vendredi 28 avril 2017

BILLET D'HUMEUR /// LA JOLIE PETITE PHRASE DU MATIN

LA JOLIE PETITE PHRASE DU MATIN
 

Il faudrait chaque matin avoir une jolie petite phrase ou une jolie rime à se mettre sous la dent, de ces mots si bien assortis et poétisés que l'on aime à se les répéter. Ce serait notre petite saveur indispensable au lever, une façon de faire le plein de beauté avant de se confronter au monde et à une nouvelle journée.

Prenons l'un de ces livres qui restent à portée de main, de ces livres-amis qui se picorent à petites doses de temps à autre, qui mêlent poésie et sagesse, et que l'on prend plaisir à retrouver avec l'assurance d'un réconfort.

"Car c'est dans la rosée des petites choses que le cœur trouve son matin et se rafraîchit". Cette jolie phrase extraite du "Prophète" de Kahlil Gibran se suffit bien à elle-même.
 Allez-y, dites-la à haute voix et vous verrez tout le bien qu'elle peut vous faire !

Par ces mots, notre esprit est piqué, interpellé.
Par ces mots si bien assemblés, notre soif de beauté est contentée.

Cela équivaut au chantonnement d'une mélodie aimée, c'est commencer la matinée le sourire aux lèvres, empli d'espoir, l'âme aérienne.

Ne faudrait-il pas aussi, en se réveillant, se rappeler également ce vers de Victor Hugo :"Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre." ?

Ensuite la journée sera ce qu'elle peut être mais nous l'aurons abordée sous des auspices favorables.

Il faudrait chaque soir avoir une jolie phrase ou une jolie rime à se mettre sous la dent, afin de s'endormir bercé par la grâce des mots...

JC Togrège
28/04/2017 (version 2)

mardi 18 avril 2017

LIVRE /// CE QUE JE SAIS DE VERA CANDIDA - VERONIQUE OVALDE -

CE QUE JE SAIS DE VERA CANDIDA
 
VERONIQUE OVALDE
 

Dans un pays imaginaire d'Amérique du Sud, nous suivons la destinée de trois femmes d'une même famille : Rose (la grand-mère), Violette (la fille) et Vera Candida (la petite(fille). Toutes les trois aurons une fille "sans père", comme si c'était une prédestination pour cette famille. 

Ces femmes se débattent dans un monde violent où les hommes sont souvent présentés comme des agresseurs, des oppresseurs sûr de leurs droits à l'égard des femmes.

Pour rompre ce "mauvais sort" qui semble s'acharner sur sa lignée, Vera Candida fuira très jeune son île (Vatapuna, lieu inventé)  pour la grande ville. L'on y suit alors sa lutte pour s'élever et vivre dignement avec sa fille.

L'on retrouve dans ce livre les caractéristiques du style de Véronique Ovaldé : des chapitres courts, rythmés et colorés, des dialogues inclus dans les phrases qui s'allongent de fait.

Je déplore quelques facilités avec des termes crus que je ne trouve pas vraiment nécessaires.

Néanmoins, il est indéniable que l''on s'attache à ces portraits de femmes et au récit, même si dés le début on apprend que Vera Candida est atteinte d'une maladie incurable.


Extrait :

Quand on lui apprend qu'elle va mourir dans six mois, Vera Candida abandonne tout pour retourner à Vatapuna.
Elle sait qu'il lui faut retrouver la petite cabane au bord de la mer, s'asseoir sur un tabouret dehors et respirer l'odeur des jacarandas mêlée à celle, plus intime, plus vivante, si vivante qu'on en sent déjà pondre la fin, celle pourrissante et douce de l'iode qui sature l'atmosphère de Vatapuna. Elle se voit déjà, les chevilles sur le bord d'une caisse, les mains croisées sur le ventre, le dos si étroitement collé aux planches qu'il épousera la moindre écharde, le moindre nœud, le plus infime des poinçons des termites géantes."

Bonne et belle lecture

JC Togrège
18/04/2017

samedi 15 avril 2017

LIVRE /// LE NOUVEAU NOM - L'amie prodigieuse 2 - ELENA FERRANTE /// Une grande saga romanesque italienne

 
LE NOUVEAU NOM - L'amie prodigieuse - 2 -
ELENA FERRANTE
 

Dans le tome 2 de cette saga romanesque, nous retrouvons Elena et Lila, les deux amies aux rapports compliqués, mêlés de connivence parfois, de rivalité souvent, d'indifférence jamais.

Après leur enfance dans les années 50, c'est maintenant leur jeunesse dans les années 60 en Italie.

Leurs parcours se séparent, prenant des directions diamétralement opposées.

Lila s'est mariée très jeune (16 ans), est devenue riche par son mari qu'elle n'aime pas et dont elle doit supporter les "corrections". La société machiste de l'époque semblait bien tolérer cela ! Qu'importe, elle continue à n'en faire qu'à sa tête, cherchant sa voie.

Elena poursuit ses études et découvre un environnement complétement autre que celui de ses origines. La petite fille pauvre demeure tapie en elle;  elle se trouve décalée, intruse mimant des codes pour être acceptée, souvent prise de doutes.

Parfois, elles s'éloignent mais toujours en prenant indirectement des nouvelles de l'autre, puis elles se retrouvent. Elles vivent des expériences différentes mais sont toujours comme rattachées l'une à l'autre, se demandant si l'autre fait mieux ou aurait fait mieux.

Entre les deux amies, il y a toujours un rapport de forces, dominé/dominant, les rôles s'inversant de temps à autre.

Encore une fois, Elena Ferrante sait inventer des histoires, rendre attachants ses personnages, le tout s'inscrivant dans le contexte social et politique des années 60.

C'est une époque qui nous semble à la fois lointaine et proche, l'on y mesure l'évolution de la société.

 Extrait :

"Cette soirée marqua le début d'une longue et difficile période qui déboucha sur notre première rupture et sur une longue séparation.
J'eus du mal à me remettre de cet épisode. Il y avait déjà eu auparavant toutes sortes de tensions entre nous, son insatisfaction et son besoin de domination n'avaient jamais cessé de causer des problèmes. Mais jamais, au grand jamais, elle ne s'était appliquée à m'humilier aussi clairement. Je renonçai )à mes visites à l'épicerie. Bien qu'elle ait payé mes manuels scolaires et que nous ayons fait ce pari, je n'allai pas lui annoncer que je passais avec des huit partout et deux neuf. Dès l'année scolaire achevée, je commençai à travailler dans une librairie de la Via Mezzocannone et je disparus du quartier sans prévenir. Au lieu de s'atténuer, le souvenir du ton sarcastique qu'elle avait employée ce soir-là ne fit que croître, et ma rancœur se fit plus vive. Il me sembla que rien ne pouvait justifier ce qu'elle m'avait fait. Il ne me vint jamais à l'esprit, comme cela s'était produit en d'autres occasions, qu'elle avait éprouvé la nécessité de m'humilier afin de mieux supporter sa propre humiliation."

Bonne et belle lecture

JC Togrège
15/04/2017

PS Le tome 1 avait l'objet d'une chronique le 9 février 2017.

PS 17/01/2018 : Je m'aperçois que je n'ai pas envie de lire les volumes suivants.

lundi 10 avril 2017

CINE /// CORPORATE DE NICOLAS SILHOL /// Un film que tout responsable RH et manager devrait avoir vu !

CORPORATE
DE NICOLAS SILHOL
 

Avec Céline Sallette, Lambert Wilson, Stéphane de Groodt, Violaine Fumeau

Un film sur la maltraitance au travail, tiens, tiens, cela me dit quelque chose ...

Certes, l'on pense au cas extrême de France Télécom et  ses dizaines de suicidés (35 en  2008 et 2009) mais le mal est bien plus grand que cela. Combien d'entreprises mettent en place des plans de restructuration qui écrasent l'individu et le plonge dans la dépression ! Il y a ceux qui ont la chance d'avoir un appui familial solide et qui passent le cap et ceux qui sont seuls et qui plongent.

Combien de salariés doivent faire face à des méthodes de management déshumanisées et proches de la manipulation ?

Tout cela bien sûr au service de la sacro-sainte "rentabilité" !

Emilie Tesson-Hansen est une responsable RH, du style "tueuse" qui a été embauchée pour faire du vide. Elle est cynique et entièrement dévouée à sa mission. Elle considère qu'elle fait bien son travail, alors pas d'état d'âme à avoir jusqu'à ce que l'un de ses collaborateurs se suicide sur son lieu de travail. Pour la Direction, le mot d'ordre c'est d'éviter que la responsabilité de l'entreprise soit engagée.

Une enquête est menée et cela prend la forme d'un thriller social glaçant qui dénonce les dérives managériales actuelles.

Jusqu'où est-il moralement acceptable d'aller sous le prétexte de "bien faire son job" ?
A quel moment faut-il s'insurger ? Jusqu'où peut mener l'esprit "Corporate" ? Comment concilier son éthique personnelle avec une stratégie d'entreprise broyant l'humain ?

Voilà quelques unes des questions posées par "Corporate". Il faut croire qu'elles sont gênantes car je n'ai guère entendu parler de ce film.

Quant à la distribution des rôles, elle est parfaite. Céline Sallette incarne brillamment cette responsable RH implacable, ambitieuse et froide, Lambert Wilson est excellent dans ce "boss" sans aucun scrupules et manipulateur, sans oublier l'inspectrice du travail jouée par Violaine Fumeau.

Et puis c'est aussi le chemin d'une rédemption, celui de quelqu'un qui s'aperçoit avoir fait fausse route.

Un film  que tout responsable RH et manager devrait avoir vu.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
10/04/2017


lundi 3 avril 2017

LIVRE /// LA MEMOIRE N'EN FAIT QU'A SA TETE - BERNARD PIVOT /// Toujours aussi facétieux !

LA MEMOIRE N'EN FAIT QU'A SA TETE
BERNARD PIVOT

 
Tout admirateur de Bernard Pivot aura plaisir à lire son nouveau lire où l'on y retrouve son esprit pétillant et malicieux, celui d'un homme libre et amoureux de la vie. Par petites bribes, dans la continuité des "Mots de ma vie" mais sous une forme différente, il se livre un peu plus à nous.
 
Comme le mentionne le titre, au gré de sa mémoire activée par une phrase, un souvenir, un parfum,il nous raconte différentes étapes de sa vie, liées ou  non aux livres, et ce sans aucun ordre chronologique. C'est un pêle-mêle savoureux, où il nous parle d'écrivains, de souvenirs de ses émissions, de ses rencontres, de sa façon de voir la vie, de ses passions. 
 
Il s'agit de petits chapitres courts qui sont assez souvent ouverts par la citation d'un écrivain, mais pas toujours. C'est comme il a envie, et c'est très bien ainsi ! J'avoue une préférence pour ceux qu'il consacre aux écrivains et à langue française, notamment lorsqu'il prend la défense de l'accent circonflexe qu'une réforme absurde veut mettre à mal.
 
En lisant un article lui étant consacré dans la presse, je m'aperçois qu'il va bientôt avoir 82 ans. Certes, comme tout familier que l'on côtoie, l'on ne voit pas le temps laisser ses marques, mais bigre c'est qu'il  ne fait pas son âge l'ami Pivot tant physiquement que par son esprit toujours aussi alerte !
 
 Il ne m'est jamais venu à l'esprit en lisant ce livre qu'il était celui d'un octogénaire. D'ailleurs ce mot ne colle pas avec le personnage qui a conservé les enthousiasmes et l'anticonformisme de la jeunesse.
 
Vieillir ainsi, j'y souscris sans aucune réserve.
Rêvons un peu et disons-nous que la lecture conserve...
 
Extraits :
 
" Plus on supprimera d'accents circonflexes, plus on retirera de grâce zéphyrienne à notre langue. Plus on supprimera de traits d'union, plus on la rendra compacte et conventionnelle.
Les accents, les trémas, les apostrophes, les cédilles, les traits d'union sont au français ce que sont à la mode les rubans, les zips, les ceintures, les bracelets, les colliers, les broches. Ce ne sont que des accessoires, des pièces additionnelles mais à la beauté de l'ensemble ils ajoutent des variantes nécessaires et des touches de fantaisie à quoi l'on reconnaît une langue ou une collection."


" Croire qu'une lettre joliment tournée touchera le cœur de la cible, c'est au fond croire à la littérature. C'est la doter de pouvoirs rationnels ou magiques. C'est être convaincu qu'elle est capable de changer le lecteur."
 
Bonnes et belles lectures
 
JC Togrège
03/04/2017