samedi 28 octobre 2017

THEATRE /// LA COMPAGNIE DES ELLES - ECLIPSE -

LA COMPAGNIE DES ELLES
ECLIPSE


Mise en scène : Isabelle Jolly-Hélary
Décor : Denis Petitpas





Je vais assez rarement voir du théâtre amateur souvent spécialisé dans le boulevard, ce qui ne m'attire guère sauf exception.

Et puis, je trouve que l'art de la comédie supporte mal l'à peu près, ce qui n'enlève en rien le mérite de ceux qui s'y adonnent.

Avec "la Compagnie des Elles", c'est tout le contraire ! Nous avons là une troupe de qualité qui joue bien et juste, choisissant avec soin ses pièces qui ont toujours du fond.








Sur leur site, l'on peut lire qu'il s'agit " d'une troupe de théâtre amateur qui a choisi d'explorer l'univers féminin théâtre ... sans pour autant en exclure les rôles masculins"

Avec leur nouvelle pièce "Eclipse" adaptée d'un texte de "Passions et prairies" de Denise Bonal, il est question d'une mère vieillissante que ses filles ne peuvent (ou ne veulent ?) prendre en charge. Lors d'un déjeuner sur l'herbe les réunissant avec leur conjoint pour assister à une éclipse solaire, alors qu'elles songent à lui parler de maison de retraite, leur mère leur fera part d'un projet qui va les sidérer.

L'on rit  à certaines répliques bien amenées, l'on y réfléchit sur la place et le sort que nous réservons à nos personnes âgées, l'on apprécie le jeu des comédiens et comédiennes dans un décor sobre où les uns et les autres évoluent aisément.

Encore une belle réussite pour la Compagnie des Elles, bravo !

JC Togrège
28/10/2017

dimanche 22 octobre 2017

LIVRE /// QUAND SORT LA RECLUSE - FRED VARGAS : un livre qu'on n'arrive pas à lâcher !

QUAND SORT LA RECLUSE
FRED VARGAS
 



Je vous ai déjà parlé de Fred Vargas, alors qu'en dire de plus qui ne soit pas redondant ?

Peut-être, est-il bon d'insister sur le fait que nous avons là une romancière qui est populaire tout en écrivant des livres de qualité, très originaux, qui ne sont pas un copier-coller du précédent. Elle n'exploite pas un filon, trop respectueuse du lecteur pour cela !




Mon épouse et moi avons entrepris de lire ou relire tous ses livres dans l'ordre de publication. Madame commence, puis c'est à mon tour, nous restons ainsi au même niveau de lecture. Inutile de vous dire que nos conversations tournent alors autour de Danglard, Adamsberg, Retancourt et autres, comme s'il s'agissait de familiers du couple, sans oublier les animaux (dont le chat du commissariat "La Boule") qui prennent une place de plus en plus importante.

Ceci permet de voir à quel point Fred Vargas a progressé tant dans l'écriture que dans la complexité de ses intrigues et de tout ce qui gravite autour du quotidien dans lequel elle sait distiller un peu de poésie. Quant à ses énigmes, il est à noter que leur dénouement reste toujours crédible, contrairement à nombre de thrillers dont l'action est intéressante mais qui se terminent avec une fin en pschitt, pas convaincante, presque bâclée. Rien de cela chez Fred Vargas !

J'avoue que j'avais commencé par un de ses premiers romans et n'avais pas alors compris l'engouement de ses admirateurs. Heureusement un autre de ses livres m'avait ensuite envoûté et acquis à sa cause.

Mais arrivons-en un peu au sujet de "Quand sort la recluse". Le commissaire Adamsberg, après un séjour en Islande, revient à Paris. Sa curiosité est attirée par des morts curieuses de personnes âgées ayant succombé à des piqûres de "Recluse", sauf qu'habituellement le venin de ces araignées aimant se cacher (d'où ce nom de "Recluse) n'est pas mortel....
La Recluse désignait aussi au Moyen-Age ces femmes qui se faisaient emmurer à vie dans des espaces très réduits pour consacrer leur vie à Dieu.

J'évoquais la place croissante des animaux dans ces récits. C'est le cas dans celui avec la naissance de merles qui va entraîner une mobilisation de l'équipe d'Adamsberg pour permettre leur survie. Avouez que ce n'est pas habituel et que cela rend très vite sympathique un commissariat !

Arrivé au deux tiers du livre, j'avais une petite idée du meurtrier qui se révéla en partie vraie, mais en partie seulement. De toute façon, l'attrait pour ses romans ne repose pas que sur la résolution de l'enquête.

Ecore un très bon cru de l'écrivain avec un livre qu'on n'arrive pas à lâcher!

Tant pis si vos nuits s'en trouveront raccourcies, n'hésitez pas, c'est tout à fait prenant.

Extrait : "Adamsberg, assis sur un rocher de la jetée du port, regardait les marins de Grimsey rentrer de la pêche quotidienne, amarrer, soulever les filets. Ici, sur cette petite île islandaise, on l'appelai "Berg". Vent du large, onze degrés, soleil brouillé et puanteur des déchets de poisson. Il avait oublié qu'il y a un temps, il était commissaire, à la tête des vingt-sept agents de la Brigade criminelle de Paris, 13ème arrondissement. Son téléphone était tombé dans les excréments d'une brebis et la bête l'y avait enfoncé d'un coup de sabot précis, sans agressivité. Ce qui était une manière inédite de perdre sans portable, et Adamsberg l'avait appréciée à sa juste valeur."

Bonne et belle lecture

JC Georget
22/10/2017



samedi 21 octobre 2017

CINE /// ÔTEZ-MOI D'UN DOUTE : Une comédie drôle et sensible

ÔTEZ-MOI D'UN DOUTE
DE CARINE TARDIEU

Avec François Damiens, Cécile de France, Guy Marchand, André Wilms, Estéban, Alice de Lencquesaing




Quelle bonne surprise !

Alors que le cinéma français donne souvent dans la comédie lourdingue, vulgaire, pas drôle, vide de sens, mal réalisée et au scénario bâclé, voici tout le contraire avec ce très joli film pour qui c'est tout le contraire.

Pour combien de comédies, ne se dit-on pas, ah oui pourquoi pas, on la verra en DVD. Eh bien, celle-ci mérite d'être vue en salle, croyez-moi !




Sur le thème de la filiation, de la paternité, Carine Tardieu a su réaliser une comédie drôle et sensible. Nous passons de l'émotion (sans pathos !) à une réplique amusante qui aussitôt désamorce la sensiblerie et donne un bon rythme au récit. Le ton décalé d'Estéban (dans le rôle de Didier, jeune homme quelque peu benêt mais pas que...) contribue largement à cette situation.

J'apprécie de plus en plus l'épaisseur que donne François Damiens à ses personnages, c'est encore le cas ici avec cet homme qui apprend lors d'un examen ADN que son père n'est pas son père biologique. Il pense tout d'abord que cela ne l'affecte pas puis finalement part alors à la recherche de son géniteur... Son duo avec Cécile de France sonne très juste alors que construit sur des personnalités très différentes.

D'ailleurs tous les acteurs sont bons, les premiers rôles comme les seconds.
Et puis, quelle bonne surprise de retrouver Guy Marchand en marin vieillissant mais toujours alerte !

Un rire de qualité et des émotions intelligentes, c'est cela que nous apporte ce film hors des clichés et des sentiers battus, le tout pour nous permettre de réfléchir sur un sujet important.

L'on sait bien qu'un film réussi fait beaucoup plus que nombre d'articles sérieux...

Côté bande musicale, cela nous a permis de réentendre une très belle chanson de Serge Reggiani : Ma fille.

https://www.youtube.com/watch?v=SR_ejfbHaWw


Cinéphilement vôtre

JC Togrège
21/10/2017








mardi 17 octobre 2017

CINE /// LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT ONT 50 ANS ET PAS UNE RIDE !

LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT
JACQUES DEMY

Avec : Françoise Dorléac, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Gene Kelly, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Geneviève Thénier, Georges Chakiris, Grover Dale, Henri Crémieux, Jacques Riberolles, Dorothée Blanck

Françoise Dorléac et Catherine Deneuve
sœurs à l'écran comme dans la vie


Les Demoiselles de Rochefort ont cinquante ans et ... pas le début de l'apparition d'une première ride !

Comme toutes les grandes œuvres, elle est intemporelle et indémodable puisque hors mode.

Ce film de 1967 de Jacques Demy demeure d'une jeunesse éclatante. Il est virevoltant, tout en couleurs, dansant, chantant, musical, joyeux et romantique. Les chorégraphies sont dynamiques, bluffantes et très bien filmées. L'on y parle d'amour aussi...

Une comédie musicale française qui s'offre le prestige d'avoir à son affiche Gene Kelly, figure emblématique des comédies musicales américaines hollywoodiennes.





Les sœurs jumelles incarnées par Catherine Deneuve et Françoise Dorléac resteront à jamais celles qui chantent : " Nous sommes deux sœurs jumelles nées sous le signe du gémeau, mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol ré do".
L'une donne des cours de danse, l'autre de musique mais cela ne leur suffit plus, la suite vous la connaissez.

Danielle Darrieux, qui joue la mère des Jumelles et de Boubou, fut la seule à ne pas être doublée pour le chant.

Ce film est un remède contre le blues et la morosité !

Vous avez un coup de déprime ? Vous ne vous sentez pas bien, la vie vous semble pesante ? Vite, il vous faut revoir ce film et vous en sortirez le sourire aux lèvres en vous disant " Bon, alors va t'il enfin rencontrer son idéal féminin ce peintre-poète ?" Et tout le reste vous semblera bien vain...


Si ce film est jubilatoire, certes nous le devons à Jacques Demy et son art de réalisateur, mais aussi à la musique de Michel Legrand qui est l'un de nos plus grands compositeurs. Comment se fait-il qu'on oublie si souvent en France que l'on a un grand Jazzman de cette qualité ? N'est-ce pas le moment de réécouter ses chansons ("Les moulins de mon cœur"), ses musiques de film ("L'été 42" est une splendeur !) ?


 Ce n'est pas un hasard si le réalisateur de "Lalaland" dit adorer "Les demoiselles de Rochefort". Il y a comme une filiation entre ces deux films dispensateurs de bonheur.

https://www.youtube.com/watch?v=poBN4_0UieA

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
17/10/2017

samedi 14 octobre 2017

ROMAN /// AU REVOIR LA HAUT : un roman, une BD et un film pour trois réussites !


AU REVOIR LA-HAUT

DE PIERRE LEMAITRE

 

 
 
Extrait :
 
 « Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu’à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu’elles s’écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande. »

 
 
 
 
 
Quand un livre commence avec ces lignes, l’on comprend tout de suite qu’on a affaire à un ton particulier, signe d’un véritable romancier, ce qui s’avérera jusqu’à l’épilogue. Son écriture est efficace, nette, précise et non dénuée d’humour noir.

 Avant ces quelques lignes, il y a aussi cette très belle épigraphe qui donnera son titre au livre :« Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse... ».  Ces phrases sont extraites d’une lettre écrite le 4 décembre 1914 par Jean Blanchard  qui fut fusillé pour l’exemple puis réhabilité en 1921.

 Le récit commence en novembre 1918, peu de temps avant l’armistice. Pour le soldat Albert Maillard c’est le début de l’espoir de se sortir vivant de cette boucherie, pour le lieutenant d’Aulnay-Pradelle c’est l’urgence de se distinguer quitte à envoyer à la mort ses soldats. Ce sera l’assaut meurtrier de la cote 113 scandaleuse à plus d’un titre !

 Puis viendra la paix, la démobilisation et le retour à la vie civile pour nombre d’estropiés et « gueules cassées » de cette guerre des tranchées, avec la difficulté à se réinsérer. C’est qu’il est difficile de sortir indemne de corps et d’esprit après avoir vécu et vu tant d’horreurs et d’ignominies. Cette période d’après-guerre nous sera présentée par le romancier avec beaucoup d’intérêt.

 Parmi les protagonistes de l’histoire, tout réussit à Henri d’Aulnay-Pradelle qui, après un riche mariage, trempe dans des magouilles totalement immorales se faisant sur le dos de l’Etat et des soldats morts. Pour lui , tout est bon pour s’enrichir et restaurer son domaine. « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. »

 A contrario Albert Maillard et son camarade Edouard sont dans la pauvreté, comme nombre d’anciens « Poilus » jusqu’à ce qu’une idée germe dans l’esprit du second : vendre des monuments aux morts aux communes ! Les vendre, non les construire...

 Ce livre, qui a obtenu le prix Goncourt 2013, est véritablement captivant du début à la fin et nous suivons avec suspens les deux escroqueries dont l’une est vraie et l’autre fictive, mais tout aussi révélatrices de l’immoralité du monde. 
 
Une adaptation en BD en a été faite en 2016 avec des illustrations de Christian de Metter.
Assez peu de dialogues et de textes, juste ce qu'il faut pour suivre l'histoire racontée en bandes dessinées. Une belle réussite même si le récit est plus "réducteur" que dans le roman, ce qui me fait penser qu'il est préférable de lire d'abord le roman et ensuite la BD.  
 


 
Une œuvre déclinée sur deux supports (roman, BD) qui donne envie de voir maintenant la version cinéma avec Albert Dupontel.
 
Bonnes et belles lectures !
 
JC Togrège
14/10/2017
 

Ajout du 22/12/2017 :

Nous venons enfin de voir le film réalisé par Albert Dupontel, et c'est une réussite. Si vous ne l'avez pas vu, courrez-le voir, il est encore dans quelques salles !

Albert Dupontel , en tant que réalisateur, a totalement respecté l'esprit du livre et des personnages, tout en apportant quelques petites modifications dans le récit. 

Il en reste des images graves sur la guerre 14/18, des situations immorales, des envolées loufoques (mais pas tant que pouvait le suggérer la bande annonce) et l'esprit révolté de Dupontel toujours aussi bon comédien.

Il faut souligner la performance de Nahuel Perez Biscayart dont le jeu se fait par le regard (il ne peut plus parler !), la guerre ayant fait de lui une "gueule cassée" qu'il cache avec des masques plus ingénieux les  uns que les autres.

Un film qui accapare totalement l'attention, tant par le fond dramatique que par la forme visuelle inventive.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
 

 
 

vendredi 13 octobre 2017

CINE /// ÇA : Une adaptation réussie du roman de Stephen King


ÇA
ANDY MUSCHIETTI
 


De quoi avez-vous peur ?

Les romans de Stephen King ont été plus ou moins bien adaptés au cinéma et à la télévision. L'on y trouva du très bon (Shining et Misery par exemple) comme du très mauvais (surtout les téléfilms et là je ne donnerai pas de nom...). La balance pencha souvent vers le moyen, voire le médiocre hormis quelques pépites.
Pour cette  nouvelle version de "  Ça", l'inspiration et le budget n'ont pas fait défaut, les acteurs sont bons, le récit bien maîtrisé, la réalisation de qualité, ce qui en fait un bon film de 2h15 où l'on ne s'ennuie jamais.

Stephen King a par ailleurs fait savoir qu'il était satisfait de cette adaptation



 
Ceux qui ont lu l'œuvre en 3 tomes parue dans les années 80 ne seront pas déçus, quant aux autres ils ne verront plus jamais les clowns de la même façon (et surtout leur dentition !) puisque celui du récit tue les enfants en se nourrissant de leurs peurs.
L'esprit de bande des collégiens est bien rendu, avec ceux qui sont nommés le "clan des ratés" et  harcelés physiquement ainsi que verbalement par une bande "de grands" qui trouve drôle de se valoriser face à plus faible que soi. Je pense qu'on a tous connu dans l'enfance ce genre de "persécuteurs" jouant les gros bras pour oublier le vide de leur cervelle. Je dois reconnaître que ce genre de primaires se rencontrait davantage chez les garçons...
Le film est pour un large public et pas seulement réservé aux amateurs du gore ou de l'horreur. D'ailleurs, il y a peu de scènes sanguinolentes mais surtout une montée du suspense, de l'angoisse et des moments de tension bien amenés. 
Quelques réparties drôles émaillent également le récit avant une nouvelle montée d'adrénaline.

Alors si vous avez envie de voir une histoire bien racontée et insolite à travers ce combat du bien contre le mal qui est ,en somme, un passage initiatique vers le monde adulte...si vous aimez frissonner dans les salles obscures ... et si vous aimez les ballons, ce film vous ravira.

Un petit regret concernant le niveau sonore de certaines séquences.

Le générique mentionne "chapitre 1" ... 
 


Le roman en trois tomes : une bonne occasion de le relire.


Cinéphilement vôtre

JC Togrège
13/10/2017
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mardi 3 octobre 2017

LIVRE ILLUSTRE /// 14/18 /// CEUX DE 14 - MAURICE GENEVOIX - ILLUSTRATIONS DE BERNARD PUCHULU

CEUX DE 14 DE MAURICE GENEVOIX
ILLUSTRATIONS DE BERNARD PUCHULU
 
Après la lecture des œuvres de Roland Dorgelès (" Les Croix de bois") et d'Eric Maria Remarque      (" A l'ouest, rien de nouveau"),  j'ai poursuivi avec un livre illustrant le roman autobiographique de Maurice Genevoix.  Dans " Ceux de 14 ", l'écrivain y décrit minutieusement, à partir de ses notes, le quotidien, le calvaire des soldats dans les tranchées alors qu'il était lui-même lieutenant. C'est un témoignage de ses 9 mois de guerre avec la plume qu'on lui connaît.
 
Bernard Puchu a choisi d'illustrer des extraits du 4ème livre "les Eparges" correspondant à la bataille pour conquérir la crête des Eparges (Meuse). Pour cela, il a choisi des couleurs sombres, les couleurs vives n'apparaissant que pour souligner une explosion, le feu.
 
A travers un cadrage remarquable, il a su capter les émotions des poilus en soulignant un regard, une attitude. Il magnifie avec ses illustrations le texte littéraire de Maurice Genevoix.
 
C'est poignant, triste, bouleversant mais beau comme un tableau, c'est absolument magnifique.
 
Extrait : " Notre guerre... vous et moi, quelques hommes, une centaine que j'ai connus. On vous a tués, et c'est le plus grand des crimes. Vous avez donné votre vie, et vous êtes les plus malheureux. Je ne sais que cela, les gestes que nous avons faits, notre souffrance et notre gaieté, les mots que nous disions, les visages que nous avions parmi les autres visages, et votre mort."
 
En parallèle de ce livre, toujours dans l'exploration des "malles du passé", voici une partition patriotique (je pense qu'on peut même dire de propagande.)  publiée en 1915 et écrite par Camille Saint-Saëns pour la musique et par Michel Zamacoïs pour le texte.
 
 



La Française
Chant héroïque de la Grande Guerre


Qui donc parlait de décadence
Et de Français trop oublieux?
Les hommes de la jeune France
Ont surpassé tous leurs aïeux !
Par ses ennemis condamnée,
Quand la France poussée à bout
Vers le pays s'est retournée,
Elle a vu le pays debout.

En avant contre la traitrise
Des bandits sans honneur, sans foi;
Les alliés ont pour devise :
" La Justice et le Droit ! "

 
Cette partition avait été composée à la demande du "Petit Parisien" et offerte à ses lecteurs.
Il y figurait au dos de celle-ci : "Le Petit Parisien" se fait un honneur de doter la musique française d'un hymne synthétisant l'heure glorieuse que nous vivons. Ajoutons que la musique de M.Camille Saint-Saëns, animée d'un souffle ardent, est à la fois, large, émouvante, simple et facile. Tous ceux qui l'auront entendue une fois la retiendront. C'est le chant national de demain"
 
Sur une carte postale envoyée à sa famille , un canonnier en colère qui n'avait pas eu de permission depuis 12 mois écrivait le 28 juillet 1915 : Et on met "nos braves poilus" sur les journaux. Sacré tas de vaches, et tas de pourris, qu'ils y viennent un peu faire les braves ! (...)
 
 
Bonnes et belles lectures
 
JC Togrège
03/10/2017