillit comme une évidence : une voix et une  manière de parler à nul autre pareil, la capacité de jouer des rôles très différents, et surtout une présence.

Charlie Chaplin, en projetant "La Chienne" à des amis avait dit " Je vais vous montrer le plus grand acteur du monde !"

Dans ce film dramatique, Michel Simon joue le rôle d'un employé, peintre pendant ses loisirs, qui tombe amoureux d'une personne de "petite vertu" qu'il entretient. Celle-ci ne l'aime pas, seul son maquereau compte pour elle.

Est-ce que les jeunes connaissent encore ce grand acteur ? Peut-être par l'école avec "Le vieil homme et l'enfant" de Claude Berri ?

Et si l'on remettait en valeur ce cinéma de même qu'on le fait avec les romanciers des siècles passés ? C'est cela aussi notre patrimoine !

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
18/11/2016










jeudi 17 novembre 2016

LIVRE /// LE MYSTERE HENRI PICK DE DAVID FOENKINOS



LE MYSTERE HENRI PICK
DAVID FOENKINOS




Bonjour amis de lecture,


Un nouveau roman de Foenkinos, après l'exceptionnel "Charlotte" écrit tel un long poème en prose * où il fit revivre Charlotte Salomon, artiste-peintre allemande morte à Auschwitz, cela n'a pas dû être facile pour l'auteur et quelque part ça ne l'est pas non plus pour nous lecteurs. Ce qui suit un chef d'œuvre ou une grande réussite, c'est toujours compliqué dans tous les arts.

Alors, pour nous lecteurs, autant  que faire se peut, il faut occulter provisoirement "Charlotte" et se mettre dans l'état d'esprit d'autres de ses romans, tels "La délicatesse", ou "Je vais mieux". C'est cet aspect qu'on retrouve dans "Le mystère Henri Pick" avec les qualités qu'on lui connait : style faussement léger pour aborder des sujets plus ou moins graves, de l'humour, voire de la cocasserie, de la fantaisie.

Tout commence avec cette idée d'un auteur américain, Richard Brautigan, d'une librairie qui accueillerait les livres refusés (1), idée reprise par un personnage de Foenkinos, un libraire breton. Pour être accepté, l'auteur doit se déplacer lui-même et le placer dans les rayons, là où il veut. Les envois par la poste ne sont pas acceptés.

Quelques années plus tard, une jeune éditrice, se rend dans cette librairie et y découvre, parmi des tas d'ouvrages ratés, ce qu'elle considère comme un chef d'œuvre : "Les dernières heures d'une histoire d'amour" signé Henri Pick. Flairant un bon coup, elle le fait publier et le "buzz" commence.

En effet, ce Henri Pick, qui est décédé, tenait une pizza et personne n'aurait pu penser qu'il avait écrit un roman. Sa veuve ne l'a jamais vu lire et encore moins écrire. L'enquête peut commencer...

Ce roman est agréable à lire et plaisant, même si ce n'est pas celui que je préfère.
J'ai trouvé amusant la manière dont il fait intervenir des personnages réels dans le récit, tel François Busnel qui va interviewer la veuve d'Henri Pick.

Intéressants, la manière de décrire le monde de l'édition qui est aussi une affaire de commerce et de bons coups pour faire décoller les ventes, ainsi que les répercussions d'un succès sur l'auteur et son entourage.

Un roman pour passer un bon moment.

Bonne et belle lecture

JC Togrège
17/11/2016



* Tel le romancier adorant les renvois à des notes en fin de page, j'ai eu envie de faire de même en ajoutant : surtout si vous n'avez pas encore lu "Charlotte", faites-le de toute urgence et dans l'édition reproduisant les gouaches de Charlotte Salomon.

(1) Cette librairie des livres refusés m'a fait penser également à la librairie des livres oubliés de Carlos Ruiz Zafon dans le magnifique roman "L'ombre du vent" que je vous recommande ardemment.

Remarque * David Foenkinos a parsemé son livre de notes de fin de page que j'ai trouvées moins percutantes que d'habitude.

mardi 15 novembre 2016

LIVRE /// LA DENTELLIERE DE PASCAL LAINE


LA DENTELLIERE
PASCAL LAINE
 
 
 

J’ai replongé avec nostalgie dans ce roman au style épuré de Pascal Lainé qui obtint le Goncourt en 1974. Nostalgie d'une lecture de jeunesse, avec l'envie d'y retrouver un beau moment de lecture...
 
 
J'y ai retrouvé avec plaisir le personnage de Pomme, jeune apprentie coiffeuse, jeune fille simple qui n’a pas fait d’études et qui n’a pas les mots. Ce n’est pas qu’elle soit sotte mais ce n’est pas par les mots qu’elle s’exprime. Elle croit trouver l’amour auprès d’un étudiant et s’y fracassera.

J’y ai revu avec un regard très critique, le jeune étudiant bourgeois, Aimery de Béligné , qui n’aurait jamais dû rencontrer Pomme. Il passera à côté d’elle sans la comprendre, la jetant une fois qu’il aura considéré, que tout bien tout pesé, ils sont trop différents car venant l’un et l’autre de milieux qui ne se rencontrent pas habituellement. Seul le hasard, sur une plage, les fit se croiser.

Il ne comprendra pas la douleur ressentie par Pomme lors de la rupture car elle ne se défendra pas.

 
Cela fera dire à l’étudiant : « « Je l’aimais bien , la Dentellière. On vivait l’un à côté de l’autre, mais on n’avait pas les mêmes mœurs ni les mêmes heures ; on ne se voyait pas beaucoup. On ne s’était jamais disputés. Il n’y avait pas de raison qu’on se dispute. On a seulement quitté la chambre. »

 
Pour lui, ce sera une erreur de jeunesse, une passade, pour elle un effondrement !

 
C’est l’histoire d’une rencontre qui n’aurait pas dû avoir lieu, l’histoire sempiternelle des classes sociales.

 
J’ai encore en souvenir le film qu’en avait fait Claude Goetta  en 1977 avec Isabelle Huppert, qui excella dans dans le rôle de Pomme, « la Dentellière ». Cette adaptation m’avait touché et profondément attristé.
 
 
Extrait : 
 
« Il sera passé à côté d’elle, juste à côté d’elle, sans la voir. Parce qu’elle était de ces âmes qui ne font aucun signe, mais qu’il faut patiemment interroger, sur lesquelles il faut savoir poser le regard. »
Bonne et belle lecture

lundi 14 novembre 2016

MUSIQUE /// LEO FERRE

LEO FERRE
UN ARTISTE ET UN POETE
 


Léo Ferré est né le 24 août 1916, soit il y a un siècle.
Il est mort depuis déjà 23 ans.

Avec une œuvre telle que la sienne, l'on aurait pu s'attendre à ce que les médias remettent à la lumière ses chansons pour le centenaire de sa naissance. Il n'en fut rien ou presque rien. Hormis sur France Musique, je n'ai guère entendu ou vu d'émissions lui être consacré.




Alors, certes,  certains de ses textes ne sont pas toujours simples, certains passages peuvent même restés incompréhensibles, certains textes politiques peuvent sembler datés et alors ?

La poésie ne demande pas toujours à être comprise mais ressentie.

Dans l'œuvre de Ferré qui s'étale sur plus de 40 ans, il y a forcément quelque chose qui peut tous nous toucher selon notre sensibilité.

J'ai toujours beaucoup aimé les chansons d'amour de Léo Ferré, et tout particulièrement son album sorti en 1972 (que j'avais déjà acquis en vinyl et que j'ai racheté en CD tout récemment)  qui en regroupait un certain nombre :

- La vie d'artiste
- On s'aimera
- ça t'va
- La gitane
- Le bonheur
- A toi
- La lettre
- Cette blessure
- L'amour fou
- Avec le temps

Toutes ces chansons parlent d'amour et de sensualité avec poésie.
Les musiques et les orchestrations sont magnifiques.

Cet album est intemporel et excellent.
J'y avoue une préférence pour "la lettre" tant pour la musique que le texte.

Il a également mis en musique des poèmes de Verlaine, Rimbaud, Apollinaire et Baudelaire de manière remarquable.




Musicalement vôtre

JC Togrège
08/2016



LIVRE /// UN FAUTEUIL SUR LA SEINE D'AMIN MAALOUF


UN FAUTEUIL SUR LA SEINE
Quatre siècles d’histoire de France
AMIN MAALOUF

 Amin Maalouf a été élu à l’académie française en 2011, au 29ème fauteuil, suite au décès de Claude Lévi-Strauss. Comme il se doit, il fit l’éloge de son prédécesseur, devant l’assemblée des académiciens. Cela aurait pu s’arrêter là.
 
Il lui vint alors l’idée d’écrire un livre recensant tous ceux qui furent titulaires avant lui de ce 29ème fauteuil, et ce depuis 1634. Parmi ceux-là, certains sont restés très connus et d’autres ne sont pas passés à la postérité
 
.Jugez-en vous-même par la liste des 18 académiciens qui l’ont précédé : Pierre Bardin, Nicolas Bourbon, François-Henri Salomon de Virelade, Philippe Quinault, François de Callières, André Hercule cardinal de Fleury, Paul d’Albert cardinal de Luynes, Jean-Pierre Claris de Florian, Jean-François Cailhava, Joseph Michaud, Pierre Flourens, Claude Bernard, Ernest Renan, Paul Challemel-Lacour, Gabriel Hanotaux, André Siegfried, Henry de Montherlant et Claude Lévi-Strauss.
 
Alors combien en connaissez-vous ?
 
La bonne idée de l’écrivain, ce n’est pas seulement de raconter leur vie, mais en même temps de nous raconter l’histoire de France. A travers des anecdotes savoureuses, le récit du parcours de tous ces hommes (pas de femme, la 1ère à y être élue sera Marguerite Yourcenar en 1980 au fauteuil n°3 !), nous parcourons les siècles. 


Avoir mêlé ces deux aspects en fait un livre passionnant et d’une grande érudition. D’abord, cela remet à la lumière des personnalités oubliées alors que certaines ont joué un rôle non négligeable, et puis cela en fait un roman historique où l’on apprend ou réapprend plein de choses, de l’Edit de Nantes en passant par la révolution, la Commune jusqu’au début de l’anesthésie en médecine.
Il s’y ajoute le plaisir de la langue classique très fluide d’Amin Maalouf.

 
J’ai bien aimé les titres des chapitres qui commencent tous par « celui qui ». Quelques exemples : « celui qui n’aimait écrire qu’en latin », « celui qui murmurait à l’oreille du roi », « celui qui n’aimait pas son prédécesseur » etc.

 
Entreprenant le rangement de romans anciens provenant de la bibliothèque de mon grand-père maternel,  j’y ai eu la surprise de voir apparaître certains titres cités dans l’ouvrage :  « les Bestiaires  » de Montherlant (que je ne lirai probablement pas car à la gloire de la tauromachie !), « Vie de Jésus » d’Ernest Renan qui fit scandale à l’époque car il avait osé appelé Jésus « un homme ».

 
Extrait « ... plutôt que de me laisser influencer par la gloire d’un Montherlant ou par l’obscurité d’un Cailhava, il fallait que je voie en chacun des titulaires successifs le témoin précieux et éphémère d’une histoire qui le dépasse, et nous dépasse tous. Une histoire en dix-huit segments, pourrait-on dire, ou une traversée des siècles en dix-huit étapes, chacun en compagnie d’un « promeneur » différent.
 
 
Bonne et belle lecture
 
PS Merci à Michelle de m’avoir prêté ce livre.

 

dimanche 13 novembre 2016

CINE /// LE CIEL ATTENDRA


LE CIEL ATTENDRA
DE MARIE-CASTILLE MENTION-SCHAAR

avec Sandrine Bonnaire, Noémie Merlant, Clotilde Courau, Naomie Amerger, Zinedine Soudem

Bonjour amis du cinéma,

Par ce film, nous suivons le parcours de deux jeunes filles prises dans les filets de la radicalisation djihadiste  via Internet. Deux jeunes filles, en quête d’idéal, vont se faire piéger.

Pour Sonia 17 ans, après un départ manqué pour la Syrie, vient le moment où sa famille se mobilise pour la sortir de son embrigadement. Issue d’une famille mixte (mère européenne, père d’origine arabe), elle rejette tout, voyant le diable partout. Autant le père est abasourdi, en colère et se sent impuissant, autant la mère jouée par Sandrine Bonnaire ne lâche pas.

Quant à Mélanie 16 ans, sans lien au départ avec l’Islam, ce sont les étapes progressives de la radicalisation qui commencent par une conversation anodine sur internet, le fait de tomber amoureuse de celui qu’elle appellera son « Prince », et de perdre au fur et à mesure toute autonomie de réflexion. Sa mère jouée par Clotilde Courau ne s’apercevra que trop tard de la situation.

Ce film, proche du documentaire par certains aspects, ne mise pas sur des histoires romancées mais sur la présentation le plus objective possible de ce qui se passe chez ces jeunes filles prêtes à tout abandonner pour aller en Syrie. Elles sont persuadées d’avoir enfin les yeux ouverts, l’esprit libre, la conscience du mal partout présent en Occident, alors qu’elles ont perdu toute liberté de discernement.

La détresse des parents est très bien montrée à travers des ateliers de paroles auxquels ils participent et qui sont animés par Dounia Boujar où elle joue son propre rôle de Directrice du CPDSI (Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’Islam).

La force de la réalisatrice, c’est de s’être appuyée sur de nombreux témoignages de jeunes, ce qui fait que le film sonne juste. C’est joué et présenté avec sobriété, ce qui en rend la réflexion plus pointue.

Le hasard fit que dans l’émission « Salut les terriens », nous vîmes le témoignage d’une jeune femme, Henda Ayari, ex salafiste, expliquant l’enfer que fut le sien pendant de nombreuses années, qu’elle raconte dans son livre « j’ai choisi d’être libre »

Un film qui fait réfléchir sur un sujet tragique.

Cinéphilement vôtre

vendredi 11 novembre 2016

LIVRE /// REPARER LES VIVANTS


REPARER LES VIVANTS
MAYLIS DE KERANGAL



Cela faisait un moment que ce roman m’avait été recommandé par une lectrice avertie. Le titre figurait sur ma LAL (liste « à lire ») qui a la fâcheuse tendance à s’allonger au fur et à mesure des émissions de la Grande Librairie. Comment faudrait-il faire pour  lire tout ce qu’on s’est promis de lire absolument ?

Et puis, un passage dans une librairie, et comme souvent, je suis ressorti avec un roman autre que celui pour lequel j’étais rentré.  Mais c’est bien cela la magie de ce type d’endroit merveilleux, ces lieux indispensables de vie et propices aux rencontres.
 

 « Réparer les vivants », en le résumant très brièvement et de façon incomplète, l’on pourrait dire que c’est le roman d’une transplantation cardiaque mais ce ne serait pas suffisant.

Simon Limbes, jeune garçon dynamique d’à peine 20 ans, fana de surf, a un très grave accident de voiture. Transporté en urgence à l’hôpital, il est très rapidement déclaré en état de mort cérébral.
 

 Mais son cœur continue à battre, l'auteur précisant « l’arrêt du cœur n’est plus le signe de la mort, c’est désormais l’abolition des fonctions cérébrales qui l’atteste. En d’autres termes : si je ne pense plus alors je ne suis plus. » 

La course à la montre commence alors pour l’équipe médicale et il faut d’abord l’autorisation de la famille. 

 Nous sommes alors plongés dans le chagrin des parents, Marianne et Sean, qui perdent un enfant. Ils vont devoir prendre très rapidement une décision grave :accepter ou non le don d’organes ! La force de l'auteur, c'est de ne pas raconter que ce drame car le pathos l'aurait emporté et la lecture en aurait été trop éprouvante, difficile, voire insoutenable. 

Maylis de Kerangal nous fait vivre aussi avec d’autres personnages, ce qui nous permet de ne pas rester uniquement dans la douleur des proches et de reprendre notre souffle  : Revol, le médecin en réanimation, Thomas l’infirmier, Claire en attente d’un cœur pour remplacer le sien pouvant rompre à tout moment, Lou la petite sœur, Juliette la petite amie et bien d’autres de l’équipe médicale.
Pour servir ce récit de vingt quatre heures, l'auteur utilise de très longues phrases aux mots justes, servies par une ponctuation permettant de respirer, tel ce cœur qui va sauver une autre vie.
J'avoue  simplement avoir été gêné parfois par l'utilisation de mots anglais en début de récit pour parler du surf.
 

 Un livre qui fait réfléchir sur la vie, le don d’organes, le travail des équipes médicales, un livre qui ne s’oublie pas. Un sujet difficile !

J’ai appris pendant ma lecture qu’une adaptation cinématographie venait d’en être faite par Katell Quillévéri avec entre autres Emmanuelle Seigner, Tahar Rahim, Anne Dorval, Bouli Lanners et Kool Shen. 

 Bonne et belle lecture

JC Togrège 
11/11/2016

Ajout du 08/11/2018 : Nous venons de voir le DVD et ce fut un grand moment de cinéma. C'est très bien filmé, joué avec sensibilité et intelligence au service d'un sujet difficile. 



 

LIVRE /// LE LIVRE DES BALTIMORE DE JOEL DICKER


LE LIVRE DES BALTIMORE
JOEL DICKER

 
Si vous avez aimé "La vérité sur l'affaire Harry Quebert", alors vous aimerez aussi "Le livre des Baltimore. L'on y retrouve le sens du récit de Joël Dicker et son aptitude à nous "capter" totalement, jusqu'à la connaissance du fameux Drame sans cesse évoqué mais dévoilé seulement à la fin.

Les personnages prennent vie, c'est comme si nous les connaissions réellement ! 

Nous voilà de nouveau prisonniers, tout entier à tourner les pages les unes après les autres pour connaître ce fameux Drame, toujours écrit avec un D majuscule.
 

Marcus Goldman, le héros de la Vérité sur l'affaire Harry Quebert, se lance dans l'écriture d'un livre sur sa famille composée de deux "entités" : les Goldman de Baltimore à la réussite éclatante et les Goldman de Montclair représentatifs de la classe moyenne.
 

Le livre est découpé en 4 parties : 

- le livre de la jeunesse perdue (1989-1997)
- le livre de la fraternité perdue (1998-2001)
- le livre des Goldman (1960-1989)
- le livre du Drame (2002-2004)
- le livre de la réparation (2004-2012)

 J'y ai vu le récit d'une incroyable amitié entre trois garçons se nommant le gang des Goldman auquel s'adjoindra Alexandra. Elle deviendra la "fille de la bande" avec tout ce que cela suppose. Cet aspect, je vous le concède, on l'a déjà largement vu. Mais ce n'est qu'un aspect de l'histoire qui d'ailleurs est passionnant, avec la particularité du rôle joué par le chien d'Alexandra.

Bien que le roman précédent soit  à mon sens plus fort, je recommande également celui-ci pour son pouvoir d'évasion et le style de l'auteur.

Ci-dessous deux extraits qui sont comme une réponse de l'un à l'autre quoique situés dans des chapitres différents :

 « Dans vingt ans, les gens ne liront plus. C'est comme ça. Ils seront trop occupés à faire les zozos sur leurs téléphones portables. Vous savez Goldman, l'édition c'est fini. Les enfants de vos enfants regarderont les livres avec la même curiosité que nous regardons les hiéroglyphes des égyptiens. Ils vous diront :"Grand-père, à quoi servaient les livres?" Et vous leur répondrez : " A rêver. Ou à couper les arbres, je ne sais plus." A ce moment-là, il sera trop tard pour se réveiller : la débilité de l’humanité aura atteint son seuil critique et nous nous entretuerons à cause de notre bêtise congénitale (ce qui d’ailleurs est déjà plus ou moins le cas). L’avenir n’est plus dans les livres, Goldman. »

 « Pourquoi j’écris ? Parce que les livres sont plus forts que la vie. Ils en sont la plus belle des revanches. Ils sont les témoins de l’inviolable muraille de notre esprit, de l’imprenable forteresse de notre mémoire »

 Bonne et belle lecture.


jeudi 10 novembre 2016

CINE /// MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS


MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS
DE TIM BURTON


Avec : Eva Green, Asa Butterfield, Samuel L. Jackson, Judi Dench, Rupert Everett etc.

Il était une fois !
Voilà ce qui me vient à l’esprit en pensant à ce nouveau film de Tim Burton.
Si cette phrase « Il était une fois » éveille en vous un souvenir d’enfance, une histoire contée par un parent, une envie de merveilleux, de fable, c’est qu’il vous reste suffisamment de votre âme d’enfant pour embarquer pour ce monde où officie Miss Peregrine (formidable ce personnage !) en protectrice d’ « Enfants Particuliers ».
Jacob a eu la chance d’avoir un grand-père qui lui racontait des histoires extraordinaires qu’il a d’abord pris pour la réalité car c’est ainsi que cela lui était présenté. Puis, grandissant, il a considéré que tout cela n’était que de jolis contes admirablement racontés. Quand son grand-père auquel il est très attaché meurt, il se rend en compagnie de son père dans l’île qui était le lieu de tous ces récits qui l’avaient enchanté...
C’est alors que Tim Burton nous prend par la main pour nous raconter une histoire où interviennent des Sépulcreux se nourrissant d’yeux, des Ombrunes (les protectrices des enfants), des boucles temporelles. Et puis, surtout,  il y a ces « Enfants Particuliers » qui ont chacun un pouvoir les obligeant à vivre à l’écart de la société. Ce ne sont pas des super héros en tant que tels, loin de là.
Nous en prenons plein les yeux et l’imaginaire car c’est une histoire qui tient debout. Ce monde impossible mais crédible nous fait  redevenir des petits enfants qui écarquillent les yeux au fil des pages du conte.
J’ai appris depuis que c’est une adaptation d’un roman à succès de de Ranson Riggs, auteur américain de fantasy.
 C’est visuellement très beau avec des effets spéciaux très réussis, de très belles couleurs, des séquences poétiques, des méchants cruels, le tout patiné de tout l’art du grand réalisateur.
Deux heures de merveilleux, cela fait un bien fou !

Cinéphilement vôtre

MUSIQUE /// FRANCIS CABREL EN CONCERT AU MILLESIUM D'EPERNAY


Concert du samedi 5 novembre 2016

 
Nous étions au dernier concert de la tournée de Francis Cabrel au Millésium à Epernay ce samedi 5 novembre 2016, et ce fut un très beau moment pour les 3000 spectateurs présents.
Pendant deux heures, nous avons pu constater le nombre impressionnant de belles chansons qu'il a écrites, dont 6 de son dernier album, avec des textes qui sonnent "beaux" et "justes". 
 C'est un artisan de la chanson française très exigeant, un polisseur de mots, il ne nous livre ses chansons qu'une fois qu'il en est entièrement satisfait, la différence est là. Depuis ses débuts, son écriture s'est affirmée et sensiblement poétisée. Sa voix est également davantage posée et agréable.
Il se dégage même de son tour de chant un humanisme profond, qui correspond bien à cet artiste chaleureux.
Cela fait des décennies qu’il proclame bien haut que l'essentiel c'est l'amour, que nous sommes tous des hommes pareils et peu importe la couleur de la peau. Il chante ce monde polychrome et ce besoin d'amour universel, tout en s'interrogeant sur la bêtise du monde.

Est-ce que ce monde est sérieux ? s’interroge t-il dans "Corrida" ?
Il a su habilement alterner les ballades intimistes (très jolie version de "Petite Marie" voix, guitare et accordéon) , parfois seul à la guitare, avec ses titres plus blues entourés d'une belle formation et de quatre choristes.
Son public ne s'y est pas trompé en l'ovationnant lors de plusieurs rappels.
Voici un chanteur qui se bonifie avec le temps et qui sait nous parler.

Musicalement vôtre