LE JEU DES OMBRES
LOUISE ERDRICH
Etant plongé dans "le silence du vent" de Louise Erdrich, je publie une chronique que j'avais écrite en 2014 sur un autre de ses romans découverts par hasard sur un lieu de vacances :
----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Surprise
fort agréable en arrivant dans le gîte loué en Ardèche que d’y découvrir en
accueil une bouteille de rosé, une autre de jus de pomme et quelques fleurs sur
la table. Preuve d’une hospitalité sympathique déjà rencontrée par ailleurs
(mais pas souvent), mais avec cette fois-ci une note littéraire supplémentaire d’une petite bibliothèque contenant une
cinquantaine de romans allant de Balzac à Orwell en passant par Sartre mais
aussi par des auteurs contemporains tels Louise Erdrich. Attention de fort bon
goût !
Bien sûr, il
n’est pas concevable de partir en vacances sans livres et instruments (nous
avions les deux dans nos bagages), mais l’inattendu est plaisant et ouvrir un
roman un peu au hasard, quelle belle aventure ! Cumuler la découverte
d’une région et d’un auteur, c’est comme gagner deux fois à la loterie.
Irène qui
tient depuis des années son journal intime découvre que son mari (peintre
reconnu) le lit, ce qu’elle ressent comme une trahison impardonnable. Alors,
pour le punir, elle va tenir deux journaux, l’un destiné à ronger son époux
dans lequel elle recourt même à des mensonges pour faire mal, et l’autre, le
vrai, qu’elle cachera dans un coffre à la banque.
« Quand je t’imagine descendant l’escalier
pour aller dans la pièce où j’écris, et sortant mon journal de derrière les
vieux dossiers, je ressens des choses insupportables. Je sais que c’est le
genre de violation mineure dont d’autres se remettraient.
Mais pour moi…
Là, Irène s’arrêta et se tordit les mains, qu’elle avait sèches et froides. Elle était glacée jusqu’aux os et se mit à trembler. Elle renfila son manteau et continua.
… c’est une question de vie ou de mort.
Tu vas lire ce que j’ai écrit à propos du moment où tu as soudain tout révélé, le moment où j’ai compris qui tu es vraiment. Mais il n’y a pas eu de moment. Tu devrais le savoir. »
Mais pour moi…
Là, Irène s’arrêta et se tordit les mains, qu’elle avait sèches et froides. Elle était glacée jusqu’aux os et se mit à trembler. Elle renfila son manteau et continua.
… c’est une question de vie ou de mort.
Tu vas lire ce que j’ai écrit à propos du moment où tu as soudain tout révélé, le moment où j’ai compris qui tu es vraiment. Mais il n’y a pas eu de moment. Tu devrais le savoir. »
Le couple va
alors se déchirer par l’intermédiaire de mots
vengeurs écrits par l’une et lus en cachette par l’autre.
Gil est
obsédé par une citation de F. Scott Fitzgerald « Il ne nous est pas donné de connaître ces rares moments où les autres
sont totalement ouverts et où le moindre contact peut flétrir ou guérir. Une
seconde trop tard et nous ne pourrons plus jamais les atteindre en ce
monde… »
Ce couple va
osciller entre l’attraction et la détestation sous le regard un peu perdu de
leurs trois enfants qui seront également un enjeu dans ce duel psychologique.
Ce livre,
c’est aussi des passages sur la culture des Indiens (leurs coutumes, leur
décimation, leur survivance aujourd’hui), car cette romancière en a fait un
sujet récurrent de son œuvre de par ses origines mixtes.
Bonne et
belle lecture
JC Togrège
11/09/2014
11/09/2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire