LES SOUVENIRS
JEAN PAUL ROUVE
D'APRES LE ROMAN DE DAVID FOENKINOS
Le réalisateur a su trouver les acteurs qui correspondent parfaitement aux personnages du roman.
Annie Cordy y démontre qu'elle est une bonne actrice dans le rôle difficile de cette femme qui vieillit et que ses enfants ont placé en maison de retraite de laquelle elle s'évade. Michel Blanc, Chantal Lauby et Mathieu Spinosi m'ont également convaincu pour ce film intelligent, sensible, plein d'humour et de vie.
Toute personne ayant dû fréquenter les maisons de retraite remarquera comme tout cela sonne "juste".
Ce film est sorti en 2015 à l'écran.
J'en profite pour publier ci-dessous une chronique que j'avais écrite en 2011 après avoir lu le roman.
JC Togrège
04/08/2017
Chronique du livre : Les souvenirs de David Foenkinos :
Autant vous l’avouer tout
de suite, je ne connaissais absolument rien de cet auteur, voilà quelques mois,
avant de l’avoir vu dans une émission littéraire un dimanche matin. David
Foenkinos m’est alors apparu comme quelqu’un de décalé, de
« lunaire », quelqu’un qui devait avoir une petite musique différente
dans ses mots. Je me suis alors précipité sur son livre « les
souvenirs » pour vérifier l’exactitude ou non de ma première impression.
La partie du roman que j’ai
préférée est celle où il parle de cette grand-mère qui se retrouve malgré elle
en maison de retraite où elle ne se résignera pas à demeurer, et ce jusqu’à
s’en «évader ». Cette grand-mère nous dit « On devrait vieillir
avec la beauté. Ou plutôt, on devrait se soulager de la vieillesse par la
beauté... On devrait voir de belles personnes, de beaux paysages, de beaux
tableaux. J’ai vu tant d’horreurs dans ma vie. Pourquoi dois-je assister
maintenant au spectacle du délabrement des autres ? »
David Foenkinos sait bien
décrire ce sentiment ambivalent chez les bien portants pour qui la visite d’un
être vieillissant ou malade devient un devoir difficile. Nous devenons ce qu’il
appelle des « veilleurs de chagrin »
"...j’allais de moins en
moins voir ma grand-mère. Je mettais ça sur le compte de la légère déprime que
je traversais ; on ne peut pas entrer dans une maison de retraite si on
n’est pas solide moralement. Mais au fond je crois que la raison était tout
autre. Quoi qu’il arrive, on finit par espacer ses visites. Et le mouvement de
désertion était collectif (mon père aussi passait moins souvent). Au départ,
j’allais la voir deux ou trois fois par semaine. Puis, j’étais passé à un
rythme hebdomadaire, avant de me diriger lentement vers une apparition
bimensuelle. Le plus terrible, c’est qu’il ne s’agit pas d’une question de
disponibilité. J’aurais très bien pu lui rendre visite plus souvent. Mais
récemment, j’avais éprouvé un grand malaise en allant la voir. Il était arrivé
que nous n’ayons pas grand-chose à nous dire, et ces occasions-là m’étaient
apparues comme des supplices. Ma grand-mère pouvait être dynamique, vivante,
drôle même, et je sentais bien qu’elle faisait un effort particulier avec moi,
mais la plupart du temps nos moments consistaient à parcourir le terrain
immense de la solitude. Je n’inventais plus des histoires comme j’avais pu le
faire auparavant, mais tentais de venir avec un petit réservoir d’anecdotes.
Des mots prévus pour combler le vide. Mais est-ce si important ce que nous
avons à nous dire ? Parfois la simple présence suffit. Mon grand-père
m’avait dit avant de mourir : « reste encore un peu » Il
était mourant, il n’y avait plus de discussion à avoir, et pourtant il a
exprimé le désir de ma présence. Alors pourquoi étais-je en train d’abandonner
ma grand-mère ? Plus tard, cela deviendrait une obsession. Cette question
de la grande vieillesse. Que veulent les vieux ? Ils s’isolent lentement,
sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des
conversations disparaît. Et on est là, comme des veilleurs de chagrin.
" Peut être que la
caractéristique majeure du bonheur est d’accélérer le temps ? »
Je vous souhaite de belles
lectures
13/11/2011
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