dimanche 18 février 2018

LIVRE /// MAJDA EN AOUT - SAMIRA SEDIRA : Le récit d'une femme blessée !

MAJDA EN AOUT
SAMIRA SEDIRA



Comme vous l'avez remarqué, mes chroniques littéraires se sont espacées, faute de rencontres marquantes.

Par "rencontres marquantes", je veux parler de ces livres auxquels l'on pense en dehors du temps de lecture, de ces histoires et personnages prégnants (voire dérangeants) parce que différents et qu'on n'oublie pas. J'aime les personnages de fiction consistants qui deviennent réels !

Vous le savez, il me faut à la fois un style et une histoire , l'un sans l'autre ne me satisfaisant qu'à moitié. Eh bien depuis le Pèlerin de "Frères des Astres", j'étais resté sur ma faim, mi rassasié (parce qu'ayant ma dose quotidienne de pages absorbées), mi en manque.

Malheureusement, ces derniers temps, j'eus entre les mains des livres bien trop vite sortis de ma mémoire. N'y voyez pas le syndrome de l'après Proust, tout au moins pas que cela !



Et puis hier soir au coucher, j'ai commencé "Majda en août", presque sans enthousiasme, et fus happé par ce personnage et la tristesse qui broie cette femme jusqu'à la folie. Alors pas question de grasse matinée ce dimanche, dès 6h30 il me fallut le reprendre.

Majda, c'est d'abord une enfant qui pour se faire aimer accepte quantité de tâches ménagères dans l'attente d'un regard d'amour de ses parents.  Or elle est dans une famille où règne le non dit, où l'affection ne se montre pas, et elle en souffre.

Arrivée à l'adolescence, elle subira l'autorité de ses frères (le machisme de certaines familles magrébines) puis sera victime d'un viol dont le nom ne sera jamais prononcé.




Extrait :

"Viol. Un mot que personne, pas même elle, n'avait jamais prononcé, ne serait-ce qu'en pensée. On disait jour de malheur ou le jour où ou encore (et ça, c'était surtout Ahmed) ce jour de merde, mais jamais viol."

A l'âge de 45 ans, après un séjour en psychiatrie, Majda revient chez ses parents qu'elle n'a pas vus depuis 3 ans et le récit commence.

J'ai aimé ce roman court (140 pages) pour son écriture, pour les titres de ses chapitres (des phrases polies, poétiques, parfois énigmatiques) pour la force de son histoire, pour ce personnage blessé auquel on vola son devenir. Il eut peut-être suffi d'une parole libérée...

Ce livre est fort et troublant. En peu de choses, il raconte beaucoup avec grand talent.

Extrait

"Elle leur avait manqué, mais ils n'en parlaient pour ainsi dire jamais. Les douleurs restaient tues, empêchées derrière un voile de fausse indifférence, dévastant tout. S'il était possible de lire la douleur à travers les corps, comme sous l'effet des rayons X, on aurait vu, à l'endroit des deux cœurs, la douleur dans sa représentation la plus forte."

Bonnes et belles lectures tout au long de 2018.

JC Togrège
18/02/2018

Le comité de lecteurs de Bazancourt avec Samira Sedira - Belgique 19/05/2018






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