vendredi 26 avril 2019

LIVRE /// PETIT PAYS - GAËL FAYE -

PETIT PAYS

GAËL FAYE


 Un roman nous mène souvent vers un autre livre, un autre auteur (voire plusieurs), c'est le cas avec "Petit Pays" qui cite un poème de Jacques Roumain :

"Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, eh bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes :  c'est une présence, dans le cœur, ineffaçable, comme une fille comme aime : on connait la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystères, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence."

Ce poème fut offert à Gaby lors de son départ du Burundi alors plongé dans la guerre civile. Il fut remis à l'enfant qu'il était par une femme qui lui ouvrit sa bibliothèque, lui donnant ainsi accès au plaisir incommensurable de la lecture. Ce sont des choses qui ne s'oublient pas !


Si j'ai commencé par cet aspect du livre, c'est qu'il fut déjà dit tant et tant de choses sur ce roman que cela n'aurait été que de la redite.

Gaby, c'est cet enfant insouciant vivant au Burundi avec son père français, sa mère réfugiée rwandaise et sa sœur. Il vit heureux avec sa famille et ses copains jusqu'à ce que son monde se disloque peu à peu avec la montée de la violence qui aboutira au massacre des Tutsis.

C'est joliment raconté avec fraicheur et sensibilité à travers le regard de ce jeune garçon qui découvrira que l'on classe les gens selon leur origine et leur couleur de peau. Gaël Faye sait décrire les ambiances, la nature, les sensations, sa langue est belle. L'auteur ne s’appesantit pas sur les scènes de violence hormis l'une qui implique Gaby et qui est terrible à lire.

Ce n'est pas un livre historique et politique avec moult détails sur les raisons de haine entre les Tutsis et les Hutus, c'est l'irruption du monde haineux des adultes dans la vie d'un jeune garçon de 12/13 ans qui n'aura d'autre choix que de fuir son pays pour ne pas mourir.

L'on sait qu'il s'agit d'un roman en partie autobiographique.

Extrait : (...) Cet après-midi là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays. J'ai découvert l'antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d'un camp ou d'un autre. Ce camp, tel un prénom qu'on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. Hutu ou tutsi. C'était soit l'un soit l'autre. Pile ou face. Comme un aveugle qui recouvre la vue, j'ai alors commencé à comprendre les gestes et les regards, les non-dits et les manières qui m'échappaient depuis toujours.
La guerre, sans qu'on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n'ai pas pu. J'étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais.
"

Bonne et belle lecture

JC Togrège
26/04/2019

















dimanche 21 avril 2019

LIVRE /// EN EVEIL J-C TOGREGE : Publication de mon 1er recueil

EN ÉVEIL
J-C TOGREGE



" Garder son âme en éveil attentivement

Et se sentir vivant pleinement..."



Mon premier recueil "En Éveil" composé de textes courts

et poèmes vient d'être publié.


Les thèmes d'inspiration sont très divers :

l'environnement, la musique, l'enfance, la lecture,

le temps qui passe etc.




Les textes sélectionnés, écrits entre 2008 et 2018, sont le reflet de mes différents états
 

d'esprit : parfois mélancoliques, tristes, parfois teintés d'humour et d'ironie, voire 

utopiques.

Contact :  jctogrege@gmail.com


Bonne et belle lecture

J-C Togrège 





samedi 13 avril 2019

CINE /// TANGUY, LE RETOUR

TANGUY LE RETOUR
ETIENNE CHATILIEZ


Etienne Chatiliez, c'est un réalisateur à qui l'on doit des films d'une grande originalité tels que "La vie est un long fleuve tranquille", "Tatie Danielle" et "Tanguy". Des personnages inoubliables avec un bon scénario qu'il est plaisant de revoir encore et encore.

Et puis, le prénom "Tanguy" est devenu un vocable sorti de son contexte cinématographique pour entrer dans notre langage courant et destiné à qualifier un adolescent attardé, pot de colle, refusant de quitter le domicile de ses parents.

Alors, une suite de "Tanguy", cela a tout pour attirer l'attention, ne serait-ce que pour revoir les personnages tenus par André Dussolier, Sabine Azéma et Eric Berger.



Ce fameux Tanguy revient de Pékin avec sa fille suite au départ de son épouse. Désemparé, il s'installe de nouveau chez ses parents... et c'est reparti pour ce rôle "pot de colle" agrémenté d'une fille et de son petit ami.

L'on passe un bon moment, le film est sympathique mais sans plus. L'on a plaisir à revoir cette famille, tout particulièrement ce couple de retraités dont la vie est perturbée. A mon sens, tout repose sur les épaules d'André Dussolier et de Sabine Azéma qui sont excellents et dont la complicité est parfaite.

Certes, l'idée de base n'est plus aussi surprenante que la première fois, c'est le problème de toutes les suites.

Il est dommage que le scénario reste sur les  effets du premier film, ce qui donne l'impression qu'il ne se passe pas grand chose. Un rebondissement survient tout de même à la fin.

A l'époque où j'étais au collège, l'on voulait abolir les notes et l'on recourait aux lettres de A à E. Dans cet esprit, je dirai que ça mérite un bon C+ ou un B-, la différence entre les deux étant infimes. Pour le collégien que j'étais, cela changeait tout ...

Cinéphilement vôtre

JC Togrège

jeudi 11 avril 2019

LIVRE /// SEROTONINE DE HOUELLEBECQ

SEROTONINE
MICHEL HOUELLEBECQ



Dans ce roman, nous suivons la longue désespérance d'un homme de 46 ans prénommé Florent-Claude, qui ne survit que grâce à un antidépresseur qui libère de la sérotonine appelée hormone du bonheur. Le terme "bonheur" est largement excessif pour ce personnage en complet délitement.

Il fait le point sur la vacuité de sa vie :

Ingénieur agronome au ministère de l'agriculture, il sait bien que ses rapports sont inutiles car jamais pris en considération.

Il se rappelle les femmes qui ont compté dans sa vie : Yuso (nymphomane qui le trompait), Claire (comédienne qui court après les contrats) et Camille qui fut son grand amour. Précisions qu'à ce stade de sa vie il est seul et que la sérotonine a comme effet secondaire la perte de la libido.



Alors qu'il n'a qu'est que quadragénaire, il se voit comme un vieux en fin de course, mal à l'aise dans une société décadente où sévit l'ultralibéralisme et la mondialisation.

C'est une lapalissade que de dire que Houellebecq est un grand écrivain ! Cela saute aux yeux dès que l'on commence à le lire. C'est vrai aussi que c'est un auteur clivant et qu'il provoque souvent des débats.

Comme souvent chez lui, le récit est sombre et cynique, sans pour autant être dépourvu d'humour et d'une sorte de romantisme (tout au moins dans celui-ci). L'on y trouve des scènes sexuelles (pornographiques ?) très explicites avec une fixation sur la fellation. Je me serais volontiers passé de cet aspect-ci, mais cela fait partie du personnage.

Sa description sociale de la détresse du monde des agriculteurs est très forte et passionnante. C'est l'un des passages du livre que j'ai préféré. L'on y voit la mécanique qui écrase l'individu dont le seul ressort reste la révolte !

Son regard sur notre monde est très affuté et critique. L'on peut y voir du pessimisme ou de la lucidité, c'est selon...

Extrait : Dénué de désirs comme de raisons de vivre (les deux termes étaient-ils d'ailleurs équivalents? c'était là un sujet difficile, sur lequel je n'avais pas d'opinion bien formée), je maintenais le désespoir à un niveau acceptable, on peut vivre en étant désespéré, et même la plupart des gens vivent comme ça, de temps en temps quand même ils se demandent s'ils peuvent se laisser aller à une bouffée d'espoir, enfin ils se posent la question, avant d'y répondre par la négative. Cependant ils persistent, et il s'agit là d'un spectacle touchant"

Houellebecq, un auteur avec une vision du monde bien à lui !
Une plume affutée qui se permet tout...

Bonnes et belles lectures.

JC Togrège
11/04/2019

mardi 2 avril 2019

LIVRE /// LA SAGESSE expliquée à ceux qui la cherchent - Frédéric Lenoir

LA SAGESSE
expliquée à ceux qui la cherchent
Frédéric Lenoir

Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue


"Tu aspires sans doute, ami lecteur, à une vie réussie. Non pas nécessairement à réussir dans la vie, mais à mener une existence bonne et heureuse. Depuis toujours, partout dans le monde, des hommes et des femmes nourrissent cette aspiration et travaillent à la mettre en œuvre. Tous estiment que ce qui donne sens à notre vie, c'est de grandir en humanité. Je suis pour ma part convaincu que cet idéal philosophique de sagesse reste l'objet d'une quête on ne peut plus actuelle, car nous ne sommes pas sur terre seulement pour assurer notre sécurité matérielle, nous divertir et consommer. "

 Je commence cette chronique par un extrait très significatif du contenu du livre. Car, comme l'auteur le dit nettement mieux que moi, il m'a semblé inutile de le paraphraser.



Pour qui a envie de réfléchir sur le contenu de sa vie, sur son sens, sur la manière de la mener de façon plus équilibrée et épanouie, c'est un livre qui convient parfaitement.

La sagesse n'est pas à prendre sur le modèle du "grand sage" qui pontifie mais simplement comme une manière d'être pour que notre vie soit bonne et heureuse.

Par le biais d'un "questions - réponses", ce livre fait œuvre de vulgarisation et didactisme en citant nombre de philosophes anciens, ce qui permet une réflexion argumentée dans une approche aisée.

Nous sommes loin d'un manuel "prise de tête" avec des comparaisons philosophiques ardues réservées aux seuls initiés. Ce n'est pas non plus un livre de développement personnel, c'est plus que cela, l'auteur étant un philosophe.

Extrait : "La sagesse, ce n'est pas de vivre sur un petit nuage ou dans un monde où tout va bien - cela n'existe pas; c'est intégrer le tragique au bonheur. C'est accepter et aimer la vie avec ses hauts et ses bas, ses moments agréables et ses moments désagréables, ses joies et ses peines. C'est aimer toute la vie avec son lot de difficultés et d'épreuves."

Vous aurez remarqué la présence du point virgule dans cet extrait, ce qui me ravit car peu d'auteurs contemporains continuent d'utiliser ce signe de ponctuation pourtant bien subtil.

Ce livre nous permet de nous poser des questions, ce qui en soi est déjà intéressant.
Frédéric Lenoir ouvre des pistes, à nous de voir si elles nous mèneront à la sagesse.

Bonne et belle lecture.

JC Togrège
02/04/2019