vendredi 27 décembre 2019

RIEN N'EST NOIR : quand un roman méne à la peinture

RIEN N'EST NOIR
CLAIRE BREST




Quand un roman mène à la peinture, ou plutôt à la découverte de deux peintres mexicains que je connaissais pas du tout, à savoir Frida Kahlo et Diego Rivera !

Ce livre raconte leur histoire d'amour passionnelle, déchirante et compliquée dans une vie hors du commun dans le monde de l'art qui les mène à voyager.

C'est surtout la biographie d'une femme captivante, hors normes, qui apprend à peindre pendant une longue hospitalisation l'obligeant à demeurer alitée.

Quand Frida Khalo rencontre Diego Rivera en 1928, elle est une jeune femme au corps meurtri suite à un accident. Quant à Diego, c'est un homme d'une quarantaine d'année qui est une célébrité dans le monde de la peinture.



Malgré leurs difficultés à vivre ensemble, leurs tromperies, ils demeureront attachés, comme aimantés l'un à l'autre même quand ils se trouveront éloignés l'un de l'autre.

La romancière a eu la très bonne idée de donner une couleur à ses chapitres qu'elle décline tout au long des différentes parties. Nous commençons avec le bleu (bleu de cobalt, bleu d'acier, bleu roi etc) pour terminer par le noir (noir pur, noir d'encre etc.) en étant passé par le rouge et le jaune.


Extrait : " A son contact, la fête monte d'une octave, les insolences se réveillent, les grains de beauté brillent, les intrépidités endormies s'échauffent. Ça grésille. Sa seule présence annule l'érotisme flottant des beaux parleurs et des corps bien bâtis. Il capte et captive. Frida, en le fixant, songe à ces points lumineux, agaçant clignotements qui persistent à s'agiter devant l’œil, même paupières closes, quand des lumières agressives ont tant impressionné la rétine qu'elles perpétuent leur présence fantôme, à l'intérieur des yeux cillés. Par quelle grâce, l'aura du monstre suscite-t-elle ces poudroiements aphrodisiaques ? Parce qu'il est laid, Diego, d'une laideur franche et amusée d'elle-même. Une laideur gustative qui ouvre l'appétit; on a envie de mordre ce gros ventre, d'en avoir la gorge pleine, les dents sales, de lécher les doigts puissants, de passer la langue sur ses yeux trop prononcés, trop éloignés, sans couleur claire"

C'est un roman bien écrit qui nous décrit une passion amoureuse à laquelle l'on s'attache.

Et puis c'est un livre qui m'a amené à découvrir les œuvres de ces deux peintres !
Merci à la lecture qui nous ouvre l'horizon !


Bonnes fêtes de fin d'année en compagnie des livres...

J-C Togrège
27/12/2019


vendredi 20 décembre 2019

CINE /// HORS NORME : un film admirable !

HORS NORMES
DE ERIC TOLEDANO ET OLIVIER NAKACHE

avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent etc.


Admirable, c'est le mot qui me vient après avoir vu ce film !

Le silence palpable d'émotions à la fin de la séance en disait long sur l'impact de "Hors Normes" sur les spectateurs.

Admirables aussi tous les éducateurs qui quotidiennement accompagnent les personnes handicapées avec un dévouement qu'il faut saluer.

Quant à Vincent Cassel et Reda Kateb, ils sont excellents et totalement crédibles pendant les presque 2 heures du film.


Nous suivons le parcours de deux associations qui prennent en charge des personnes très lourdement touchées par l'autisme dont aucune structure ne veut. Les sortir de l'isolement, de l'enfermement, les socialiser, c'est cela leur credo !

Ces malades forment des binômes avec des référents qui sont des jeunes en situation d'insertion sociale, cela sous l’œil attentif des deux éducateurs.

Alors certes, d'un point de vue administratif, ces associations sont hors normes et pas toujours dans les clous, ce qui leur vaut des soucis avec les organismes de contrôle...

Je reviens à mon terme "admirable" car, avec un sujet social difficile, les deux réalisateurs ont fait également une oeuvre de cinéma comportant une véritable histoire, des personnages consistants auxquels l'on s'attache et une réalisation de qualité.

Nous ne tombons jamais dans le pathos et pourtant l'émotion est bien là, palpable avec ce qu'il faut d'humour pour alléger le sujet. Quand rire ou sourire il y a, ce n'est jamais de la moquerie à l'égard des malades.

J'y ai vu un film plein d'humanisme et d'espérance, un film contre l'immobilisme, un film de brassage social réussi, un film qui fait réfléchir, un film où tout individu a sa place dans la société même les "hors normes.



Cinéphilement vôtre

J-C Togrège




vendredi 13 décembre 2019

GONCOURT 2019 / Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

TOUS LES HOMMES N'HABITENT 
PAS LE MONDE DE LA MÊME FAÇON

JEAN-PAUL DUBOIS



Avant d'entrer dans le récit, je vais d'abord m'arrêter sur le titre de ce livre, le trouvant particulièrement bien choisi et original, alors que chacun sait que c'est un exercice difficile.

Ne trouvez-pas qu'il sonne joliment, poétiquement ?

Ce titre fait s'interroger, voguer notre imagination avant même d'en avoir lu une seule page. Rien qu'en cela, je trouve que Jean-Paul Dubois est très fort.

Et puis, en y réfléchissant, il est vrai que nous n'habitons pas tous le monde de la même façon !




En exergue, il se trouve deux citations dont une de Rosalind Krauss qui me plait bien :

"Tout cela fait penser à la suite des jours à laquelle rien n'a donné forme ni direction, que rien n'habite ni n'anime et dans laquelle rien ne fait sens".

Je ne dirai rien de la seconde qui est de Charles Bukowski.

Mais arrivons enfin au sujet du livre.

Paul Hansen est en prison à Montréal depuis deux ans. Il nous fait le récit de sa vie carcérale dans la cellule qu'il partage avec un gros dur craint de tous (mais qui a un point faible très insolite) avec qui il s'entend bien. Ce récit sera entrecoupé des souvenirs de Paul des années 1950 jusqu'aux années 2000.

Paul est est l'enfant d'un couple hétéroclite composé d'un pasteur qui a perdu la foi et d'une femme féministe tenant un cinéma. Le couple connaitra des turbulences  dans les années 1970 quand l'épouse voudra y diffuser "Gorge profonde", au titre suffisamment explicite pour n'en rien dire de plus...

En paraphrasant François Busnel, j'ajouterai que je ne "divulgache" pas grand chose car le roman est composé de bien d'autres événements et de personnages intéressants tant par leurs singularités que par leurs faiblesses.

Jean-Paul Dubois a une belle plume qui sait être originale et profonde.
A peine a t-on lu quelques lignes de l'auteur que l'on saisit tout de suite l'évidence d'un style.


L'on y trouve aussi un humour subtil teinté d'humanité et de nostalgie.

Extrait : "En coupant le contact de la voiture garée tout près du quai Lombard, mon père passa sa main sur son visage et dit : "Quel drôle de voyage." Ma mère ouvrit la porte passager et regarda vers le fleuve. Étrangement, malgré l'heure et les impédimenta de ce voyage harassant, ni l'un ni l'autre ne semblait pressé de quitter cette voiture pour retrouver l'ordinaire de leurs vies, préférant prolonger encore un peu cette impression de complicité qui les avait unis tout au long de l'interminable trajet, se relayant derrière le volant pour parvenir ensemble à terminer une oeuvre commune, revenir au pied de leur appartement, dont chacun redoutait secrètement qu'un jour ou l'autre, la porte palière ne claque à nouveau."

Pour conclure, je dirai que le titre correspond bien à l'éthique du personnage principal...

Bonnes et belles lectures

J-C Togrège
13/12/2019
 





mercredi 4 décembre 2019

PARCE QU'ON A TOUS BESOIN D'HISTOIRES !

LA DISPARITION DE STEPHANIE MAILER
JOËL DICKER




Parce qu'on a tous besoin d'histoires, adultes et enfants !

Parce qu'on a tous besoin de raconteurs d'histoires, d'auteurs à l'imagination fertile, de ces livres qu'on ne lâche plus, qui nous emmènent loin de notre quotidien.

Parce qu'on a tous besoin de se distraire et que la lecture est à la portée de tous, quelque soit l'endroit où l'on se trouve.




Si j'énonce ceci, c'est qu'en lisant le manifeste en faveur de la littérature jeunesse et ses 14 propositions, je me faisais la réflexion que nombre d'entre elles pouvaient s'appliquer également aux lecteurs adultes. Jugez-en par vous-mêmes !

- Parce qu'on a besoin de l'autre dès la naissance
- Parce que nous cherchons des réponses
- Parce qu'on est en quête de sens
- Parce qu'on a besoin de symboles forts
- Parce qu'on besoin de miroirs
- Pour mettre des mots sur nos émotions
- Pour découvrir le sentiment de liberté
- Pour être moins seul
- Pour le bonheur de prendre des risques
- Pour tisser des liens sociaux
- Par nécessité de transmission
- Pour la musique des histoires écrites
- Pour développer notre imaginaire
- Pour s'émerveiller

 Mais, je ne vous ai encore rien dit du dernier roman de Joël Dicker, si ce n'est que vous aurez compris que c'est un récit addictif.

Début 2014, alors que Jesse Rosenberg, surnommé Capitaine 100% pour le succès de ses enquêtes, s'apprête à quitter la police, survient Stéphanie Mailer. Elle lui affirme qu'il s'est trompé de coupable, 20 ans plus tôt et qu'elle lui en révélera davantage prochainement. 

Malheureusement, sans rien dévoiler puisque c'est dans le titre, elle va disparaître...

Rosenberg, en compagnie de Derek Scott, son équipier de l'époque, va se replonger dans ce fait divers sanglant de 1994 qui avait coûté la vie au maire, sa famille et à une passante.

Le roman de 800 pages comprend de nombreux personnages, des retours en arrière, des changements de narrateur et nombre de rebondissements.  Comme dans ses romans précédents, il y a sera également sujet d'écriture.

Pour qui aime les histoires, c'est parfait.

Une fois plongé dans ce livre, vous n'entendrez plus rien autour de vous !



Extrait :

"Elle haussa les épaules, fit mine de partir. J'étais certain qu'elle bluffait et, effectivement, elles s'arrêta après quelques pas et se tourna vers moi :
- La réponse était juste sous vos yeux, capitaine Rosenberg. Vous ne l'avez simplement pas vue.
J'étais à la fois intrigué et agacé.
- Je ne suis pas sûr de vous suivre, Stéphanie.
Elle leva alors sa main et la plaça à hauteur de mes yeux.
- Que voyez-vous, capitaine ?
- Votre main.
- Je vous montrais mes doigts, corrigea-t-elle.
- Mais moi je vois votre main, rétorquai-je sans comprendre.
- C'est bien le problème, me dit-elle. Vous avez vu ce que vous vouliez voir, et non pas ce que l'on vous montrait. C'est ce que vous avez raté il y a vingt ans."

 Bonnes et belles lectures.

J-C Togrège
04/12/2019