vendredi 29 mars 2019

CINE /// C'EST CA L'AMOUR - un film sur la paternité.

C'EST CA L'AMOUR
CLAIRE BURGER

avec Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsbert


 Un homme désemparé que son épouse vient de quitter (mais il espère qu'il s'agit juste d'une pause !) se retrouve seul avec ses deux filles de 14 et 18 ans.

Alors que ce départ l'a laissé dans une grande souffrance, il doit  composer avec ses filles également déboussolées et tout particulièrement avec la cadette en grande révolte.

Il ne s'en sort part et se dit qu'après avoir été mauvais mari, il est aussi mauvais père alors qu'il adore ses filles et aime encore son épouse. Il n'est pas pour autant larmoyant, il essaie de faire face et de comprendre.





L'ambiance de ce film est glauque, les gens s'y parlent mal, sans respect, crûment. La cadette, notamment, a des propos envers sont père d'une violence et d'une vulgarité qui mettent mal à l'aise.

L'on jette celui qui lasse, sans respect de l'autre, l'on passe à autre chose. L'on a l'impression que les gens sont paumés, sans repère, en perte de valeurs dans un monde rugueux et sombre.

Et puis, par un autre aspect, le père très bien joué par Bouli Lanners est émouvant par son amour pour ses filles et touchant aussi par sa tristesse d'homme quitté. Il surgit aussi des moments d'amour et d'amitié, l'on se dit que tout n'est pas totalement perdu.

Je déplore une mauvaise prise de son ou/et des acteurs n'articulant pas correctement, ce qui gêne à la compréhension des dialogues.

En conclusion, un film qui ne laisse pas indifférent, d'autant qu'il est assez rare qu'il soit abordé au cinéma le thème de la paternité.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège

CINE /// JORDAN PEELE / Un nouveau souffle dans l'épouvante

US
JORDAN PEELE

avec Lupita Nyong'o, Winston Duke, Elisabeth Moss etc.




Ce réalisateur, Jordan Peele, apporte un nouveau souffle au genre de l'épouvante avec deux films réussis : US (qui vient de sortir) et Get Out (en 2017).

Dans les deux cas, nous avons droit à une montée de l'angoisse et du suspens grâce à des scénarios bien construits faisant preuve d'originalité, d'imprévu et de rebondissement. J'avoue avoir eu une préférence pour son 1er film, la fin du second me semblant un peu alambiqué.

Et puis, ce sont des histoires qui peuvent se voir (ou pas ) à plusieurs degrés avec des thèmes sous-jacents tels que le racisme, les inégalités de classes sociales.




Dans US, il s'agit d'une famille américaine sympathique qui part en vacances et qui va être attaquée par une autre famille ayant leurs traits. Nous sommes dans une histoire de doubles qui s'affrontent. L'affiche exprime parfaitement cette dualité.


C'est très bien joué par les quatre acteurs. Si Lupita Nyongo y est formidable de présence et de résistance à l'écran, son mari joué par Winston Duke apporte de l'humour au récit. Quant aux enfants, ils font également une belle performance.


Dans "Get Out", un jeune homme noir (Daniel Kaluuaya) se rend pour la première fois dans
la famille de sa petite amie blanche (Allison Williams)


Il redoute cette rencontre, y craignant d'abord un rejet pour cause de racisme. Son amie le rassure et l'accueil est cordial. Cependant, au fur et  mesure, l'ambiance se fait pesante, des comportements détonnent.

Cela ne va pas du tout se passer comme il l'imagine.

Dans ces deux histoires, la réalisation est très soignée avec des plans appuyés sur des visages expressifs (peur, révolte, colère).
 

Cinéphilement vôtre

J-C Togrège






mardi 19 mars 2019

CINE /// GREEN BOOK : Un plaidoyer pour la tolérance !

GREEN BOOK
Sur les routes du Sud
de Peter Farrelly

avec  Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini



Cela se passe en 1962.  Le Dr Don Shirley, pianiste noir de génie, décide de faire une tournée dans le Sud de l'Amérique, là où le racisme est très virulent. Pour cela, il lui faut un chauffeur débrouillard.

Quant à Tony Lip, videur  d'origine italienne, il doit trouver un travail pendant les travaux de rénovation de la boite de nuit dans laquelle il travaille. Par défaut, il accepte d'être ce chauffeur.

Nous allons les suivre tout au long des huit semaines que durera le périple dans une Amérique où sévit la ségrégation raciale.




 Ce film c'est celui d'une rencontre entre deux personnes que tout oppose et qui vont apprendre à se connaître. Au fil des kilomètres, leurs préjugés et leurs a priori vont tomber. Chacun va apporter à l'autre, ce qui va les faire évoluer tous les deux.

Les dialogues entre les deux acteurs sont excellents. Progressivement chacun avec sa façon d'être va faire le chemin vers l'autre. Se connaître va faire tomber les différences raciales et sociales !

Et puis c'est un plaidoyer pour la tolérance à travers le portrait de cette Amérique qui considérait les Noirs comme des citoyens de seconde zone en leur interdisant l'accès de lieux réservés aux Blancs.

Aucun ennui pendant les deux heures de cette histoire tant le propos est bien filmé et tant les acteurs sont excellents. Il y a de l'humour subtil, de l'émotion bien graduée, de la réflexion et une bande musicale de qualité, enfin tout ce qu'il faut pour le bonheur des cinéphiles.

J'allais oublier de préciser que film est inspiré d'une histoire vraie, bonne occasion pour réécouter Don Shirley.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
19/03/2019




lundi 18 mars 2019

BILLET D'HUMEUR : DES MILLIONS POUR LE GRAND N'HEROS !

DES MILLIONS POUR LE  GRAND N'HEROS


Alors que je ne lis jamais la rubrique sportive de mon quotidien, par curiosité j'ai jeté un œil sur l'article du 13 mars intitulé  : Le super salaire de "Zizou"

Ne serait-ce que par la dénomination employée et l'absence de point d'exclamation, l'on se dit que ça ne devrait pas être très méchant.

Ce grand n'héros national qu'est Zidane accepte de revenir au Real pour la modique somme de  25 millions d'euros par an.

25 millions d'euros !!!
A t-il un coach pour lui expliquer comment le dépenser ?

Un tel émolument pour un grand patron aurait valu dans la presse des termes tels que "salaire indécent" et un syndicaliste y serait allé de sa protestation, ce qui est somme toute plutôt logique.
Les réseaux sociaux s'en seraient également mêlés dans des termes fleuris, sans oublier les porteurs de gilets.


Mais quand il s'agit du foot, milieu super pourri par le fric, et du n'héros national, tout passe comme une fleur. L'article se termine par " le troisième sacre remporté en Ligue des champions et l'urgence de la situation valaient bien une belle augmentation...". Ah oui, que je suis bête ! Un n'héros ça n'a pas de prix...

Le journaliste a tout de même osé les trois petits points, soudain conscient de l'énormité de la somme.


Après vérification auprès d'autres journaux, il semblerait que le journaliste se soit trompé et que le salaire ne soit pas de 25 millions d'euros mais de 12 millions sans les primes. Espérons que le n'héros pourra boucler ses fins de mois !

Tant de millions pour le monde de la baballe, cela mériterait au minimum un carton "jaune" !

JC Togrège
17/03/2019

PS Pour m'en remettre, j'ai pris grand plaisir à réécouter la savoureuse chronique de Pierre Desproges "A mort le foot !"







dimanche 17 mars 2019

LIVRE /// Mettez de la fantaisie dans vos lectures avec "Une sirène à Paris"

UNE SIRÈNE A PARIS
MATHIEU MALZIAS 



Ce Mathias Malzieu est un homme qui fait du bien en introduisant de la fraîcheur, de la fantaisie et de la poésie dans ses livres.

Loin de moi l'idée de fuir la réalité mais parfois une petite escapade dans un monde enchanté, c'est une bonne respiration.

Et ce d'autant que ses romans ne sont pas mièvres et qu'il nous y dit aussi des choses sur notre monde mais de façon décalée ! Rappelez-vous son "Journal d'un vampire en pyjama" dans lequel il évoquait son hospitalisation.




Avec son nouveau roman, il parvient encore à nous embarquer dans son univers où un jeune homme prénommé Gaspard tombe amoureux d'une sirène. Alors que le chant de celle-ci fait succomber les hommes qui l'entendent, son héros y survit car il a déjà eu le cœur explosé suite à une rupture sentimentale.

D'ailleurs, Gaspard s'était juré de ne plus tomber amoureux mais c'était sans compter sur cette rencontre hors-norme...

Les mots prennent une autre dimension chez lui. Certains se transforment tels le somnifère devenant l'assomnifère, des néologismes surgissent tels la "Pierrerichardite" (maladresse à la façon de Pierre Richard) ou les surprisiers.

La loufoquerie et la poésie s'y coutoient de façon toute naturelle.
Quant au surnaturel du récit, eh bien on l'y croit !
C'est beau de rêver non ?

Extrait" - Gaspard n'a jamais connu sa mère. C'est Sylvia qui l'a élevé dans la péniche. Elle lui a appris à devenir un rêveur de combat ! De ceux dont l'imagination est si puissante qu'ils peuvent modifier la réalité, du moins la leur. "The poetry of war, l'art des Surprisiers!"

Je lui pardonne même l'utilisation de termes anglais (de façon raisonnable), c'est tout dire !

Bonnes et belles lectures

JC Togrège
17/03/2019









dimanche 10 mars 2019

CINE /// FUNAN de Denis Do : un film d'animation pour adultes réussi

FUNAN
DENIS DO

avec les voix de Bérénice Béjo, Louis Garrel, Colette Kieffer


En ce samedi maussade, nous avions envie de voir un film différent avec un sujet peu abordé.

Après avoir regardé quelques bandes-annonces qui donnaient la fâcheuse impression d'un déjà vu, celle de "Funan" avait retenu notre attention.

Enfin une histoire qui nous surprendrait sur un sujet grave.

Et puis Cocorico, c'est un film d'animation français !



S'inspirant de la vie de sa mère, le réalisateur nous conte l'histoire d'une famille sous la tyrannie des Khmers Rouges de 1975 à 1979 qui causa la mort de presque deux millions de personnes, soit 20% de la population.

Le film commence avec des images familiales d'une grande sérénité juste avant l'évacuation totale de la ville. Il s'agissait alors de rééduquer le peuple en l'envoyant travailler comme des forçats à la campagne. Nombreux furent ceux qui périrent d'épuisement et de faim.

Lors de cette évacuation, l'enfant de 4 ans de Chou s'égare. Les "camarades" khmers les forcent à poursuivre leur route. Ce sera alors pour le couple un déchirement avec toujours l'idée de retrouver leur fils.

Les horreurs de la période sont plus suggérées que montrées, ce qui n'en rend pas moins fort le propos. Les images de la nature contrastent avec la dureté d'un régime doctrinaire.

Pris par l'histoire des personnages, nous en avons oublié qu'il s'agissait d'un dessin animé. L'expression des visages en avait fait des êtres de chair.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
10/03/2019

samedi 9 mars 2019

LIVRE /// LEURS ENFANTS APRES EUX - NICOLAS MATHIEU : Goncourt 2018 - Un monde désenchanté

LEURS ENFANTS APRES EUX
NICOLAS MATHIEU


Cela fait plusieurs jours que j'ai fini ce livre et que je n'arrive pas en faire une chronique.

Et pourtant il me trotte dans la tête avec cette association d'un vers d'Aragon "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?". Autant vous dire que la couleur générale du roman est très sombre.

Sombre la description des années 90 correspondant à la destruction de l'industrie dans cette région de l'Est de la France (fermeture des hauts fourneaux), sombres les perspectives pour toute une population modeste ayant perdu son emploi, et plus sombre encore l'absence de rêves chez les Jeunes désenchantés *




Double mérite pour ce roman que l'on peut qualifier  d'abord d'analyse sociale d'un monde en souffrance car sinistré économiquement. Les phrases en exergue, d'où est extrait le tire, donnent le ton :

"Il en est dont il n'y a plus de souvenir,
Ils ont péri comme s'ils n'avaient jamais existé;
Ils sont devenus comme s'ils n'étaient jamais nés,

Et, de même, leurs enfants après eux.

Ici l'on nait dans une condition sociale et l'on n'y reste, pas moyen de s'y échapper.
Chacun s'englue dans un quotidien écrasant où il subsiste plus qu'il ne vit.
La beauté y a peu de place...

L'autre mérite c'est sa description d'une génération en quatre chapitres de 1992 à 1998, notamment avec Anthony de 14 à 20 ans. Là aussi, ce qui domine c'est l'ennui que ces jeunes masquent en fumant du shit, en buvant et en "baisant". Veuillez excuser la trivialité du terme (souvent utilisé dans le roman), mais dans ce récit les jeunes ne font pas l'amour mais répondent à des pulsions sexuelles qu'il faut satisfaire. Pas d'amoureux mais des partenaires qu'il s'agit de consommer pour son plaisir. Les scènes crues et détaillées de sexe sont largement explicites.

Une fille de bourgeois accepte fort  volontiers de coucher avec un prolo mais il ne faut pas que cela aille au-delà de la satisfaction des sens, ensuite chacun rejoint sa caste !

L'on peut se réjouir ou non d'une parité totale entre les garçons et les filles sur cette absence de morale générale qui ne touche pas que la sexualité mais l'ensemble des agissements des personnages.
Est-ce ainsi que les Jeunes des années vivaient ? Je ne pense pas, ce serait trop triste !

Ah ça y est, j'ai prononcé un mot interdit, celui de morale, ce qui va vite me discréditer, voire me faire traiter de réac. Et pourtant, quel devenir pour une société sans morale ? Il est vrai que j'aurais pu utiliser le terme d'éthique de vie  qui est plus consensuel.

Parlons un peu du style de Nicolas Mathieu. C'est une écriture maîtrisée, vigoureuse, avec du souffle. Il n'hésite pas à être très cru parfois et âpre, ce qui appuie cette sensation de déclin de société.

Comme vous l'avez compris, ce n'est pas un livre qui laisse indifférent.

Un conseil après cette lecture, plongez-vous dans le dernier roman de Mathias Malzieu où le héros tombe amoureux d'une sirène. Pour le moral, cela vous fera du bien.

Extrait : "C'est alors qu'il vit son gamin qui dansait avec une fille. Le garçon la tenait serrée et les deux mômes bougeaient avec une langueur de méduse. La voix nasale d'Eros Ramazzotti chantait le mal d'aimer et chaque couple, en se serrant, semblait gagné par le sentiment grave de son destin. Les femmes se souvenaient de chagrins imprécis. Les hommes mêmes avaient baissé la garde, et on lisait sur leur visage une conscience contrariée, comme un dépit. A la faveur de cette pauvre mélodie, la vie leur apparaissait tout à coup pour ce qu'elle était, un brouillon, une suite de faux départs. La chanson triste de l'Italien leur soufflait à l'oreille ce secret des existences mal faites, diminuées par les divorces et les deuils, criblées de travail, rognées partout, ces insomnies et ces solitudes. Ça laissait songeur. On s'aimait, on crevait aussi, on était maître de rien, pas plus de ses élans que de sa fin."

Bonnes et belles lectures !

JC Togrège
09/03/2019

* Chaque chapitre est associé à une chanson
1992 : Smells Like Teen Spirit de Nirvana
1994 You Could Be mine - Guns N'Roses
1996 : La fièvre - NTM
1998 : I will survive - Gloria Gaynor
Pour ma part, je propose "Désenchantée" de Mylène Farmer.

dimanche 3 mars 2019

LIVRE /// DOUGLAS KENNEDY : QUAND LE ROMANESQUE VOUS EMBARQUE

QUAND LE ROMANESQUE VOUS EMBARQUE


Au risque de me répéter encore, l'on peut toujours compter sur la littérature, et qui n'y recourt pas passe à coté d'un des grands plaisirs et secours de la vie !

Lorsqu'une une semaine est bien anxiogène, rien de tel qu'un livre avec un grand souffle romanesque pour vous embarquer dans un autre monde. Si l'intrigue est bien menée, si les personnages sont au niveau, l'on est alors happé, l'esprit accaparé ce qui lui évite de broyer du noir.

Et sur ce registre, Douglas Kennedy est passé maître "hypnotiseur" !

Alors que je ne l'avais pas lu depuis très longtemps, j'ai dévoré deux de ses romans.

Ce fut d'abord "Une relation dangereuse" : Cela commence comme un récit à l'eau de rose, un homme et une femme, deux journalistes toujours partis pour le scoop à l'étranger, se rencontrent, tombent amoureux et se marient. Bien sûr l'un des deux n'est pas celui qu'on croit.

L'un des intérêts de ce roman, outre un récit plein de suspens psychologique, c'est d'aborder le sujet de la dépression post-natale et de la culpabilité de ne pas être "une bonne mère" selon les critères en vigueur dans la société. Il y a aussi la difficulté à s'intégrer dans un nouveau pays quand on n'en connait pas tous les codes.



Ensuite, je fus projeté dans un récit incroyable avec "Cul de Sac" (également traduit par "Piège nuptial" dans une nouvelle édition), son premier roman publié en 1994.

Un journaliste, sur un coup de tête, vend ses quelques biens et décide d'aller en Australie. Il va y être kidnappé par Angie, une femme décidée à en faire son mari. Il va alors vivre un cauchemar dans une ville abandonnée en plein désert au sein d'une petite communauté ayant ses propres règles. Gare à celui qui ne s'y plie pas !

C'est surprenant, original et très fort dans un style plus rugueux que celui que l'on connait de Douglas Kennedy.

C'est indéniable, les livres sont nos amis pour la vie !

Bonnes et belles lectures

JC Togrège
03/03/2019