mardi 29 décembre 2020

LIVRE /// ELLE S'APPELAIT SARAH

ELLE S'APPELAIT SARAH
TATIANA DE ROSNAY

Republication d'une chronique de 2012


L'on va dire que j'ai fait les choses à l'envers.

Contrairement à mes habitudes, j'ai livre ce livre après en avoir vu l'adaptation cinématographique, alors que tout lecteur le sait, on lit d'abord le livre et ensuite on peut en voir le film. 

Et encore, pour autant que le choix des acteurs corresponde plus ou moins à ce que notre imaginaire en avait fait. C'est ainsi que je n'ai jamais voulu regarder "Fanfan", car je ne pouvais pas imaginer l'actrice choisie pour le rôle. 

A chacun son adaptation personnelle, c'est l'une des forces de la lecture. L'on fait son casting soi-même !



J'ai fait exception en me plongeant dans le roman de Tatiana de Rosnay tant je voulais de nouveau côtoyer les deux personnages féminins principaux, Sarah et Julia. Deux personnalités riches au destin hors du commun qui sont restées dans ma mémoire.

D'un côté, Sarah, une petite fille d'une dizaine d'années qui enferme à clef son petit frère dans un placard lors de la rafle du Vél d'hiv, à Paris en juillet 1942. C'est la police française qui l'arrête, elle et sa famille; elle devrait vite pouvoir rentrer chez elle, voilà ce qu'elle croit. Elle ne peut absolument pas imaginer dans quelle tragédie elle va plonger.

De l'autre, 60 ans plus tard, Julia (parfaitement jouée par Kristin Scott Thomas), journaliste américaine vivant en France, est chargée de faire un reportage sur cette rafle du Vél d'hiv.

Les deux récits se déroulent parallèlement dans le roman, nous passons de l'un à l'autre au fil des chapitres. Ce découpage ajoute à l'intérêt du roman car les deux histoires vont s'imbriquer et lever des secrets familiaux, des non-dits. Plus rien ne sera comme avant.

Un épisode peu glorieux de la France est abordé par ce récit à deux voix servi par un style fluide, direct, efficace.

Cette fois-ci, ce n'est pas qu'un roman que je vous recommande mais également le film qu'en a fait Gilles Pasquet Brenner.

Bonne lecture

J-C Togrège
12/07/2012



CES AUTEURS QUI ONT DU STYLE : Franck Bouysse, Sandrine Collette, Jean-Louis Fournier, Fabrice Caro

 CES AUTEURS QUI ONT DU STYLE !


Hasard de mes dernières lectures qui va faire se croiser dans cette chronique des auteurs très différents mais qui ont un point commun indéniable, celui d'avoir une écriture, un ton et une narration bien à eux.

En clair, il s'agit d'écrivains contemporains qui n'écrivent pas comme tout le monde, et ceci pour le plus grand bonheur des lecteurs. Outre le fait qu'un auteur nous embarque dans une histoire, nous aimons plus que tout qu'il le fasse à sa façon à lui et qu'elle soit bien spécifique.

Commençons par  Franck Bouysse et sa très belle écriture littéraire : Franck Bouysse.

Après le magnifique "Né d'aucune femme" que je recommande à nouveau, voici son dernier roman : "Buveurs de vent"

L'histoire se déroule dans la vallée du Gour Noir complétement sous la coupe du propriétaire de la Centrale; rien ne se fait sans son accord, c'est chez lui que chacun travaille directement ou indirectement. Cela fait penser un peu à un western d'antan.

Nous allons suivre quatre jeunes gens issus d'une même famille, trois garçons et une fille, très différents les uns des autres mais très liés.

Leur complicité se  matérialise depuis longtemps dans leur pratique de se suspendre chacun à une corde sur le rebord du viaduc...



Un drame rural noir avec une approche psychologique des personnages, et comme toujours une langue riche, imagée où même les scènes crues passent, tant elles sont bien écrites sans vulgarité ou facilité. 
Sans oublier une fin inattendue !

Autre auteur, ou plutôt autrice, ayant une grande imagination : Sandrine Collette.
Chacun de ses romans nous plonge dans un lieu et un cadre différents. Avec elle, c'est l'aventure assurée tant généralement elle fait preuve d'originalité. J'ai notamment beaucoup aimé : "Des nœuds d'acier", "juste après la vague", "six fourmis blanches".

Il est difficile de qualifier ses livres à mi-chemin entre le thriller et le conte noir.


Dans "Et toujours les forêts", elle aborde un sujet souvent abordé, celui d'un monde post-apocalyptique. 

Quand l''explosion se produit, Corentin se trouve dans une catacombe où il a fait la fête. Quand il en sort, c'est un paysage de désolation qui s'offre à lui. Il décide alors d'aller à la recherche de la vieille femme qui l'a élevé.

Certes, il y a le talent de Sandrine Collette, son art de nous attacher à son récit, notre addiction à savoir ce qui va se passer, son style lapidaire et tout cela fait que c'est un roman où l'on prend du plaisir.

Cependant, j'y préfère des livres comme "Mangevil" de Robert Merle, "La route" de Cormac Mc Carthy ou "le fléau" de Stephen King.



 Autre style avec l'humour grinçant et la tendresse de Jean-Louis Fournier à travers des chapitres courts et des phrases qui font mouche pour son dernier livre " Merci qui ? Merci mon chien".


S'il en est un  qui aborde tout thème d'une façon originale et décalée, c'est bien Jean-Louis Fournier. 
Faut-il rappeler "Où on va Papa ?", "Veuf" ou "Trop" ?

Dans celui-ci, où il rend hommage aux animaux qui ont partagé sa vie,  la tendresse est très présente. D'ailleurs le sous-titre en est "Tendre savoir-vivre avec les animaux".

Il y parle aussi de maltraitance, d'absence de considération, d'abandon, de souffrance, de la manière abjecte dont les animaux sont traités.

L'écriture se fait sous l'œil attentif de sa  chatte blanche "Artdéco", dont il nous donne les commentaires.



Extrait :
Je suis très triste.
Je rencontre un voisin qui s'étonne de me voir dans un tel état de tristesse. Pour me consoler, il ne trouve rien de mieux que cette phrase :
"C'est pas grave, c'était qu'une bête."
J'ai eu un instant la tentation de l'imaginer mort à mes pieds et de pouvoir lui dire :
"C'est pas grave, t'étais qu'un homme."

Terminons par un roman qui donne le sourire tant le style est désopilant : Broadway de Fabrice Caro.

Pour Axel, père de famille, tout commence par une lettre qu'il reçoit de l'assurance maladie l'invitant à passer un examen de dépistage du cancer corolectal destiné aux personnes de 50 ans et plus. Or il n'a que 46 ans. Pourquoi cet envoi ? Cela le perturbe !

 Et puis, il y a cette convocation à l'école pour un dessin obscène fait par son fils, cet ami insistant qui veut l'emmener en vacances.

Tout n'est pas facile pour ce père de famille qui ne sait pas dire non et qui a bien du mal à dire les choses.

Les tracas d'Axel sont racontés avec justesse et humour jusqu'à l'absurdité de certaines situations, de quoi nous faire passer un très bon moment, le sourire aux lèvres.





Tous mes vœux de bonnes et heureuses lectures en 2021 !

J-C Togrège
29/12/2020



mercredi 23 décembre 2020

LES EX-ENFANTS AIMENT TANT NOËL !

LES EX-ENFANTS AIMENT TANT NOËL


Si les ex-enfants aiment tant Noël, c’est parce qu’il leur permet de renouer avec leus premières années, du temps où leurs parents veillaient sur eux et organisaient leur confort.

Ils étaient dans la situation du « petit », celui que l’on protégeait, que l’on nourrissait, que l’on chérissait.

Nul besoin de gagner sa vie, de prendre des décisions, de payer les factures, d’endosser le costume dicté par la société, il suffisait d’être, de profiter de chaque jour, de jouer.

Se laisser « porter », c’était bien confortable, non ?

Si les ex-enfants aiment tant les festivités de Noël, c’est parce qu’ainsi ils oublient quelque temps la dureté des temps, les barbaries, le temps qui passe.


Ils se rappellent comme il était grisant de se faire raconter des histoires, comme il était bon d’y croire et de se laisser bercer par la voix du conteur.

Le monde pouvait être magique ! 

Si nous, les enfants des temps révolus, aimons tant les festivités de Noël, c’est parce qu’elles nous ouvrent à nouveau les portes du pays enchanté des contes dont nous avons perdu le chemin en grandissant.

C’est qu’une fois l’enfance envolée, il faut survivre, se prendre en charge, assurer son quotidien. Alors nous nous affublons du masque de la gravité et faisons semblant de nous intéresser à nos dossiers sans poésie.

Mais en nous, demeure le petit enfant avide de merveilleux…

 


J-C Togrège
18/12/2020

vendredi 18 décembre 2020

ALBUMS JEUNESSE : J'aime pas la danse - J'aime pas le foot

J'AIME PAS LA DANSE
J'AIME PAS LE FOOT

Texte de Stéphanie Richard
Illustrations de Gwenaëlle Doumont


Voici deux albums-jeunesse d'une grande fraîcheur, tant par les coloris et traits des dessins que par l'humour du texte. Ils permettent de battre en brèche des clichés sur les préférences selon que l'on serait garçon ou fille.

Plus largement, cela montre aux enfants que tous n'aiment pas les mêmes choses et qu'il faut respecter les goûts de chacun.




Eh non ! toutes les petites filles n'aiment pas la danse.

"Moi, j'aime pas la danse.
Mais Maman l'adore"

Vous aurez compris que le problème vient de la mère qui se projette dans son enfant et considère qu'elle doit aimer la danser tout comme elle. La maman est en extase devant le tutu de danseuse, elle s'y voit davantage qu'elle n'y voit sa fille.

La dessinatrice a eu la bonne idée d'allonger les jambes des personnages, ce qui accentue l'humour des situations.




De même, tous les petits garçons n'aiment pas le foot !

Je vais vous avouer ce que ce fut mon cas, ce qui me laissa un peu à l'écart dans les cours de récréation. 

Dans ce livre-ci, Lucien a trois frères et un Papa totalement accros au ballon rond. Ils n'imaginent pas un instant que leur passion ne soit pas partagée par tous les petits "mecs". Et alors, régulièrement, ils trainent Lucien à l'entrainement, lui qui est d'un tempérament plus rêveur.

Je suis resté totalement étranger à ce sport et écoute toujours avec grand plaisir la chronique savoureuse écrite par Pierre Desproges " A mort le foot !"... mais ceci est une autre histoire.


Ce deux albums peuvent être lus en parallèle, histoire de bousculer un peu les stéréotypes qui sont encore bien présents.

Dans cette collection, l'on trouve aussi "J'aime pas être belle", "J'aime pas être grand", "J'aime pas les super héros".

Bonne lecture.

J-C Togrège
18/12/2020 








vendredi 11 décembre 2020

DANS LA FAMILLE CHEDID, JE DEMANDE LA GRAND MERE

DANS LA FAMILLE CHEDID, 
JE DEMANDE LA GRAND MERE



Dans la famille Chédid, je ne vous parlerai pas des chanteurs M (le petit-fils) ou Louis Chédid (le père) mais d'Andrée Chédid (la grand-mère) poétesse et romancière de grand talent.


Commençons par "Le message" (paru en 2000)

Une jeune femme, Marie, marche vers le rendez-vous que lui a donné son amoureux par courrier. Après une brouille, la passion est la plus forte, ce sera leur réconciliation car ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre.

Cette jeune femme marche dans une ville meurtrie d'un pays en guerre et alors qu'elle est toute à la rencontre attendue, une balle tirée par un sniper embusqué l'atteint dans le dos. 

Gravement blessée, Marie n'aura plus qu'un seul désir, faire parvenir un message à son aimé pour lui dire qu'elle était en chemin et qu'elle l'aime. Y parviendra t-elle ? 

Je ne répondrai pas à cette question mais vous assure que ce texte est d'une grande profondeur. 


Ce court roman, très bien écrit, est vraiment bouleversant d'humanité par sa dénonciation de la guerre qui sépare les amants. Je dois le concéder, sa fin m'a arraché une petite larme.

Extrait : "Comment croire, comment prier, comment espérer en ce monde pervers, en ce monde exterminateur, qui consume ses propres entrailles, qui se déchire et se décime sans répit ?"

La force de cet écrit fut telle, qu'immédiatement, j'ai voulu rester dans l'œuvre d'Andrée Chédid avec son merveilleux poème "Destination : arbre." que je vous recommande.



Puis, j'ai relu "L'enfant multiple" qui date de 1989. 

Dans celui-ci, il s'agit de la rencontre de Maxime, qui tient un manège de chevaux de bois qui périclite, et d'un jeune enfant, Omar-Jo qui a quitté son pays en guerre pour Paris.

Alors qu'il a beaucoup souffert, cet enfant "multiple", va redonner vie à  cet homme sur le point de renoncer et faire du manège un lieu vivant grâce à ses "mises en scène", son aura.

Enfant multiple par ses origines, par son vécu et par ses talents, Omar-Jo a la force des faibles qui ne renoncent pas, la force des meurtris qui se relèvent.

Un personnage attachant et haut en couleurs dont nous découvrons le passé au fur et à mesure...


Je ne terminerai pas sans rappeler qu'Andrée Chédid a aussi écrit des textes de chansons dont  "Bonobo" et "Je dis aime" qui sont deux titres-phares de Mathieu Chédid (M).

Plus que jamais, je vous souhaite de belles lectures.

J-C Togrège
11/12/2020



vendredi 4 décembre 2020

FAMILLE DE HERISSONS AU JARDIN - 4 : EN DORMANCE

FAMILLE DE HERISSONS EN DORMANCE



Cela fait un long moment que nous n'avons pas vu  nos amis hérissons au jardin, car comme vous le savez ce sont des animaux qui hibernent dès que le froid se fait sentir. Ils ne ressortent qu'au printemps quand les températures remontent. Cela peut aller de 4 à 5 mois selon les régions


Mais avant cette longue période de repos, certains se mettent à voyager dès septembre pour dénicher un endroit abrité du vent et de la pluie où passer la mauvaise saison. Une fois trouvé, ils se confectionnent un nid douillet là à partir de branches et de feuilles.

Notre famille hérisson a t-elle migré dans sa totalité ? 
Certains sont-ils restés dans notre jardin ? 
Ce sera la surprise au printemps !


Un peu de bricolage !    
 
Courant septembre, nous leur avons confectionné des "cabanes",   nous servant pour cela de cagettes retournées (sans oublier d'y découper des "portes") que nous avons recouvertes de rondins et branches. 

A l'intérieur, nous y avons glissé du foin. Des feuilles mortes ont ensuite recouvert le tout.

Ensuite, il nous restait à les disposer dans des endroits abrités et à leur en soumettre la "location".

Cela leur a t-il convenu ?

Nous ne le savons pas, et pas question d'aller y regarder car il ne faut surtout pas déranger un hérisson en hibernation.






Le dernier que nous ayons aperçu c'est "Bébé Grillage" qui s'obstinait à rentrer bien difficilement au poulailler...

Bien difficilement, car comme il avait grossi, le passage devenait de moins en moins aisé !

Alors il allait de long en large pour trouver l'endroit le plus approprié à sa nouvelle corpulence. Voilà ce que c'est que d'être gourmand, la taille finit par s'épaissir !



Heureusement que notre petite famille a fait sa réserve de graisse, car un hérisson perd jusqu'à 30% de son poids pendant l'hiver. Il est conseillé au moment du réveil de disposer à sa proximité  des croquettes et de l'eau pour l'aider à reprendre des forces.


Appartements à louer 

Bonne nuit !

J-C Togrège
04/12/2020

lundi 30 novembre 2020

LIVRE /// ANDRE DHÔTEL : auteur ardennais à redécouvrir !


ANDRE DHÔTEL




Auteur ardennais dont la postérité a surtout retenu "le pays où l'on n'arrive jamais" qui reçut le prix Fémina en 1955,  André Dhôtel a écrit au total  49 romans et essais, sans oublier de la poésie.

Ce n'est donc pas l'homme d'un seul livre, loin de là !

En furetant dans une bibliothèque, je suis tombé sur "les chemins du long voyage" dont le joli titre a retenu mon attention.





Jean Colligant est engagé comme régisseur chez René Cervier, un riche fermier de Bourgogne où il tombe amoureux d'une jeune fille énigmatique. 

Des non-dits, des secrets entournent le passé de la famille Cervier qui lient les personnes les uns aux autres dans une France rurale de 1946  d'avant le remembrement et pas encore gagnée par le productivisme.

A une époque où l'on renoue avec la nature, André Dhôtel a de quoi séduire car il sait dire et décrire admirablement la nature avec des mots précis et poétiques.




J'avais déjà évoqué son livre "vedette" que j'avais acheté dans les Ardennes, à Mont-de-Jeux où nous avions visité la maison de l'écrivain.

 C'est l'histoire de la rencontre de deux jeunes de 14/15 ans qui vont partir à la recherche d'un pays dont se souvient l'un à travers un flash de sa petite enfance. Avec ce pays, c'est aussi la quête d'une famille perdue.

A la lecture de ce livre, l'on voit comme le monde des années 1950 est très éloigné du nôtre.

Ce livre fut souvent étudié au collège.




Je terminerai par une citation de l'auteur :

"La seule voie d'espoir et de salut, celle de la curiosité et de l'étonnement. Comment serait-on étonné sans trouble et sans mystère ? Et comment vivre si l'on ne s'étonne jamais "


La maison de l'écrivain à Mont-de-Jeux



Bonne lecture !

J-C Togrège
30/11/020



dimanche 22 novembre 2020

ROMANS GRAPHIQUES

ROMANS GRAPHIQUES


Voici une forme de lecture que j'ignorais encore il y a quelques années et que progressivement j'ai appris à apprécier. Il s'y allie l'art du dessin et la qualité littéraire, ce qui justifie totalement le terme de "roman graphique".


Commençons par une publication de cette année avec "Radiums Girls" de Cy qui prend pour thème un scandale oublié datant des années 1920, l'empoisonnement lent et inéluctable d'ouvrières dans une usine.

"Radiums Girls" c'est le vrai nom que l'on donnait à ces jeunes femmes dont le travail consistait à peindre des cadrans lumineux avec de la peinture contenant du radium hautement toxique. Comme souvent, le scandale tenta d'être étouffé puis ensuite les industriels voulurent jouer sur le temps sachant que les plaignantes n'avaient plus longtemps à vivre. Tiens, cela ne vous rappelle rien ?


 Le roman est réussi car il nous présente la vie d'un groupe d'amies insouciantes, puis leur détresse et leur combat. 

Quant aux dessins, ils présentent la particularité réussie d'avoir été fait avec une palette réduite de crayons de couleurs (8) où dominent le violet et le vert.



Poursuivons avec "le  "Boiseleur" de Hubert (scénario, texte) et de Gaëlle Hersent (dessins) qui est à mi chemin entre le roman graphique et l'album d'illustrations. En effet, certaines pages ne comportent aucun texte, et ce sans aucun problème de compréhension du récit.

Ici, nous sommes davantage dans l'esprit du conte sociétal prenant notamment pour thèmes l'exploitation et la consommation.

L'auteur Hubert étant décédé le 12 février 2020, l"on peut craindre que les prochains épisodes ne puissent voir le jour.



Illian est un jeune sculpteur apprenti très doué qui habite dans la ville de Solidor où la mode est d'avoir des oiseaux exotiques. Pour le compte de son patron qui l'exploite à outrance, il façonne de merveilleuses cages. 

Son rêve c'est d'avoir pour lui seul un oiseau mais sans argent ce n'est pas possible. Alors en secret, il va en façonner un dans une chute de bois inutilisée. Il ne peut pas s'imaginer des conséquences que cela aura sur la ville...

Les illustrations sont très soignées et vraiment très belles. Elles se prêtent très bien à l'esprit de ce joli conte.

Terminons avec un album hors norme tant pour l'aspect très littéraire que pour le graphisme, résultat d'un travail d'une finesse exceptionnelle : Les Indes fourbes de Alain Ayoles (scénario et texte) et Juanjo Guarnido (illustrations). 

Il s'agit des aventures de Don Pablos de Ségovie au XVIème siècle, dans ce qu'on appelait les Indes, alors qu'il se trouvait en Amérique du Sud où la quête de l'Eldoro était obsessionnelle.

Cette fripouille va user de toute sa ruse et perfidie pour tenter de s'enrichir, avec des hauts et des bas, tantôt respecté, tantôt conspué selon que sa bourse était pleine ou vide d'argent. A quoi tient la considération n'est-ce pas ?

Le récit très construit se découpe en plusieurs parties, tout comme un roman :

Prologue
chapitre I : Où Pablos fait à l'alguazil le récit de sa vie
chapitre II : Où l'on apprend que l'alguazil dit au corregidor et ce que celui-ci dit à d'autres
chapitre III : Qui traite de ce que verra celui qui lira les mots et regardera les images 
Epilogue

Bonne lecture !

J-C Togrège
22/11/2020

vendredi 6 novembre 2020

CHANGER L'EAU DES FLEURS : Un roman idéal pour oublier le confinement !

CHANGER L'EAU DES FLEURS
VALERIE PERRIN



Le confinement vous pèse, les infos vous plombent le moral, le décompte des voix aux Etats-Unis vous lasse, alors hop évadez-vous avec une histoire qui va vous emmener bien loin de tout ça.

Ne vous fiez pas au titre qui a des allures de "feel good" car ce n'en est pas un. C'est un livre sur la vie d'un personnage romanesque formidable qui a vécu des drames et su les surmonter. 

Violette fut d'abord gardienne de barrière ferroviaire avant de devenir garde-cimetière. Rien de lugubre dans ce poste car elle y met de l'humanité. Nombre de personnes viennent se confier à elle, ce qui permet au récit de comporter des histoires croisées.

Et puis, son cimetière, ce n'est pas juste une façon de gagner sa vie,  elle l'entretient pour qu'il soit beau, elle en connait tous les recoins, les histoires.


L'une des idées géniales de cette Violette, c'est d'avoir une penderie d'hiver une penderie d'été.

Extrait : Je monte dans ma chambre et ouvre la penderie hiver pour enfiler une robe de chambre. J'ai deux penderies. Une que j'appelle "hiver", l'autre "été". Cela n'a rien à voir avec les saisons mais avec les circonstances. La penderie hiver ne contient que des vêtements classiques et sombres, elle est destinée aux autres. La penderie été ne contient que des vêtements clairs et colorés, elle m'est destinée. Je porte l'été sous l'hiver , et j'ôte l'hiver quand je suis seule.
J'enfile donc une robe de chambre grise matelassée par dessus mon déshabillé en soie rose".

Cette façon d'imager le jardin secret du personnage caractérise l'écriture sensible de l'écrivaine qui, outre cela, est une conteuse à l'imagination fertile.

En début de lecture, j'ai pensé un peu à "l'élégance du hérisson" car dans les deux romans, il s'agit de personnages humbles qui cachent des richesses en elles. Mais très vite, cela diffère.

Et si vous aimez qu'on vous raconte des histoires, de bonnes histoires, c'est la spécialité de Valérie Perrin, ça tombe bien !

Bonne lecture

J-C Togrège
06/11/2020 

VARIATIONS AUTOUR DE NOËL

VARIATIONS AUTOUR DE NOEL
J-C TOGREGE




Né d'une idée musicale, mon deuxième recueil "Variations autour de Noël" est composé de nouvelles, textes courts et poèmes.

Cela fait dix ans que j'organise ou participe à des concerts de Noël dans lesquels je constate un état d'esprit particulier tant parmi les spectateurs que parmi les musiciens.

Plus que la qualité musicale, certes requise, c'est une forme de chaleur humaine qui y est recherchée et prisée, toutes générations confondues. 

C'est sans doute aussi le bien-être à se plonger dans les valeurs d'espérance, de fraternité et de partage. L'on sait qu'on est dans l'utopie mais cela fait du bien.





Il m'est alors venu l'idée d'écrire des nouvelles en prenant comme fil conducteur certaines de ses chansons ou rites de Noël. Des poèmes viennent par ci par là se glisser.

Quelques exemples :

Une petite fille chante "vive le vent" en faisant un bonhomme de neige. Elle s'y reprend sur plusieurs journées, toujours avec ce refrain sur les lèvres. Ce n'est pas qu'un jeu, c'est beaucoup plus que cela, elle est très appliquée. Nous comprendrons pourquoi elle tient tant ce que ce bonhomme de neige soit parfait.

En Irlande, il y a une coutume ancestrale appelée "Woman's little Christmas qui tombe le 6 janvier. C'est une journée où les femmes font la fête entre elles et laissent aux hommes le soin de s'occuper des enfants et des tâches domestiques. Ce rituel sert de toile de fond à l'histoire d'amour d'un jeune couple.

Contact :jctogrege@gmail.com



Bonne lecture !

J-C Togrège
06/11/2020

samedi 31 octobre 2020

CONFINEMENT ACTE 2 : A CHACUN SES PRIORITES !

CONFINEMENT ACTE 2 
A CHACUN SES PRIORITES !


La journée du jeudi 30 octobre fut particulière pour nous tous, puisque s'agissant de la dernière journée de liberté avant le " Confinement acte 2".

Chacun a agi en fonction de ses priorités !

Non, je ne fus pas de ceux qui se ruèrent sur les rayons de pâtes ou de papier-toilettes.
Les commerces d'alimentation ne fermant pas, l'urgence était ailleurs.


Mon 1er déplacement fut pour me rendre en librairie à Reims où j'avais commandé des livres et pour en choisir d'autres. Rester chez soi, bien sûr, mais pas sans ma dose de pages ! Les règles sanitaires peuvent m'empêcher de sortir de chez moi mais mon esprit demeurera libre de voyager partout où les romanciers sauront l'emmener.

Oui, les livres sont des biens essentiels ! Ils nous nourrissent l'âme et l'esprit, participent à notre équilibre et à notre santé.

Je pus notamment acheter un roman recommandé chaudement plusieurs fois par une amie : "Changer l'eau des fleurs". Ce sera ma surprise des jours à venir, et si elle est bonne (comme je le pense) une chronique suivra, ce qui ne vous surprendra pas.

Des romans graphiques prêtés récemment par ma fille compléteront mon souci d'éclectisme en matière de lecture.

Avez-vous remarqué comme les conseils des lecteurs-amis sont précieux ? Cela vous amène vers des ouvrages que vous n'auriez peut-être pas rencontrés. Les liens amicaux sont une richesse aussi sur ce plan des découvertes ! 

Un livre qui  a touché, enthousiasmé, transporté demande à être partagé, cela va de soi.

Pour ce qui est de l'écoute musicale, j'avais déjà ma dose de CD offerts récemment pour mon anniversaire : deux symphonies de Mahler et l'opéra de Debussy. Pour le dernier Cabrel, cela attendra un peu la réouverture des disquaires.

Une autre priorité fut aussi de penser à la Toussaint et de déposer des fleurs sur les tombres familiales, ne sachant pas ce qui serait autorisé pour le 1er novembre. Un hommage fleuri ce n'est pas anodin...

Ce fut l'occasion d'aller chez mon fleuriste local qui lui aussi sera éprouvé par la fermeture de son commerce et d'y acheter, en plus des chrysantèmes, de jolies bruyères pour la façade de la maison, une façon d'apporter ma petite contribution à l'embellissement du village.



Bon courage à tous et prenez soin de vous !

J-C Togrège
31/10/2020

vendredi 30 octobre 2020

LIVRE /// CHANSON BRETONNE DE J.M.G LE CLEZIO

CHANSON BRETONNE
suivi de 
L'ENFANT ET LA GUERRE

J.M.G LE CLEZIO


Comme vous le savez, j'aime la lecture plurielle, puisant aussi bien dans les classiques que dans les romans populaires ou les grands auteurs contemporains.

Cependant, reconnaissons que certaines écritures sont plus envoûtantes que d'autres, tant elles sont limpides, inspirées et teintées de poésie par ci par là.

 Dès les premières pages, l'on se sent emmener par des mots sublimés, la séduction du style s'opère. Ce sont des auteurs comme touchés par la grâce ! 

Tout semble couler, le lent travail de l'écrivain ne se voit pas...

C'est évidemment le cas avec le livre de Le Clezio et ce qu'il appelle deux contes, cela sans doute pour bien signifier qu'il ne s'agit pas d'un récit de souvenirs.




 "Chanson bretonne" nous emmène dans son enfance en Bretagne, où il faisait bon vivre, cette Bretagne d'avant la productivisme agricole qui a nivelé les champs. Une Bretagne où le Breton était encore bien présent mais déjà les enfants ne devaient plus le parler à l'école…

N'y voyez pas de la nostalgie, car ce n'est pas un sentiment qui habite l'auteur  :

Extrait : " La nostalgie n'est pas un sentiment honorable. Elle est une faiblesse, une crispation qui distille l'amertume. Cette incapacité empêche de voir ce qui existe, elle renvoie au passé, alors que le présent est la seule vérité."

Ce sont les sensations de l'enfance que Le Clézio fait revivre ici.

Ce 1er "conte" est suivi de " L'enfant et la guerre", car Le Clézio né en 1940 a connu la seconde guerre mondiale. 

Extrait "Comment en parler ? Peut-être simplement dire que la guerre est la pire des choses qui peut arriver à un enfant."

Bonne lecture !

J-C Togrège
30/10/2020




N'y voyez pas de la nostalgie 

Il 

jeudi 22 octobre 2020

ALBUM JEUNESSE /// LA SOURIS ET LE VOLEUR

LA SOURIS ET LE VOLEUR
Texte de Jihad Darwiche
Illustrations de Christian Voltz



Voilà un album jeunesse fort drôle que j'ai découvert en participant à un raconte-tapis où j'ai tenu le rôle du lecteur, et que je vous recommande pour les enfants de maternelle. 

Un moment de bonne humeur assurée !

C'est une histoire inspirée d'un conte oriental sur le thème de l'arroseur arrosé.

Il s'agit d'une petite souris bien embêtée et en colère, car un voleur s'est introduit dans sa maison pour la voler. Comment faire pour qu'il ne revienne plus ?

Avec les conseils d'un juge qu'elle est allée trouver, elle va mettre en place un procédé fort astucieux. 



Si je vous dis que l'un des éléments du stratagème repose sur du "caca", je vous laisse imaginer les réactions des enfants en entendant cela. Ils passèrent de l'étonnement (ah bon, il est dit cela dans le livre !) au rire ( Ah c'est dégoûtant !), d'autant que bien d'autres surprises vont attendre ce voleur. Croyez-moi, il ne sera pas prêt de remettre un pied dans la maison de la petite souris.

Outre l'excellent texte de Jihad Darwiche, il faut souligner la qualité des illustrations de Christian Voltz qui adore affubler tous ses personnages de grands nez. Les personnes ayant confectionné ce raconte-tapis ont d'ailleurs bien respecté cette "règle". 

Nous avons introduit une chanson dans le récit qui intervient à trois reprises sur l'air de l'orange de Gilbert Bécaud :

"Il a volé, a volé, a volé, a volé
A volé, a volé la viande.
Il a volé, a volé, a volé
La viande de P'tite Souris"

Les enfants reprennent le texte avec nous en tapant des mains.




Bonne lecture !

J-C Togrège
22/10/2020

jeudi 15 octobre 2020

AMELIE NOTHOMB : LES AEROSTATS

LES AEROSTATS
AMELIE NOTHOMB


J'ai lu tous les romans d'Amélie Nothomb, hormis "Soif",  paru l'année dernière, dont le sujet ne me tentait pas du tout. Elle y avait donné voix à Jésus Christ quelques heures avant sa crucifixion.
Peut-être ai-je eu tort ? Si certains d'entre vous l'ont lu, n'hésitez pas à me raconter votre aventure de lecture.

Avec "Les Aérostats", j'ai retrouvé la romancière que j'aime tant : une histoire qui s'apparente à un conte, l'usage de prénoms improbables (ici c'est "Pie", "Donate), un style d'une grande fluidité qui va à l'essentiel et toujours une chute inattendue.

Rien que le titre, il sonne bien. Il n'y a qu'Amélie Nothomb pour utiliser ce terme pour désigner une montgolfière ou un dirigeable ! Je vous le confesse, j'ignorai ce mot avant qu'il ne figure sur la couverture du livre.



Et puis, ici, de quoi est-il question ? 

D'un sujet qui ne peut nous laisser insensibles puisqu'il s'agit de la transmission du plaisir de lire !

Ange, une jeune fille très sérieuse de 19 ans, est embauchée par un père pour faire lire son fils Pie afin qu'il réussisse son BAC français. Ce jeune garçon de 16 ans que l'on dit dyslexique n'a jamais lu un seul livre en entier. 

Pour résoudre cela, Ange ne voit qu'une solution, lui faire lire les grands classiques.

Le dialogue va alors commencer entre les deux jeunes gens...

Peu importe qu'il y ait des invraisemblances car comme le dit Amélie Nothomb, les grands livres sont plein d'invraisemblances et peu importe ! Ce qui compte c'est de se laisser emporter par une histoire et d'appareiller loin de son quotidien.

Extraits :

"Nous vivions une époque ridicule où imposer à un jeune de lire un roman en entier était vu comme contraire aux droits de l'homme"

"La jeunesse est un talent, il faut des années pour l'acquérir."

Bonne et belle lecture

J-C Togrège
15/10/2020









mercredi 14 octobre 2020

CAMILLE CLAUDEL : DU MUSEE AU FILM

CAMILLE CLAUDEL : DU MUSEE AU FILM


Comme beaucoup, le contexte sanitaire particulier de l'été nous a amenés à découvrir de jolies choses pas loin de chez nous.

Ainsi en est-il de la maison de Camille et Paul Claudel à Villeneuve-sur-Fère dans l'Aisne transformée en un musée pour célébrer ces deux êtres d'exception chacun dans leur domaine, l'une la sculpture et l'autre la littérature.

 


De belles sculptures de Camille Claudel sont exposées. Certaines sont originales, d'autres sont des reproductions de grande qualité (comme "la Valse" ou  "l'implorante")

L'existence de l'artiste ne fut pas facile. 

D'abord, il lui fallut affirmer son statut d'artiste et son talent dans un  monde d'hommes. 

Elle vécut une histoire d'amour avec Rodin qui l'éprouva largement.

Et puis, elle fut internée dans un asile psychiatrique pendant 30 ans, de 1913 jusqu'à sa mort en 1943.




Pendant son internement, elle regrettait sa maison de Villeneuve comme en témoigne sa correspondance.


"Mon rêve serait de regagner tout de suite Villeneuve et de ne plus en bouger.
Quel bonheur si je pouvais me retrouver à Villeneuve, 
ce joli Villeneuve qui n'a rien de pareil sur la terre !
(Lettre de Camille Claudel à son frère Paul ( 3 mars 1927)



Cela me rappela l'un des plus beaux rôles d'Isabelle Adjani dans le film de Bruno Nuytten où elle interpréta le rôle de Camille Claudel de façon magistrale. Cela lui valut d'ailleurs le César de la meilleure actrice.

Le rôle de Rodin y était tenu par Gérard Depardieu.

Du musée au film, cela sembla si évident qu'il me fallait trouver le DVD au plus vite.

Le choc fut le même qu'en 1989. C'est un film qui ne vieillit pas.
L'histoire est forte, les acteurs prodigieux, la réalisation brillante, la photographie excellente. 

Un chef d'œuvre de presque 3 heures pour un vie hors norme !







Cinéphilement vôtre

J-C Togrège
14/10/2020