jeudi 25 février 2021

LOLITA DE VLADIMIR NABOKOF

 LOLITA
VLADIMIR NABOKOF



Le contexte actuel de dénonciation des crimes sexuels à l'égard des enfants  m'a fait sortir de ma PAL ce livre de Nabokof paru en 1953.

A l'issue de cette lecture, je dois dire que j'ai un sentiment très ambivalent.

Ce qui m'a mis très mal à l'aise, c'est que le narrateur est un pédophile qui présente l'histoire selon son point de vue. Il se met dans une attitude de "séducteur".

Au début du récit, il a encore la notion du mal et tente de résister à son attrait pour les très jeunes-filles (12/14 ans) qu'il nomme des "nymphettes". J'ai beaucoup aimé cette partie qui présente les symptômes de ce qu'il faut bien considérer comme une maladie, une perversion.


Puis, une fois qu'il est passé à l'acte avec Lolita, il tombe dans des justifications totalement fallacieuses qui tournent autour de ce qu'il nomme un "amour". Il retourne même la situation présentant Lolita comme un être pervers qui l'a séduit. 

Mais dans son for intérieur, il sait être un criminel et se cache en se présentant comme le père de Lolita, évitant d'attirer l'attention sur sa personne.

Tous les deux partent  ensuite dans un voyage que j ai trouvé interminable, allant d'hôtel en hôtel, où je me suis un peu ennuyé.

Heureusement, tout est très bien écrit et les scènes de passage à l'acte sont suggérés et non  décrites. Nous ne sommes pas du tout dans le 'trash", ce qui permet que la lecture soit possible. C'est d'ailleurs la force de la littérature de pouvoir aborder tout sujet.

Je ne sais pas au final si j'ai aimé ou non ce roman que je ne relirai pas.

Bonne lecture

J-C Togrège
25/02/2021



dimanche 14 février 2021

LES ARBRES MALTRAITES

 LES ARBRES MALTRAITES



Alors que nous savons pertinemment l'importance des arbres pour l'écosystème et pour notre vie même, régulièrement dans la presse, l'on continue à lire des articles relatifs à des abattages d'arbres vénérables (Reims, Soissons, Sillery etc.)

Parfois l'on nous tente de nous faire accroire qu'ils sont malades ! Vous connaissez le dicton :"Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage". 

D'autres fois, l'on nous explique qu'il faut faire un parking, une route ou que sais-je encore pour la glorification du béton et du minéral dans les communes (villes ou villages). Souvent, bien sûr, se cache une histoire de gros sous !



Heureusement des citoyens se mobilisent contre ces Politiques ou propriétaires terriens  l'ancien monde qui n'ont encore rien compris. Parfois ils gagnent (comme la Pouplie à Boult-sur-Suippe), preuve qu'il faut oser y croire, et d'autres non.

Disons le haut et fort, plus nous serons nombreux à protester et plus la cause des arbres sera entendue !

Cela m'a donné envie de republier une chronique de 2013 au sujet du livre de Didier Van Cauwelaert "Le journal intime d'un arbre"

Bonne lecture !

J-C Togrège

14/02/2021

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LE JOURNAL INTIME D'UN ARBRE
DIDIER VAN CAUWELAERT

Un poirier magnifique vient de tomber.

Nous n'avons pas  affaire à un de ces pauvres arbres rachitiques défigurés par l'élagage intempestif des hommes comme l'on en voit en ville mais à un spécimen qui faillit être classé comme "arbre remarquable de France".

A terre, il nous raconte ce qu'il a vu et vécu en 300 années : sorcière brûlée, prêtres réfractaires pendus, rencontres, sensations.

Extrait : "Tout a changé depuis que je suis à terre. Je vis toujours, mais pour combien de temps, et pour quoi faire ?  Mes fonctions, déjà ralenties par l'hiver, demeurent tendues vers un but, mais ce but est devenu sans objet. Mon activité majeure en cette saison -gérer les bulles d'air provoquées par le gel de la sève - a perdu sa raison d'être, au même titre que la lutte contre l'invasion de champignons qui pourraient bloquer, au printemps, les cellules de ma nouvelle couche de bois. La mobilisation n'a plus d sens. Pourtant, elle se poursuit. Comme continuent de pousser les cheveux et les ongles des corps ensevelis jadis autour de moi."

La conscience de l'arbre survivra dans une statuette sculptée par une petite fille dans son bois, mais je n'en dirai pas plus.

Ce livre est teinté de fantaisie, de fantastique (un arbre qui raconte ses souvenirs, ce n'est pas banal !), d'écologie et de réflexion sur la vie.

J'ai tout particulièrement été ébloui par les 100 premières pages du roman qui sont une réussite totale de surprise et d'écriture. La suite du livre reste également très intéressante, raison pour laquelle je vous le recommande.

J-C Togrège
24/02/2013

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samedi 13 février 2021

BEETHOVEN A LA FLÛTE TRAVERSIERE- EMMANUEL PAHUD -

BEETHOVEN A LA FLÛTE
EMMANUEL PAHUD


Il n'est pas courant qu'un flûtiste sorte un disque avec des œuvres de Beethoven, car reconnaissons-le, Ludwig n'a pas beaucoup composé pour cet instrument.

Cela rend le nouvel opus d'Emmanuel Pahud très intéressant car sortant du répertoire traditionnel de la flûte traversière.

Alors que trouvons-nous au programme de cette musique de chambre ? 

Cela commence par la sonate n°8 en sol majeur, op. 30, à l'origine pour clavier  et violon avec un arrangement pour la flûte d'Emmanuel Pahud.


La Sérénade op .25 pour violon, alto et flûte : un bel équilibre et du charme pour ce trio.

L'Allegro et Menue op. 26 pour deux flûtes : Silvia Carredu (ancienne flûtiste solo de l'orchestre philharmonique de Vienne) en duo avec Emmanuel Pahud. Une pièce délicate et très jolie.

Le trio en sol pour flûte, basson et piano op.37 : Ce fut une pièce découverte en 1888, soit plusieurs décennies après la mort du compositeur.

Cela donne un disque d'une grande beauté et plein de charme !

Emmanuel Pahud : flûte
Daniel Barenboim : Piano
Daishin Kashimoto : violon
Amhiai Grosz : alto
Silvia Caredou : flûte
Sophie Dervaux : basson

Flûtistiquement vôtre

J-C Togrège
13/02/2021P

mardi 2 février 2021

LIVRE /// HISTOIRE DU FILS DE MARIE-HELENE LAFON : une écriture singulière, ciselée et très belle

 HISTOIRE DU FILS
MARIE-HELENE LAFON



Cela faisait un moment que j'avais envie de découvrir un roman de Marie-Hélène Lafon dont les passages à La Grande Librairie m'avaient séduit. Ils laissaient présager un auteur lettré (c'est une prof agrégée) et atypique.

Dès que j'en ai commencé la lecture, j'ai compris qu'il me fallait lire ce livre à voix haute pour en apprécier pleinement le style et la ponctuation très précise. 

Quel plaisir d'y constater l'usage du point virgule qui a tendance à se perdre alors qu'il a tout son sens !

C'est une écriture singulière, ciselée et précise. Sa plume a le pouvoir d'embellir les mots.

 


Chaque chapitre correspond à une journée d'une période allant de 1908 à 2008.

12 journées sans aucune chronologie pour raconter une histoire familiale sur un siècle.

D'un chapitre à l'autre, nous changeons d'époque et de personnages, avec un bond en avant de plusieurs décennies puis c'est un retour en arrière. Mais il demeure comme fil conducteur le fils, André. La réussite du roman c'est qu'on ne s'y perd pas malgré cette manière curieuse de mener un récit.

André est élevé par sa tante tandis que sa mère mène sa propre vie à Paris, ne retrouvant son fils que quelques semaines par an. Quant au père c'est un secret. Père inconnu, fils inconnu ? C'est l'une des questions que se pose André.

Extrait : « Il devint attentif à la voix, grave voilée chaude moirée veloutée. Il épuisa ses adjectifs. Il s’appliquait, les yeux fermés, divagant et ramassé dans sa peau. Granuleuse, peut-être la voix de Mademoiselle Léoty, mais pas rocailleuse, ni éraillée ; caressante ; non pas caressante, le contraire, presque le contraire, ça vous passait dessus, vous passait au travers, vous rentrait dedans, vous touchait à l’intérieur, sous la peau."

Ce livre a obtenu le prix Renaudot 2020.

Bonnes et belles lectures !

J-C Togrège
02/02/2021