mercredi 12 décembre 2018

LIVRE /// TANGENTE VERS L'EST - MAYLIS DE KERANGAL

TANGENTE VERS L'EST
MAYLIS DE KERANGAL


Voilà un format de lecture qui ne m'est pas coutumier puisque ce court roman ne compte que 127 pages.

Je l'ai d'abord commencé un soir de fatigue mais sans résultat.
En le reprenant ensuite, j'ai compris mon erreur. C'est un livre qui, de par la longueur des phrases et son rythme de récit, doit se lire lentement. Et si possible à haute voix, ce que j'ai fait.

Cette lecture lente m'a permis d'apprécier le style et de rester plus longtemps avec les personnages d'Aliocha et Hélène qui vont se rencontrer dans le Transsibérien.

 Aliocha et Hélène n'ont rien en commun, même pas la langue et pourtant une solidarité va naître.


Aliocha est un jeune homme russe de 20 ans en partance pour la Sibérie pour y effectuer son service militaire. Très vite, il conçoit l'idée de fuir, de déserter.

Quant à Hélène, française de 35 ans, elle fuit un amant et un pays qu'elle ne supporte plus.

Alors qu'ils ne parlent pas la même langue, ils vont se rencontrer à travers cette envie de prendre la tangente et parvenir à communiquer dans le roulis de ce train en partance pour la Sibérie.

Extrait : "C'est la fin de l'après-midi, le ciel tourne cendre. La lucarne arrière est de nouveau libre. Sans attendre, Aliocha s'y poste, happé par cette focale unique sur le monde, comme un œil que l'on aurait derrière la tête, fasciné par la vision du chemin de fer qui blinde à rebours dans le fond du paysage, ruban strié alternant le clair et le foncé, stroboscope éclairant son visage, et bientôt, hypnotisé, il touche ce point de l'espace où la forêt avale les rails encore chauds, engloutit les traverses en un puits de mystère, peu à peu il oublie le wagon, oublie les gars qui fument dans son dos et l'odeur des peaux qui ventousent les parois à force de suer, il n'est plus que ce point de fuite qui dévore l'espace et le temps, coïncide avec lui, s'en obsède, prêt à verser lui aussi dans le grand trou noir, à y basculer tête la première, tout plutôt que la Sibérie, tout plutôt que la caserne, si concentré en cet instant qu'il n'entend pas les deux types qui s'approchent derrière lui et ventres en avant le bousculent, le prennent en sandwich, puis brusquement le repoussent et le pressent contre la cloison comme s'ils voulaient y enfoncer son corps."

 J'ai aimé ce livre pour cette histoire de rencontre et de fuite, pour la description des paysages et pour ce récit au rythme du train.

Maylis de Kérangal est également l'auteur de "réparer les vivants" que j'avais fortement apprécié.

 http://leschroniquesdejctogrege.blogspot.com/2016/11/livre-reparer-les-vivants.html

Bonnes et belles lectures

JC Togrège
12/12/2018

1 commentaire:

  1. Vous me donnez envie d'emporter ce petit livre en vacances
    Votre première impression m'a rappelé celle que j'avais eue après les premières pages d'un de ses précédents romans "A ce stade de la nuit". Pour apprécier, il faut prendre le temps, le rythme, lire à haute voix est une très bonne approche.
    Merci

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