dimanche 30 septembre 2018

POESIE /// CHRISTIAN BOBIN : un auteur touché par la grâce

NOIRECLAIRE
CHRISTIAN BOBIN



Christian Bobin a été touché par la grâce !

Cet homme parle et écrit "poésie" avec un naturel confondant. Que ce soit en interview ou en lisant ses livres, il a cette faculté de dire le monde d'une autre façon que le commun des mortels. Avec lui les mots résonnent plus fort, plus beau et plus haut ; il est captivant.

Nous ne sommes pas avec cet auteur dans des textes abscons où il faut se prendre la tête pour essayer d'y entrevoir quelque chose. Il exprime dans un langage limpide et beau la vie. Il ne prend jamais la posture du grand poète posé sur un piédestal.

C'est comme cela, cet homme n'écrit pas spécifiquement de la poésie, il s'exprime poétiquement et en fait de beaux livres qui nous élèvent.




Dans "Noireclaire, il écrit de la poésie pour une femme aimée morte depuis déjà 20 ans, comme il l'avait fait 15 ans après dans "Carnet du soleil"

Ne pensez-pas que ce soit morbide ou déprimant de tristesse, c'est simplement touchant et beau. Cela nous rappelle que nos morts sont toujours en nous.

C'est une communication avec un être tant aimé que même la mort ne peut pas couper le lien qui les unissait.

Voilà le type de livres qu'on pose sur sa table de nuit et qu'on reprend de temps à autre pour en lire quelques phrases et les faire tourner dans sa tête. La nuit n'en est alors que plus jolie...

Extraits :

"Je sens mon visage s'éclairer comme si le livre sur lequel je me penche était une bougie".

"Le livre que tu m'avais prêté, si je le perdais, je verrais encore tes mains serrant ce morceau de feu pour te garder du froid du monde"

"C'est si beau ta façon de revenir du passé, d'enlever une brique au mur du temps et de montrer par l'ouverture un sourire léger".


Ajout 21/09/2019

La nuit du cœur : Christian Bobin se trouve dans un hôtel à Conques et il regarde l'abbaye du XIème siècle. C 'est "beau comme du Bobin", profond et léger, parfois hermétique mais toujours poétique.


Ajout du 13/08/2020 

Un bruit de balançoire : Des lettres écrites à sa mère, au nuage, au coucou, à un ami, un bol etc. à l'ombre du moine-ermite Ryoka. Excellement poétique comme toujours…



Bon voyage en Poésie !

JC Togrège
30/09/2018


jeudi 20 septembre 2018

LIVRE /// LE MONDE SELON GARP - JOHN IRVING

LE MONDE SELON GARP
JOHN IRVING


John Irving ayant été l'invité de "La Grande Librairie" pour les 40 ans de son roman "Le monde selon Garp", je publie la chronique que j'avais écrite en 2012.

Bonnes et belles lectures

20/09/2018
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Le résumé de la 4ème de couverture me semble assez alléchant pour vous la retranscrire, même s’il est forcément restrictif tant ce roman est dense.

« Jenny Fields ne veut pas d’homme dans sa vie, mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d’écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers, dominé par les femmes, la violence des hommes n’est jamais loin... Un livre culte, à l’imagination débridée, facétieuse satire de notre monde »

Garp est le fruit d’une infirmière qui « a fait un bébé toute seule », et ce d’une manière fort originale qu’il serait dommage de vous dévoiler et qui n'a rien à voir avec l'insémination artificielle. Il est vrai que cette conception se passe en 1942.






Garp, c’est un écrivain dont on nous raconte la vie, ses difficultés d’écriture, ses bonheurs, ses doutes et aussi ses bonheurs.

 Garp, c’est un père et un mari qui redoute le « crapaud du ressac », jolie métaphore du malheur qui rôde toujours prêt à détruire ou abîmer  les êtres aimés.  Métaphore issue d’une incompréhension de vocabulaire d’un de ses jeunes enfants.

 Ce livre, c’est aussi un gros roman où se mêlent l’humour, le cocasse, le tragique, tout ce qui gravite dans une vie ; c’est une imagination formidable avec un sens du récit, des chutes, des rebondissements, des larmes, du rire. Ce sont des personnages dont on suit l'évolution sur des décennies.

 C’est une histoire captivante, qui fait nous réveiller à 4 h du matin pour en relire encore un petit passage,  puis éteindre en se disant avec bonheur qu’on est encore loin de la fin.

 Et puis, ce sont aussi de nombreux thèmes abordés : la concupiscence, la sexualité, le couple, la famille, la déchirure de la mort, le féminisme, l’extrémisme, les peurs d’un père.

Ce roman n’est pas tout neuf puisqu’il fut publié en 1978, mais jusqu’à très récemment, je ne connaissais pas John Irving, ce grand auteur américain.

 Je vous souhaite de belles lectures.

05/02/2012


 

jeudi 13 septembre 2018

LES VIEUX FOURNEAUX - Une comédie française sympatoche -

LES VIEUX FOURNEAUX
CHRISTOPHE DUTHURON
 

avec Pierre Richard, Eddy Mitchell, Roland Giraud, Alice Pol, Henri Guybet, Myriam Boyer

Cette chronique en surprendra certains d'entre vous tant il est rare que j'aille voir une comédie française au cinéma. Il est vrai que je n'étais pas à l'origine du choix et que craignais un film un peu lourdingue.

Eh bien, surprise agréable car c'est un film bien sympatoche.

Cela me fit penser à un vieux film des années 60 de Gilles Grangier qui avait réuni à l'affiche des acteurs ayant de la bouteille dans "les Vieux de la vieille". L'on y trouvait Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël qui y jouaient les vieux affreux non résignés avec l'âge.

C'est un peu le même principe avec l'histoire des trois copains joués par Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud. La comparaison s'arrête là.



Pierre Richard, d'un dynamisme octogénaire incroyable, joue un vieil anar en révolte contre le monde capitaliste, Roland Giraud ancien syndicaliste part à la recherche de l'amant de sa femme avec 50 ans de retard et Eddy Mitchell  est résident d'une maison de retraite. En compagnie d'Alice Pol, qui apporte de la fraîcheur au film, le périple pour retrouver l'amant de Lucette commence.

C'est l'adaptation d'une bande dessinée de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet dont je ne saurais dire si elle est fidèle à l'esprit des auteurs ne l'ayant pas lue. Je réparerai cet oubli prochainement.

Les acteurs y sont bons, sans oublier Henri Guybet qu'il est plaisant  de revoir dans ce rôle de vieux gâteux. L'introduction des marionnettes apporte aussi une jolie touche de fantaisie au récit.

La musique en grande partie jazz est agréable et sert bien le film.

Ceux qui restent jusqu'au bout du générique (c'est à dire presque personne) auront pu reconnaître un clin d'œil musical aux films de Pierre Richard des années 70.

Une comédie qui se regarde avec plaisir.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
13/09/2018






mercredi 5 septembre 2018

LIVRE /// LA TRILOGIE VERHOEVEN DE PIERRE LEMAITRE : attention cet auteur est dangereux...

LA TRILOGIE VERHOEVEN
PIERRE LEMAITRE



Attention, Pierre Lemaitre est un individu très dangereux !

Ouvrez un de ces livres et vous serez perdus !

Il fera main basse sur votre agenda, déplaçant vos rendez-vous, vous faisant mettre de côté le dossier urgent, rognant sur votre temps de sommeil, vous faisant même oublier votre Smartphone, enfin il n'en fera qu'à sa guise.

Avec lui, vous n'entendrez plus le téléphone sonner ni votre conjoint vous appeler (oui, il peut même provoquer des conflits de couple, c'est vous dire !),vous serez happés par son histoire et vous apprendrez à décliner le verbe procrastiner pour tout le reste.

Bon vous voilà prévenus !



Comme nombre de lecteurs, j'ai découvert et apprécié Pierre Lemaitre avec son prix Goncourt pour le livre "Au revoir là-haut", tout surpris d'apprendre qu'il avait commencé par écrire des thrillers.

Nous sommes ici dans les thrillers de haute gamme, bien écrits, aux intrigues hors normes et à rebondissements, parsemés parfois de scènes un peu gores. Vous croyez lire une histoire et hop, un virage à 90 degrés, et tout change. Vous aviez pensé connaître un personnage et voilà  que sa personnalité se révèle différente. Bref, c'est du grand art !

Je vous conseille de lire les romans de la "trilogie Verhoeven" dans l'ordre de parution : "Travail soigné", "Alex" et "Sacrifices" afin de mieux comprendre les comportements et réactions des personnages à partir de ce qu'ils ont déjà vécu.

Vous y retrouverez Camille Verhoeven, commandant à la brigade criminelle  (personnage atypique de 1,45 m) et son équipe. Il y a Louis (plein aux as et toujours très bien habillé), Armand (le pingre maladif) et Maleval (jeune flic flambeur et séducteur), sans oublier le supérieur de Verhoeven, Le Guen dont il est le témoin de ses mariages successifs.

Outre la qualité des enquêtes, j'ai apprécié l'épaisseur psychologique des personnages, tout cela porté par une écriture qui a un sacré souffle.





Extrait :" Un événement est considéré comme décisif lorsqu'il désaxe totalement votre vie. C'est ce que Camille Verhoeven a lu, quelques mois plus tôt, dans un article sur "l'accélération de l'histoire". Cet événement décisif, saisissant, inattendu, capable d'électriser votre système nerveux, vous le distinguez immédiatement de tous les autres accidents de l'existence parce qu'il est moteur d'une énergie, d'une densité spécifiques : dès qu'il survient, vous savez que ses conséquences vont avoir pour vous des proportions gigantesques, que ce qui vous arrive là est irréversible.
Par exemple, trois décharges de fusil à pompe sur la femme que vous aimez."

Bonnes et belles lectures
 


JC Togrège
05/09/2018