vendredi 12 juillet 2019

LIVRE /// KHALIL - YASMINA KHADRA : un livre sur le terrorisme

KHALIL
YASMINA KHADRA



Yasmina Khadra est un auteur que j'apprécie beaucoup pour sa plume (très littéraire) mais aussi pour les thèmes contemporains qu'il aborde. Il est rare que je sorte déçu d'un de ses livres.

Celui est loin d'être facile car nous suivons le parcours de Khalil, terroriste  du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, celui dont la charge n'a pas explosé. Comble de la difficulté, c'est lui qui est le narrateur de l'histoire. Utiliser le "je" dans ce type de récit n'est pas aisé car l'on pourrait vite tomber dans le manichéisme ou l'empathie. Or Yasmina Khadra cherche à comprendre !

Cette expérience avait déjà été menée dans "La nuit du Raïs" où il se mettait dans la tête de Kadhafi. Ce n'était pas le roman que j'avais préféré. Celui-ci me semble plus fort même s'il est beaucoup plus dérangeant.



Ce serait si simple si ce Khalil n'était qu'un simple salaud...
Certes, il est menteur et opportuniste, n'hésitant pas à se servir de sa famille ou de ses amis dans sa fuite, prêt à tuer des innocents pour la "cause".

Or c'est loin d'être aussi simple que cela, si bien que ce récit m'a mis parfois mal à l'aise.
J'ai pensé à la chanson de Gauvain Sers " Mon fils est parti au Jihad"

Et puis, il y a chez Yasmina Khadra un humanisme qui lui permet de croire à la rédemption...


Bref, ce récit captivant (il est difficile de le lâcher !) et bien écrit n'est pas de ceux qu'on oublie.
Il est même tellement dérangeant que cela fait se demander : alors j'ai aimé ou pas, qu'est-ce qu'il y a de si perturbant ? 

En somme un livre qui inquiète et fait se poser des questions  !

Extrait : " Dans mon rêve, j'errais au milieu d'une clairière obscure. Les arbres alentour étaient dénudés. Leurs branches rappelaient des griffures. L'endroit était lugubre. Une brume cendrée s'accrochait aux buissons. Au bout d'un sentier raviné d'ornières, Driss m'attendait, nu de la tête aux pieds. Il était maigre, le visage couleur de poussière, le torse tailladé. A côté de lui, un sanglier se vautrait dans ses entrailles, la gueule ouverte. J'avais froid. Mes pieds s'enfonçaient dans la fange. Driss me souriait tristement. "C'est pas la joie", me dit-il. Il me montra ses mains d'où s'échappait une fumée blanche. Soudain, surgissant de la brume, une hache ensanglantée fendait l'air dans ma direction.
Je me réveillai en sursaut."

Bonnes et belles lectures estivales

J-C Togrège
12/07/2019

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