mercredi 24 octobre 2018

LIVRE /// AU PLAISIR DE DIEU - JEAN D'ORMESSON : un joli titre pour un récit foisonnant !

AU PLAISIR DE DIEU
JEAN D'ORMESSON



" Au plaisir de Dieu", joli titre non ?

De ces titres sur lesquels l'on peut s’appesantir avant d'entrer dans le récit, tant chacun peut y laisser courir son imagination.

C'est en soi une réussite d' accaparer ainsi l'attention par quelques mots si bien associés. De suite, nous voilà intrigués, comme par la vue d'un beau plat.

En réalité, il s'agit de la devise d'une vieille famille aristocratique.

Le roman étant à la hauteur du titre, c'est un livre qu'il est plaisant de lire à haute voix (ce que j'ai fait pour partie) pour en apprécier la qualité de l'écriture.




  Curieusement, en le commençant,  j'avais l'impression d'entendre la voix et le phrasé si caractéristiques de Jean d'Ormesson, homme cultivé qui parlait si bien notre langue.
 
"Je suis né dans un monde qui regardait en arrière".

Cette première phrase courte exprime de façon épatante l'histoire de cette famille... Eh oui, je cède à la facilité, sous la forme d'un clin d’œil bien appuyé, en utilisant ce mot si souvent utilisé par Jean d'Ormesson dans les interviews.

Cette lignée aristocratique traverse les siècles dans le culte de la famille, de Dieu et du domaine à Plessis-les-Vautreuil jusqu'au XXe siècle où elle sera fracassée par des temps à l'opposé de ses valeurs. 

Ce roman est foisonnant et passionnant car nous faisant partir de l’aïeul fondateur (Eléazar 1073/1160) jusqu'à des personnages contemporains. Tous les épisodes de l'histoire y sont abordés : la fin des privilèges, les rapports maîtres-serviteurs, la montée de la bourgeoisie, l'affaire Dreyfus, le capitalisme, la guerre, le socialisme etc.

Il est si dense qu'il est impossible d'en faire un résumé en quelques lignes, et d'ailleurs ce serait vous en gâcher le plaisir. J'ajouterai simplement que j'y ai mis de nombreuses croix au crayon, c'est un signe...


Extrait : "Ah ne quittons pas tout de suite, voulez-vous ? l'écrasement de l'été à Plessis-les-Vaudreuil! Que j'écoute, une fois de plus, derrière mes persiennes mi-closes, les éblouissements du soleil sur les parterres de fleurs, sur le gravier du perron. Le matin, en m'éveillant, c'était d'abord au son que j'apprenais le ciel, sa couleur, son humeur, qui, tout au long de la journée, serait aussi la mienne. J'écoutais le soleil. Il était déjà haut et chaud. Il s'y mêlait une rumeur que j'entends encore, en écrivant ces lignes, toute faite de silence, d'eau qui coule quelque part sur les fleurs et les gazons, de râteaux et d'abeilles. Je fermais les yeux. C'était le bonheur. Le roi, la république, la patrie et les francs-maçons, la guerre, l'argent, les mœurs, tout s'évanouissait de ce qui meublait notre monde. Il ne restait que le bonheur dans la pureté de l'instant."

Bonnes et belles lectures

JC Togrège
24/10/2018







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