vendredi 9 juin 2017

LIVRE /// LE COTE DE GUERMANTES - PROUST -

LE COTE DE GUERMANTES
MARCEL PROUST

 
 

Eh non, je n'avais pas arrêté la lecture de Proust, mais je dois reconnaître que ce 3ème roman (volumineux - 800 pages)  m'a quelque peu résisté, notamment dans sa deuxième partie.

Nous retrouvons maintenant notre narrateur jeune homme qui découvre la vie parisienne des salons de la fin du XIXème siècle. Comme ce fut le cas dans les deux précédents romans, le voilà de nouveau épris, et cette fois-ci de Mme de Guermantes. Il usera de nombreuses combines et relations pour être admis dans son cercle où il est si difficile d'être invité.

Avec ce jeune homme mondain, oisif et quelque peu devenu superficiel, nous pénétrons dans différents salons et découvrons la vacuité, les préjugés, les perfidies, les médisances, la bien-pensance de cette société qu'on appelait alors celle des "gens du monde".

 Marcel Proust ne les épargne pas, les montrant avec humour dans toute leur bêtise, snobisme et méchanceté. Il y est aussi fait état de l'affaire Dreyfus, l'opinion étant partagé entre "Dreyfusards" et "anti-Dreyfusards". Nombre des gens de ce milieu faisaient  état d'un antisémitisme qui était alors fort répandu.

Notre narrateur lui-même s'étonnera de ne pas trouver dans ces lieux si prisés davantage de conversations de haute volée, tout en restant ébloui par Mme de Guermantes.

Alors certes, chez Proust, il y a toujours ce style inégalé, des analyses fines, des remarques et réflexions qui interpellent, de l'humour d'une grande finesse, et c'est encore le cas dans ce roman.

Certes, nous voyons apparaître le baron de Charlus, personnage fantasque qui prendra une place plus importante dans les romans suivants.

Certes, il y a la maladie de la Grand-mère, l'amitié avec Saint Loup,

Certes, lire un autre auteur derrière Proust peut toujours sembler fade,

Cependant, j'avoue que des centaines de pages consacrées aux discussions dans les salons  (dont un certain nombre sur la généalogie car c'est à celui qui se glorifiera le plus d'être de souche "noble") ont failli terrasser mon envie de continuer ma lecture.

Aurais-je poursuivi si je n'avais pas l'intention de découvrir la suite de " la recherche du temps perdu" dans les romans suivants ?

Ne vais-je pas me faire conspuer pour oser dire cela du grand écrivain ?
De quel droit, est-ce que je peux évoquer l'ennui en parcourant un style d'une telle qualité ?
En somme, n'est-ce pas un crime de lèse-majesté ?

Je vous laisse juge...

Extrait :


" Quelques heures plus tard, François put une dernière fois et sans les faire souffrir peigner ces beaux cheveux qui grisonnaient seulement et jusqu'ici avaient semblé être moins âgés qu'elle. Mais maintenant, au contraire, ils étaient seuls à imposer la couronne de la vieillesse sur le visage redevenu jeune, d'où avaient disparu les rides, les contractions, les empâtements, les tensions, les fléchissements que, depuis tant d'années, lui avait ajoutés la souffrance. Comme au temps lointain où ses parents lui avaient choisi un époux, elle avait les traits délicatement tracés par la pureté et la soumission, les joues brillantes d'une chaste espérance, d'un rêve de bonheur, même d'une innocente gaîté, que les années avaient peu à peu détruits. La vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie. Un sourire semblait posé sur les lèvres de ma grand-mère. Sur ce lit funèbre, la mort, comme le sculpteur du Moyen Age, l'avait couchée sous l'apparence d'une jeune fille."




Bonne et belle lecture

JC Togrège
09/06/2017



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