samedi 27 juillet 2019

CINE /// ROXANE - MELANIE AUFFRET : une comédie sociale très enlevée !

ROXANE
MELANIE AUFFRET

avec Guillaume de Tonquédec
Léa Drucker
Lionel Alelanski
Michel Jonasz
La poule Roxane



Raymond, joué par Guillaume de Tonquédec, est un petit producteur d’œufs bio qui est toujours accompagné de sa poule Roxanne.

Pour rendre ses poules heureuses, il leur lit Cyrano de Bergerac.

Tout allait bien jusqu'à ce que la coopérative décide de ne travailler qu'avec des gros producteurs et tant pis pour la qualité, seul le prix compte.

La ferme de Raymond est alors menacée de fermeture.

Pour tenter de la sauver, il va faire des petites vidéos avec sa fidèle Roxane pour faire le buzz !



Ce 1er film de Mélanie Auffret est une comédie sociale bien réussie avec des acteurs et des poules qui jouent juste.

Une comédie car le scénario prête à rire avec un Guillaume de Tonquédec très convaincant et très bien secondé par la poule Roxane qui se révèle une bonne actrice. La réalisatrice et le comédien  reconnaissent en souriant qu'il y a eu un casting important pour trouver la bonne gallinacée.

Une comédie sociale car cela évoque les difficultés du monde paysan confronté à des acteurs économiques qui veulent toujours plus de productivité avec des prix de plus en plus bas.

Et puis, la littérature et les grands auteurs ont toute leur place dans ce film où Raymond déclame des textes de Rostand mais aussi de La Fontaine, Baudelaire et Molière.

Ce film est teinté d'originalité, de cocasserie, de fraîcheur, de fantaisie et de tendresse tout en abordant un thème d'actualité.
A noter que la musique est de Gaétan Roussel !

L'on est loin de la comédie bien lourdingue auquel le cinéma français nous a malheureusement habitués depuis un moment, et ça fait du bien !

Chronique validée par Bella

Cot cot cot cot

Cinéphilement vôtre

J-C Togrège
27/07/2019



vendredi 26 juillet 2019

SAVEZ-VOUS CE QU'EST UNE MIREILLE ?

SAVEZ-VOUS CE QU'EST UNE MIREILLE ?


Avec ces journées de canicule les mouches furent particulièrement pénibles, ce qui m'a ramené un an en arrière quand nous étions en Corse.

Parmi le groupe de voyageurs avec qui nous nous trouvions, il y avait une vieille dame alerte qui nommait régulièrement les mouches du vocable de "Mireille".

- Oh encore une Mireille qui nous embête, sale bête !
- Veux-tu t'en aller, sale Mireille ! etc.


Curieux de l'entendre ainsi apostropher toutes ces mouches, nous lui avons demandé pourquoi elle les appelait des "Mireille". Elle fut très étonnée car dans sa famille, aussi loin qu'elle s'en rappelait, c'est ainsi qu'on les désignait. Elle évoqua notamment sa grand-mère, ce qui nous devait nous ramener dans les années 40.

Au retour, j'avais cherché sur internet afin d'en savoir plus mais sans trouver grand chose.

Un indice toutefois dont les jeunes des années 1970/1980 doivent se souvenir.

Dick Annegarn vous connaissez ?

C'est un chanteur auteur compositeur néerlandais, qui vécut sa jeunesse en Belgique et qui  demeure maintenant en France. Il sortit en 1975 un 3ème album dont l'une des chansons porte le titre de "Mireille". Il y raconte justement la vie d'une mouche !



Extrait :
Permettez-vous
Que j'empreinte votre oreille
Histoire de vous raconter
L'histoire de Mireille
Mireille est une mouche
Comme toutes les mouches
Le soir elle se couche
A l'aube elle se réveille
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum

 
Je vous invite à écouter ses chansons sur YouTube ("Le géranium" par exemple) qui sont originales et vraiment à part.

Depuis, j'ai également trouvé un jeu de société appelé "Comme les mouches" où il est question de mouches noires et  d'une mouche bleue nommée Mireille, elle aussi ! Coïncidence ?

Et puis rien d'autre !
Mais vous qui lirez cette chronique, peut-être pourrez-vous m'éclairer ?

 Toujours en rapport avec ce même séjour, un homme nous avait surpris avec l'expression " C'est le lapin qui gratte au grillage", ce qui veut dire "J'ai faim".

Il nous expliqua que quand il était enfant, sa famille élevait des lapins dans des clapiers. Quand ceux-ci avaient faim, pour attirer l'attention, ils se mettaient alors à gratter le grillage.

Pour conclure, je dirai que parmi les charmes des voyages, celui d'entendre des mots ou expressions inconnues en est un qui me plait tout particulièrement.

Bel été à tous !

J-C Togrège
26/07/2019


mardi 23 juillet 2019

LIVRE /// LA CONVERGENCE DES CONSCIENCES - PIERRE RABHI

LA CONVERGENCE DES CONSCIENCES
PIERRE RABHI



Comment définir Pierre Rahbi ?

Comme un philosophe, la voix d'un sage ?
Comme un paysan ?
Comme un écologiste ?
Comme un écrivain ?
Comme un homme engagé ?
Comme un poète ?

Il est tout cela à la fois !

J'y vois comme une conscience éclairée, une belle personne passionnante à lire et à écouter.

A travers cet ouvrage, il s'est livré à l'exercice de l'abécédaire pour aborder tous les sujets qui lui tiennent à cœur.


Voici comment il présente son livre dans sa préface :

Extrait : "Plus j’avance dans la vie et plus s’affirme en moi la conviction selon laquelle il ne peut y avoir de changement de société sans un profond changement humain. Et plus je pense aussi – c’est là une certitude – que seule une réelle et intime convergence des consciences peut nous éviter de choir dans la fragmentation et l’abîme. Ensemble, il nous faut de toute urgence prendre “conscience de notre inconscience“, de notre démesure écologique et sociétale, et réagir."

Cette abécédaire, c'est un ensemble de chroniques bien écrites et pleines de réflexion à travers lesquelles il pointe les aberrations de notre société.

En le lisant, j'y ai vu un bon sens évident qui fait bien défaut aujourd'hui où règnent en maîtres la productivité, l'individualisme et la consommation outrancière.

Ce livre n'est pas sombre pour autant car il y a des touches de poésie par ci par là bien agréables, ainsi que des souvenirs plus personnels de ce grand Monsieur.
  
Extrait : "L'intuition et la poésie nous font plus évoluer que la pure rationalité.
On voit bien que la poésie est partout et on n'attend pas d'elle qu'elle soit rationnelle. C'est peut-être pour cela que j'introduis, plus ou moins consciemment, des éléments poétiques dans mes textes. D'un coucher de soleil aux chants des oiseaux, tout ce qui fait naître des émotions particulières est poétique et cela sans subordination à la raison pure."

Bonnes et belles lectures estivales !

J-C Togrège
23/07/2019








dimanche 14 juillet 2019

LIVRE /// LA VIE SECRETE DES ECRIVAINS - GUILLAUME MUSSO : un roman populaire de qualité

LA VIE SECRÈTE DES ÉCRIVAINS
GUILLAUME MUSSO



Cette chronique risque de me déconsidérer...

Il y a d'abord ceux, lecteurs exigeants, qui font faire une moue dédaigneuse. Ah bon, il lit Musso ! Et hop leur considération pour mon blog va chuter immédiatement, surtout quand ils vont voir que j'ai apprécié ce livre !

D'un autre côté, il y a la masse des lecteurs de l'écrivain de best-sellers  qui vont trouver que je ne suis pas assez enthousiaste, que je ne vais pas assez dans l'encensement.

Ce n'est pas simple !
Lire, c'est lire de tout, non ?

Alors, je le confesse, ce fut mon "plaisir coupable" de l'été  !


J'avais déjà lu un ou deux romans de Guillaume Musso, histoire de voir un peu de quoi il s'agissait. Je n'avais pas aimé son recours facile au fantastique pour faire avancer ou résoudre son intrigue. Aussitôt lu et aussitôt oublié ! J'en étais resté là.

Et puis voilà que je me suis laissé tenté à l'emprunter en bibliothèque pour plusieurs raisons : le titre fort séduisant, le thème de l'écriture, son passage plutôt convaincant à la "Grande Librairie" et les critiques lus de-ci de-là.

Un jeune écrivain en mal d'éditeur débarque sur l'ile Beaumont (lieu inventé au large des côtes de la Méditerranée) pour y rencontrer un auteur culte qui a cessé d'écrire depuis presque 20 ans. Une jeune journaliste a la même idée en tête, et rêve de percer le secret de cet exil.
Survint alors la découverte du corps d'une femme crucifiée.

Et à partir de là, plus moyen de lâcher ce livre tant l'intrigue est bien construite avec de multiples rebondissement qui sont crédibles et inattendus. En cela, merci à l'auteur de s'emparer de notre esprit et de nous emprisonner dans son récit.

J'ai beaucoup aimé aussi toutes les citations de grands auteurs en exergue des chapitres. Je ne peux résister au plaisir de vous en livrer quelques unes :

Eugène Ionesco : "Un écrivain n'est jamais en vacances. Pour un écrivain, la vie consiste soit à écrire, soit à penser à écrire."
Umberto Eco : "Pour survivre, il faut raconter des histoires."
John Irving :"Qu'est-ce qu'un bon roman ?
-Vous créez des personnages qui suscitent l'amour et la sympathie de vos lecteurs. Puis vous tuez ces personnages. Et vous blessez votre lecteur. Alors, il se souviendra toujours de votre roman
."

J'ai largement apprécié ce qui est dit sur l'écriture tout au long de ce livre à travers la rencontre des deux écrivains.

Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le style de l'année mais l'écriture est fluide et agréable.

Extrait : " L'essentiel, c'est la sève qui irrigue ton histoire. Celle qui doit te posséder et te parcourir comme un courant électrique. Celle qui doit te brûler les veines pour que tu ne puisses plus faire autrement que d'aller au bout de ton roman comme si ta vie en dépendait. C'est ça, écrire. C'est ça qui fera que ton lecteur se sentira captif, immergé, et qu'il perdra ses repères pour se laisser engloutir comme tu l'as toi-même été."

Un roman populaire de qualité idéal pour l'été !
Un roman pour vous réconcilier avec l'auteur populaire !

Bonnes et belles lectures

J-C Togrège
14/07/2019

vendredi 12 juillet 2019

LIVRE /// KHALIL - YASMINA KHADRA : un livre sur le terrorisme

KHALIL
YASMINA KHADRA



Yasmina Khadra est un auteur que j'apprécie beaucoup pour sa plume (très littéraire) mais aussi pour les thèmes contemporains qu'il aborde. Il est rare que je sorte déçu d'un de ses livres.

Celui est loin d'être facile car nous suivons le parcours de Khalil, terroriste  du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, celui dont la charge n'a pas explosé. Comble de la difficulté, c'est lui qui est le narrateur de l'histoire. Utiliser le "je" dans ce type de récit n'est pas aisé car l'on pourrait vite tomber dans le manichéisme ou l'empathie. Or Yasmina Khadra cherche à comprendre !

Cette expérience avait déjà été menée dans "La nuit du Raïs" où il se mettait dans la tête de Kadhafi. Ce n'était pas le roman que j'avais préféré. Celui-ci me semble plus fort même s'il est beaucoup plus dérangeant.



Ce serait si simple si ce Khalil n'était qu'un simple salaud...
Certes, il est menteur et opportuniste, n'hésitant pas à se servir de sa famille ou de ses amis dans sa fuite, prêt à tuer des innocents pour la "cause".

Or c'est loin d'être aussi simple que cela, si bien que ce récit m'a mis parfois mal à l'aise.
J'ai pensé à la chanson de Gauvain Sers " Mon fils est parti au Jihad"

Et puis, il y a chez Yasmina Khadra un humanisme qui lui permet de croire à la rédemption...


Bref, ce récit captivant (il est difficile de le lâcher !) et bien écrit n'est pas de ceux qu'on oublie.
Il est même tellement dérangeant que cela fait se demander : alors j'ai aimé ou pas, qu'est-ce qu'il y a de si perturbant ? 

En somme un livre qui inquiète et fait se poser des questions  !

Extrait : " Dans mon rêve, j'errais au milieu d'une clairière obscure. Les arbres alentour étaient dénudés. Leurs branches rappelaient des griffures. L'endroit était lugubre. Une brume cendrée s'accrochait aux buissons. Au bout d'un sentier raviné d'ornières, Driss m'attendait, nu de la tête aux pieds. Il était maigre, le visage couleur de poussière, le torse tailladé. A côté de lui, un sanglier se vautrait dans ses entrailles, la gueule ouverte. J'avais froid. Mes pieds s'enfonçaient dans la fange. Driss me souriait tristement. "C'est pas la joie", me dit-il. Il me montra ses mains d'où s'échappait une fumée blanche. Soudain, surgissant de la brume, une hache ensanglantée fendait l'air dans ma direction.
Je me réveillai en sursaut."

Bonnes et belles lectures estivales

J-C Togrège
12/07/2019

lundi 8 juillet 2019

LIVRE JEUNESSE /// LE GRAND VOYAGE

LE GRAND VOYAGE
TEXTE D'ANNA CASTAGNOLI
ILLUSTRATIONS DE GABRIEL PACHECO



Un enfant imagine un grand voyage qu'il fera à bord de son bateau volant.


Extrait

" Un jour, bientôt peut-être,
je construirai un très grand bateau.
Qui pourra flotter comme les bateaux

et voler comme les avions,
même si c'est un bateau.


Qui pourra voyager sur la terre
et sous l'eau
comme un bateau à roues
comme un bateau sous-marin."


Et nous voilà partis dans un imaginaire poétique doublé d'un parcours initiatique...

Son bateau volant le mènera vers le territoire des pingouins et celui des coqs sauvages, lui fera traverser le pays des chasseurs pour y sauver les animaux, ainsi qu'une ville en guerre.

Cet album est joli à regarder, les illustrations prêtent à la rêverie servies par un texte très agréable à dire à haute voix.

ll a obtenu en 2009 le prix Isaac Diaz Pardo du livre illustré.

Autre extrait :

"Je le laisserai sur le parking.
Personne ne pourra le voler,

parce que mon bateau ne navigue qu'avec moi.

Si j'ai envie,

j'inviterai mes amis
et nous irons nous promener dans les air."

Bonnes et belles lectures tout au long de l'été !

J-C Togrège
08/07/2019





samedi 6 juillet 2019

FERMETURE D'ECOLE : LES OUBLIES

FERMETURE D’ÉCOLE DE VILLAGE


Selon le quotidien local "L'Union" du jeudi 4 juillet 2019, dix écoles de village vont fermer dans les départements de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes. Encore pourrait-on ajouter !

Un reportage suivait avec un focus sur l'une de ces écoles où le maire concluait " Avec la fermeture de l'école, la vie du village s'éteint un peu plus".

Cela fit écho en moi à la magnifique chanson de Gauvain Sers "Les oubliés" dans laquelle il chante avec des mots d'une grande justesse ce même thème.

Extrait :

" On est les oubliés
   La campagne, les paumés
   Les trop loin de Paris
   Le cadet d'leurs soucis
"

C'est là que réside la force d'une grande chanson quand elle sait se faire le reflet sociologique de son époque. En quelques couplets et refrain sur une musique qui va bien, tout est dit et bien dit. Croyez-moi, cela vaut largement nombre d'études, statistiques et discours politiques qui seront bien vite oubliés alors que les paroles des "oubliés" continueront longtemps à résonner en nous.

Certes avec retard, je recommande ce chanteur dont les deux CD sont de très bonne qualité avec des sujets bien cernés et qui touchent. Je récuse la critique facile qui revient parfois lui reprochant de faire du "Renaud".

Je conçois que l'on puisse y voir une filiation mais c'est tout. Il n'utilise pas les mêmes mots que Renaud et a son propre phrasé. Il s'inscrit dans la tradition de la chanson française "sociale", un courant qui n'existe plus beaucoup. L'on peut même dire que sa chanson "Les oubliés" est engagée, bien que ce qualificatif ne soit plus très en vogue aujourd'hui.

Enfin un jeune chanteur qui ne chante pas en Anglais et qui en cela sort de la norme !
Cessez de nous dire que notre langue ne sonne pas, c'est faux. Par contre, cela demande de se triturer un peu plus les neurones...

L'un de ses autres titres s'intitule "La langue de Prévert", bonne surprise en soi également car c'est un poète dont on ne parle plus beaucoup.

Bravo Gauvain Sers !

Musicalement vôtre

J-C Togrège
06/07/2019