DESPROGES PAR DESPROGES
Si vous en avez assez de ces comiques interchangeables qui, une fois qu'ils nous ont raconté leur petite vie n'ont plus rien à nous dire, alors optez pour le subversif Desproges.
Si vous en avez assez de ces comiques qui massacrent notre langue, la truffant de "parler djeun's" (pour faire celui qui est toujours jeune et surtout pas vieux) ou de mots anglais (pour faire celui qui est dans le coup), alors optez pour celui qui savait écrire : Desproges.
Si vous en avez assez du politiquement correct, encore une raison supplémentaire pour vous plonger dans la vie et l'œuvre d'un homme irrévérencieux et différent.
Il n'était pas toujours compris mais refusa toute sa vie de faire de "la soupe", chacun de ses textes étant très travaillé et à lire souvent au second degré.
Pour autant, Desproges n'aimait pas qu'on dise de lui qu'il était écrivain, et préférait le terme d'écriveur. Reconnaissons qu'il y a peu d'humoristes avec une plume aussi affutée et riche que la sienne, et que le terme d'écrivain lui convient largement.
Ecrire et lire étaient ses passions, d'ailleurs il le formalisa ainsi : "Je peux oublier de manger, je peux oublier de faire l'amour, de boire, pas souvent, mais jamais de lire. Je ne peux pas vivre un jour sans lire" et "mon lieu commun avec moi-même, c'est l'écriture."
Ce gros et grand livre d'environ 2 kilos (ah oui, je l'ai pesé car je ne peux pas le lire au lit le soir, il est trop lourd !) est une mine d'informations sur celui qui est mort il y a déjà 30 ans. Sa fille a fait un travail de collecte remarquable (lettres, articles, photos), et fidèle à l'esprit non conformiste de son père, elle l'a fait paraître à la date anniversaire, non de sa mort, mais du jour où il apprit qu'il avait un cancer.
L'esprit de Desproges est partout dans ce livre, de son enfance, de ses premiers pas de journalistes jusqu'à ses spectacles sur scène, en passant par "le petit rapporteur", Mr Cyclopède et bien sûr " les chroniques de la haine ordinaire".
Ce livre m'a aussi amené à réécouter Desproges dans certaines de ses chroniques de la haine ordinaire, un vrai délice !
Extrait
- Pierre, mon vieux... Mon pauvre vieux.
- Je vous en prie, docteur. Soyez franc. Je veux toute la vérité. J'ai besoin de savoir.
- Eh bien, j'ai une mauvaise nouvelle. De toute évidence vous êtes atteint d'une ... d'un... d'une maladie à évolution lente, caractérisée par ... par une ... dégénérescence des cellules et...
- Ecoutez. Soyez clair : j'ai un cancer ?
- C'est à dire que non. Je ne dis pas cela.
- Vous dites "irréversible". C'est mortel. C'est donc bien un cancer. Parlez-moi franchement. Il.. il me reste combien de temps ?
- Eh bien oui. Vos jours sont comptés. A mon avis, dans le meilleur des cas, vous en avez encore pour trente à quarante ans. Maximum.
- Mais si ce n'est pas un cancer, comment s'appelle cette maladie ?
- C'est la vie.
- La vie ? vous voulez dire que je suis..
- Vivant, oui, hélas.
- Mais où est-ce que j'ai pu attraper une pareille saloperie ? (...)
Bonne et belle lecture.
JC Togrège
20/01/2018
J'ai découvert Pierre Desproges dans les années 70 au cours des émissions télévisées dominicales du Petit Rapporteur. J'aime beaucoup son genre d'humour ainsi que sa façon d'écrire dont je m'inspire parfois. J'ai lu avec beaucoup de plaisir "Le manuel de savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis" et "Les réquisitoires du tribunal des flagrants délires" extraits de l'émission radiophonique méridienne de France Inter. Didier Cousin
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