dimanche 28 octobre 2018

LIVRE /// LA VRAIE VIE - ADELINE DIEUDONNE : un premier roman sombre très réussi

LA VRAIE VIE
ALICE DIEUDONNE



J'ai lu ce roman d'une traite, aimanté par un récit sombre et âpre mais toutefois éclairé par l'amour d'une sœur pour son frère.

Alors, la "vraie vie", et si ce n'était pas celle vécue avec un drame qui a fait tout chavirer mais celle à vivre en remontant le temps ?

Voilà le défi que se fixe la jeune narratrice de 10 ans pour sortir son frère Gilles de son quasi coma affectif : faire sortir la hyène qui a envahi l'esprit de son petit frère pour revenir à la journée d'avant le drame et poursuivre le chemin qui aurait dû être, un chemin de complicité et de connivence.

Ce but, c'est ce qu'il lui faut pour oublier ce père brutal, cette mère-amibe brutalisée, cette pièce pleine d'animaux empaillés  et un lotissement sans charme ! Alors si cela doit passer par la connaissance scientifique, elle se jettera dans l'étude de façon forcenée.


Pour un premier roman, c'est une réussite où l'analyse sociologique et l'idée de remonter le temps se mêlent l'un à l'autre de façon intelligente et réaliste. L'on ne bascule pas dans le fantastique, c'est juste une idée d'enfant, une idée fixe, une idée folle pour retrouver le petit frère qu'elle aime.

C'est tout de même un livre à déconseiller un jour de spleen quoique ...

Et si au final les rêves étaient plus forts que le quotidien, que la grisaille, que les drames ? 

Extrait : "A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres.
Des daguets, des sangliers, des cerfs. Et puis des têtes d'antilopes, de toutes les sortes et de toutes les tailles, springboks, impalas, gnous, oryx, kobus...

Quelques zèbres amputés du corps. Sur une estrade, un lion entier, les crocs serrés autour du cou d'une petite gazelle.
Et dans un coin, il y avait la hyène.
Tout empaillée qu'elle était, elle vivait, j'en étais certaine, et elle se délectait de l'effroi qu'elle provoquait dans chaque regard qui rencontrait le sien.



Bonnes et belles lectures

JC Togrège
28/10/2018




CINE /// CAPHARNAUM DE NADINE LABAKI : Un film qui est tout sauf anodin !

CAPHARNAÜM
NADINE LABAKI

avec Zain Al Rafela, Yordanos Shiferaw

Voilà un film qui est tout sauf anodin, comme une grande gifle qui nous montre la pauvreté dans ce qu'elle a de plus terrible en pulvérisant l'enfance.

Zain est un enfant réfugié qui vit au Liban dans le faubourg de Beyrouth. Le logement de sa famille est misérable, sordide et étroit.

L'on ne sait même pas son âge réel (autour de 12 ans ?), ses parents ne se rappelant pas sa date de naissance. Il est plus petit que la moyenne, la malnutrition n'y étant sans doute pas étrangère.

Nulle lueur de joie pour lui au sein de sa famille si ce n'est son attachement pour sa sœur de 11 ans pour qui il craint un mariage forcé.


 
L'on ne le voit pas sourire (sauf une fois, de façon éclatante et je ne vous dirai pas quand !), car chaque jour est une lutte pour survivre. Il est toujours en quête de petits boulots, de petites arnaques, de nourriture, de lieu pour dormir, tout cela parmi l'indifférence de la foule. Rappelons nous que le Liban est le pays qui a le plus de réfugiés fuyant une Syrie en guerre.

Comment sourire dans ces conditions ?

Pour résister, il a ses petites armes à lui composées d'un regard buté, d'une grossièreté exagérée et d'une énergie incroyable. Il croisera le destin d'une Éthiopienne sans papier et de son bébé Yonas avec lequel il trouvera une complicité dans une errance bien compliquée.

Nadine Labaki aborde avec réalisme et efficacité le drame de l'enfance maltraitée et de la pauvreté extrême. Elle a su éviter le mélodrame, la justesse de jeu du jeune Zaïn n'y étant sans doute pas pour rien. Quand l'on sait qu'il a pratiquement joué son rôle, l'on ne peut que saluer son courage.

Un film qui interpelle, qui fait réfléchir et qui laisse une trace en nous, le contraire du ciné-kleenex !

"Capharnaüm" a obtenu le prix du jury 2018 à Cannes

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
28/10/2018





mercredi 24 octobre 2018

LIVRE /// AU PLAISIR DE DIEU - JEAN D'ORMESSON : un joli titre pour un récit foisonnant !

AU PLAISIR DE DIEU
JEAN D'ORMESSON



" Au plaisir de Dieu", joli titre non ?

De ces titres sur lesquels l'on peut s’appesantir avant d'entrer dans le récit, tant chacun peut y laisser courir son imagination.

C'est en soi une réussite d' accaparer ainsi l'attention par quelques mots si bien associés. De suite, nous voilà intrigués, comme par la vue d'un beau plat.

En réalité, il s'agit de la devise d'une vieille famille aristocratique.

Le roman étant à la hauteur du titre, c'est un livre qu'il est plaisant de lire à haute voix (ce que j'ai fait pour partie) pour en apprécier la qualité de l'écriture.




  Curieusement, en le commençant,  j'avais l'impression d'entendre la voix et le phrasé si caractéristiques de Jean d'Ormesson, homme cultivé qui parlait si bien notre langue.
 
"Je suis né dans un monde qui regardait en arrière".

Cette première phrase courte exprime de façon épatante l'histoire de cette famille... Eh oui, je cède à la facilité, sous la forme d'un clin d’œil bien appuyé, en utilisant ce mot si souvent utilisé par Jean d'Ormesson dans les interviews.

Cette lignée aristocratique traverse les siècles dans le culte de la famille, de Dieu et du domaine à Plessis-les-Vautreuil jusqu'au XXe siècle où elle sera fracassée par des temps à l'opposé de ses valeurs. 

Ce roman est foisonnant et passionnant car nous faisant partir de l’aïeul fondateur (Eléazar 1073/1160) jusqu'à des personnages contemporains. Tous les épisodes de l'histoire y sont abordés : la fin des privilèges, les rapports maîtres-serviteurs, la montée de la bourgeoisie, l'affaire Dreyfus, le capitalisme, la guerre, le socialisme etc.

Il est si dense qu'il est impossible d'en faire un résumé en quelques lignes, et d'ailleurs ce serait vous en gâcher le plaisir. J'ajouterai simplement que j'y ai mis de nombreuses croix au crayon, c'est un signe...


Extrait : "Ah ne quittons pas tout de suite, voulez-vous ? l'écrasement de l'été à Plessis-les-Vaudreuil! Que j'écoute, une fois de plus, derrière mes persiennes mi-closes, les éblouissements du soleil sur les parterres de fleurs, sur le gravier du perron. Le matin, en m'éveillant, c'était d'abord au son que j'apprenais le ciel, sa couleur, son humeur, qui, tout au long de la journée, serait aussi la mienne. J'écoutais le soleil. Il était déjà haut et chaud. Il s'y mêlait une rumeur que j'entends encore, en écrivant ces lignes, toute faite de silence, d'eau qui coule quelque part sur les fleurs et les gazons, de râteaux et d'abeilles. Je fermais les yeux. C'était le bonheur. Le roi, la république, la patrie et les francs-maçons, la guerre, l'argent, les mœurs, tout s'évanouissait de ce qui meublait notre monde. Il ne restait que le bonheur dans la pureté de l'instant."

Bonnes et belles lectures

JC Togrège
24/10/2018







mardi 23 octobre 2018

1ER NOVEMBRE : Passant qui te rends sur la tombe de ta famille ...


JE NE LES VERRAI PLUS JAMAIS
JC TOGREGE

Passant qui te rends sur la tombe de ta famille en ce 1er novembre, ton regard croise cette sépulture avec cette plaque sur laquelle est gravée une médaille militaire complétée de cette épitaphe « Né en 1882  Eugène V. 14/18, mort pour la France ».

Tu penses qu’il fut l’un de ces nombreux soldats tombés aux champs de bataille de cette guerre si sanglante.

En regardant mieux, tu verrais que la date de décès n’y est pas mentionnée, contrairement aux autres défunts de cette concession.



Comment pourrais-tu deviner qu’en réalité cet homme est mort en 1940 lors de l’exode consécutif à la débâcle de l’armée française ?
S’il en est ainsi, c’est que sa veuve, une prénommée Berthe au caractère bien trempé l’a voulu ainsi. Son époux n’était pas mort à la guerre mais c’est pourtant bien la guerre qui l’avait tué. Héros il fut à ses yeux et il devait le demeurer ainsi pour tous !

Je vais tenter de reconstituer son histoire.
Eugène fit la guerre 14/18 avec bravoure, fut blessé et reçut la croix de guerre. Il était de ceux très nombreux qui crurent les généraux les exhortant au courage au nom de la patrie. Il ne recula jamais malgré les horreurs vécues dans les tranchées et les copains qui périssaient en grand nombre. Comme beaucoup, il était sorti de ce conflit avec la haine du « Boche », comme l’on dénommait alors l’ennemi honni avec mépris ! La propagande nationaliste faisait alors rage dans les pays du vieux monde...

Eugène y avait cru que ce serait la « der des ders », que cela valait bien le sacrifice suprême d’une génération, que jamais plus les hommes ne se jetteraient dans une telle folie meurtrière. Et puis la guerre était revenue.


Si l’écrasement des forces françaises l’avait stupéfié, l’exode l’avait anéanti. Comme beaucoup de civils, il s’enfuyait devant les soldats du 3ème Reich! Il répétait régulièrement cette phrase « Je ne les verrai plus jamais ». Comment envisager de vivre sous le joug des Allemands, de les voir occuper son pays, de les croiser dans la rue, de baisser les yeux ?


Alors il en était, Il était de cette débandade lamentable, lui le Poilu de 14/18 reconnu invalide de guerre, qui n’avait jamais reculé au front et qui portait encore dans sa chair des éclats d’obus qui suppuraient régulièrement.

Arrivons à ce moment où il prit le train à la gare d’Auxerre.

Le regard vide, Eugène laisse agir sa femme ; c’est qu’elle sait prendre les choses en main, sa Berthe. Elle est solide, va toujours de l’avant. Elle a le bon sens paysan et sait veiller sur sa famille. Il se contente d’être dans le mouvement, monte dans le train entouré des siens. Il jette un œil sur sa fille qui couve ses deux enfants.

Alors qu’il semble apathique, comment deviner la tourmente qui s’agite dans son esprit, qui balaie tout sur son passage même son amour pour sa femme et sa fille ?

Seule demeure cette idée fixe qui tourne sans cesse et se heurte à sa conscience : «Je ne les verrai plus jamais ! »
La mort il l’avait vue de près, la douleur il la connaissait mais le déshonneur comment vivre avec ? Comment survivre en vaincu, en côtoyant sur son sol ces soldats allemands dont il s’était fait le serment qu’il ne les verrait plus jamais ?
Le train s’est mis en marche, c’est à peine s’il en est aperçu. Son corps est là mais sa pensée est en souffrance, loin d’ici, c’est comme si elle se heurtait à un mur infranchissable.



Sa décision est prise, Eugène s’esquive, ouvre une porte de wagon et se jette du train.
Par malheur pour lui, il ne mourut pas sur le coup. Le corps meurtri, il fut transporté à l’hôpital où il succomba après des jours de souffrance. Quand Berthe avait pu le voir, il était couvert de bandages sur tout le corps et gémissait. Elle, si forte, avait faibli et s’était évanouie.


Berthe fit face et organisa le rapatriement du corps en cercueil plombé vers Reims.
Elle réussit à convaincre le prêtre d’accepter des obsèques religieuses alors qu’en temps ordinaire un suicide fermait la porte des églises, en pêché impardonnable. Elle y mit toute la persuasion dont son regard était capable. C’était la guerre qui avait tué son mari.

C’est ainsi qu’Eugène repose au cimetière en tant que Poilu et que Berthe ne parla plus jamais du suicide de son époux.

04/09/2018

JC Togrège













14/18 /// LA FRANCE OCCUPEE DE PHILIPPE NIVET : Comment vécurent les populations des régions occupées ?

LA FRANCE OCCUPÉE 1914/1918
PHILIPPE NIVET





Quand on emploie le mot "occupation" dans notre histoire, l'on pense de suite à la seconde guerre mondiale. Or notre pays a connu d'autres périodes d'occupation dont celle pendant la première guerre mondiale.

 Entre 1914 et 1918, cela représenta deux millions d'habitants du Nord et de l'Est de la France à avoir vécu sous la domination allemande.

Certaines localités subirent même cette occupation tout au long de la guerre, soit plus de 4 ans !






De nombreux ouvrages ont parlé des batailles et de l'enfer vécu par les soldats mais peu ont parlé du quotidien de la population civile occupée. Ce livre a le grand mérite de s'intéresser exclusivement à la façon dont vécurent tous ces habitants que certains nommèrent à l'époque "les envahis"


Philippe Nivet aborde dans un premier temps tout ce qui a trait à la germanisation des régions occupées avec les rues qui sont débaptisés pour porter des noms allemands, ainsi que la politique d'isolement des habitants du reste de la France.

Ensuite, nous découvrons les pillages, perquisitions, travail forcé et réquisitions de toutes sortes attestant que l'armée allemande comptait exploiter au mieux le terrain conquis considéré comme sien. Les personnes non productives étaient expulsées de chez elles avec très peu de bagages pour rejoindre la France libre. Ceci s'accéléra au fil des années, l'Allemagne souffrant du blocus maritime mis en place par les Anglais.

A partir de nombreux témoignages écrits de l'époque, nous comprenons comment les habitants vécurent dans une situation proche de la disette, la famine n'étant évitée que grâce à l'aide alimentaire hispano-américaine. 

En cette période de commémoration du centenaire de l'armistice, ce livre aborde ce conflit sous un angle fort intéressant et documenté.

Dans la poursuite du thème de cette guerre, j'ai apprécié également le livre de Thérèse Burollet s'intéressant aux "mots"  du quotidien des soldats, le tout avec de belles illustrations d’œuvres d'art.



 


Bonnes et belles lectures

JC Togrège




samedi 13 octobre 2018

CINE /// VOYEZ COMME ON DANSE


VOYEZ COMME ON DANSE

MICHEL BLANC



Avec Karin Viard, Jean-Paul Rouve, Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Jacques Dutronc, Alex William Lebghil

  

Vite, vite,  il faut que je vous parle de ce film car je crains que mes souvenirs ne s'érodent à vitesse grand V.

Au départ, le projet, c'était d'aller voir "l'amour flou" de Romane Bohringer et Philippe Rebbot, qui semble être quelque chose de nouveau, différent et loufoque.

Mais l'offre rémoise étant en peau de chagrin, le film ne se trouvait pas à l'affiche.

Nous nous sommes rabattus sur "Voyez comme on danse" en raison de plusieurs a priori favorables : Michel Blanc à la réalisation reprend ses personnages de "Embrassez qui vous voudrez" qui fut une belle réussite à sa sortie il y a déjà 16 ans, une pléiade d'acteurs de qualité qu'on apprécie.



Ne le nions pas, nous avons passé un agréable moment avec le sourire aux lèvres mais sans plus.

Les acteurs jouent bien dans des rôles à leur taille sans surprise véritable. Je ferai une exception pour Alex William Lebghil (connu pour avoir joué dans la série "Soda") qui apprend avec brutalité qu'il va être père et Karine Viard en mère à claques avec une petite folie qui fait du bien.

Les dialogues sont bien écrits, ciselés et font mouche. Ce n'est pas lourd comme nombre de comédies françaises, en cela c'est à souligner.

Tout cela pour dire que c''est un film de qualité, bien rythmé, sympathique mais somme toute assez convenu dans sa caricature des personnages et des mœurs de l'époque. Nous y trouvons la grande bourgeoise, la fille de 17 ans enceinte, la bobo mangeuse de graines, l'homme d'affaires mis en garde à vue pour évasion fiscale, l'homme de 50 ans veule qui trompe sa femme etc. Certes, l'on y trouve un personnage transgenre mais il n'est pas le plus crédible qui soit.

Selon la formule consacrée du Canard Enchaîné, c'est un film qu'on peut voir.
A moins d'attendre de le voir en DVD...

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
13/10/2018



mardi 9 octobre 2018

LIVRE /// MONSIEUR ORIGAMI - JEAN-MARC CECI : "A quoi sert-il d'avoir si être nous manque"

MONSIEUR ORIGAMI
JEAN-MARC CECI
 

" A quoi sert-il d'avoir si être nous manque"


Alors que lire est généralement une activité solitaire, j'ai la conviction que les livres nous rapprochent du monde. Grâce à eux, nous écoutons avec plus d'ouverture, d'empathie celui qui est différent de nous.

Aurais-je prêté attention à cet article paru dans la presse locale "Mille grues en papier pour le japon" si je n'avais pas lu "Monsieur Origami" ? Peut-être pas et surement pas avec la même attention.

Il y est mentionné que des enfants d'une école de Laon vont confectionner milles grues en papier et les envoyer au Japon.

Par ce livre j'ai appris cette légende japonaise selon laquelle celui qui confectionne mille grues en papier voie son vœu exaucé. C'est ce que tenta une jeune victime des retombées de la bombe d'Hiroshima qui ne put en réaliser que 644 avant de mourir. Depuis elle a sa statue à Hiroshima comme symbole de paix.



Ce n'est pas le thème du livre mais la légende y est mentionnée car le personnage principal, Maître Kurogiku,  pratique l'art de l'origami (pliage du papier) à partir du washi" , "papier de la paix et de l'harmonie" qu'il fabrique à partir de branches du  kozo (un mûrier). Un dialogue fait de nombreux silences va s'instaurer avec un jeune homme nommé Casparo préoccupé par la fabrication d'une horloge complexe.

Ce livre a un style très épuré duquel il se dégage un charme, une poésie et une réflexion sur le temps et le sens de la vie.

Extrait :

- Vous avez vraiment tout quitté pour une femme ?
Maître Kurogiku se tait. Regarde Casparo. Parle :
- Posez-vous cette seule question : quitter quoi ?
- Eh bien, tout ce que vous aviez.
- A quoi sert-il d'avoir si être nous manque


J'ai lu deux fois ce petit livre de 150 pages et d'une manière très différente. Ce fut d'abord d'une traite avec l'envie d'en savoir plus sur ce Maître Kurogiku, sa passion de l'origami et sa pratique de la méditation. Ma deuxième lecture fut lente et par intermittence. Les phrases simples de l'auteur nous mènent à la réflexion bien plus qu'un long traité de philosophie.

L'on peut y voir aussi un conte oriental empli de sagesse.

Bonne et belle lecture

JC Togrège
10/10/2018


PS : Merci à Lucie !






samedi 6 octobre 2018

MUSIQUE /// INTERVIEWS DE MUSICIENS D'ORCHESTRE D'HARMONIE

INTERVIEWS DE MUSICIENS
D'ORCHESTRE D'HARMONIE


A l'occasion de l'anniversaire de leur orchestre, des musiciens ont été interviewés :




La musique rend heureux !




A quoi ça sert un Chef d’orchestre ?

Croisons les avis de deux d’entre eux, Jean-Pierre Jondreville (Chef de St Brice Harmony depuis 35 ans) et Xavier Oudin (expériences dans plusieurs formations.). chefs avec des pratiques fort différentes. Tandis que le premier  est très expressif, exalté, allant jusqu’à sauter à la fin d’un morceau, le second a une battue posée, calme et très nette.
Jean-Pierre Jondreville
XO : Le Chef fait jouer tous les musiciens ensemble, dans le tempo, selon son interprétation de l’œuvre.
JPJ : C’est un instrumentiste avec une baguette qui est le garant de la cohésion de l’orchestre. Battre la mesure c’est une chose, diriger en est une autre.

Certains
chefs ont une baguette, d’autres non, et vous ?
XO : J’aime avoir une baguette et ai toujours travaillé ainsi. Je trouve qu’il y a une esthétique. J’utilise aussi mon autre main.
JPJ : L’outil principal du Chef est la baguette, qui pour moi est indispensable. En effet, elle est le prolongement du bras, de ma main, mais surtout un instrument permettant une grande précision de la direction. Elle se voit de loin, donc par tous les musiciens.
Que ressentez-vous à diriger un orchestre ?

XO : C’est une grande émotion qui me submerge. C’est totalement différent du plaisir en tant qu’instrumentiste.
JPJ : Quand on obtient ce que l’on veut de l’orchestre, on ressent une grande satisfaction.
Les deux Chefs enfin se rejoignent enfin pour dire que diriger, c’est jouer de la musique avec l’orchestre. Ce qui compte c’est de connaître les musiciens qui sont en face de soir, réussir à ce qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, en somme réussir à les transcender.



Etre jeune musicien dans un Orchestre d’Harmonie, ça n’est pas ringard ?
Constantin Beaujet

Constantin Beaujet 24 ans(sur les rangs depuis déjà 12 ans)  réagit avec vigueur à notre provocation.
 « Mais pas du tout !
J'ai fait toute ma formation dans le Classique et en tant que "mordu" de la musique instrumentale, cela me plait bien d'être à St Brice Harmony.
D'ailleurs les Jeunes se tournent de plus en plus vers les bases de la Musique.
J'apprécie d'être avec des personnes de toutes générations qui ont de l'expérience. Les rapports humains sont les mêmes
. Quant aux Jeunes, ils apportent leur dynamisme et contribuent à la bonne ambiance. Une petite blague pendant la répétition, ça fait du bien. Vous savez, on aime bien se taquiner entre musiciens. Et puis, j'aime la musique de groupe, écouter les autres autour de moi, ne pas être que sur ma partition. »



  
Batteur de rock ou batteur au sein d’une Harmonie, ça doit être fort différent comme approche ?
Olivier Ville


Olivier Ville, sur les rangs de St-Brice Harmonie depuis 30 ans et musicien dans de nombreuses autres formations  (rock, jazz, médiéval, harmonie) nous répond.

« il faut s’ajuster au volume sonore d’une harmonie, ce qui n’est pas le cas dans le rock où la batterie est prédominante. Cela suppose de s’adapter aux différents styles interprétés.»Quelles sont les différences dans le jeu (la façon de battre) ?
Quand je fais du rock, je mise sur deux styles de jeu différents. En orchestre d’harmonie, c’est plus diversifié. Le batteur est là pour tenir le rythme, c’est l’ossature mais sans être en situation dominante.

Dans une harmonie, il y a un chef qui dirige. Qu’est-ce que cela change pour le batteur ?

Le batteur est limite comme la continuité de la baguette. Il doit suivre le tempo du chef, être en total accord avec lui.

La musique, c’est votre vie ?
Oui ! Je suis en répétition presque tous les jours et pris tous les week-end. J’ai commencé par le tambour à 7 ans avec un solfège simplifié. C’est à J-P Jondreville que je dois de m’être mis à la batterie. Je suis largement autodidacte même si j’ai à un moment suivi quelques cours pour adulte au  conservatoire. Actuellement je travaille le bodrhan (instrument de percussion utilisé en musique irlandaise).


Que représente la pratique musicale dans une vie ?

Mr Allard, Clarinettiste depuis 31 ans  et Président Honoraire nous répond avec enthousiasme, le regard pétillant.
 « Je suis d’abord allé vers la musique par tradition familiale et fut très vite envahi par ce qui serait la passion de ma vie. Après un peu de violon, j’ai appris dans mon enfance la clarinette avec l’instituteur du village voisin du mien et suis toujours resté fidèle à cet instrument.
Je suis très sensible à l’harmonie des sons et prête une grande attention aux arrangements ainsi qu’aux adaptations de partitions du répertoire. C’est ce qui fait que je me sens très bien au sein
d’un orchestre d’harmonie. J’écoute aussi beaucoup de disques, principalement du classique.
Faire de la musique cela remplit une vie ! C’est jouer pour se faire plaisir et pour en donner au
public. J’ai la chance d’habiter dans une maison particulière ce qui me
permet de répéter mes partitions tout à loisir. »

Après avoir entendu Mr Allard, l’on peut en
conclure que la pratique musicale, c’est aussi un élixir de jeunesse 




Interviews réalisés par Jean-Claude Georget
à l'occasion de la célébration des 35 de St Brice Harmony
14 Octobre 2018