dimanche 31 mars 2024

CHANGEMENT D'HEURE

 CHANGEMENT D'HEURE



Le changement d'heure peut s'avérer dangereux

Changement d'heure

Avancer ou reculer l'aiguille
Est-ce une heure qu'on nous dérobe
Ou une surnuméraire qui se faufile ?
Contrainte qu'il faut que l'on gobe !

L'aiguille doit avancer ou reculer !
Serait-il possible de refuser
Et du reste du pays se décaler ?
C'est imposé et non à discuter.

Avancer ou reculer l'aiguille
Même conséquence qui m'étrille
Celle d'un rendez-vous manqué
Mes rêves sur un autre horaire demeurés.

Texte de J-C Togrège
Illustration de Jean- Jacques Dumont

vendredi 15 mars 2024

LIVRE /// LA LANGUE DES CHOSES CACHEES de Cécile Coulon

LA LANGUE DES CHOSES CACHEES
CECILE COULON


Quel beau titre poétique et mystérieux ! 

Il donne envie de se plonger dans le nouveau roman de Cécile Coulon.

Dès le prologue, l'on constate comme l'écriture est belle, riche, maîtrisée, le vocabulaire choisi avec soin. C'est beau et fort en même temps, et l'on comprend que ce sera un conte et qu'il sera noir parce que les hommes maltraitent le monde.

L'époque n'est pas précisée, les personnages n'ont pas de nom (c'est Le Fils, L'homme aux épaules rouges, La Mère, La Femme aux yeux verts), le récit est à la lisière du fantastique dans un petit village reculé qui se nomme "Le fond du puits"


Le Fils est ce qu'on peut appeler un guérisseur et c'est la première fois qu'il va "officier" seul sans sa mère qui n'est plus en mesure de voyager. C'est donc particulier pour ce Fils qui se demande s'il va être à la hauteur, s'il va être accepté et savoir décrypter "la langue des choses cachées" pour soulager ceux qui l'ont appelé.

" Cent fois il avait accompagné sa mère quand elle était appelée - il n'y avait pas d'autre manière de le dire, elle était appelée -, quand les hommes ne savaient plus où demander de l'aide. Les hôpitaux étaient trop loin, les médecins absents, les vieux refusaient d'être soignés autrement que par des coupeurs de feu, des guérisseurs, des rebouteux. Les noms qu'on donnait à sa mère, elle s'en accommodait, et quand son fils lui demandait comment elle se définissait, elle répondait : " Nous voyons des choses cachées et il n'y pas de mot pour cela"

Le Fils saura t-il lire les choses cachées dans les silences qui recouvrent les secrets des Hommes ? De ces silences qui agissent sur l'esprit et le corps des gens ? Ces silences, ces secrets difficiles à vivre qui provoquent des maladies incompréhensibles ? 

Sa mère lui avait enjoint de ne ne s'occuper que de la personne pour qui il était appelée, en l'occurrence un enfant, mais il ne pourra pas et sera happé par une vieille histoire...

Un roman différent d'une grande force !

Bonne lecture

J-C Togrège
15/03/2024

jeudi 14 mars 2024

LIVRE /// MRS DALLOWAY de Virginia Woolf

MRS DALLOWAY
VIRGINIA WOOLF


Une émission littéraire vue il y a quelque temps m'avait fait mettre sur ma LAL (liste à lire) le nom de Virginia Woolf.

Présentée comme une autrice majeure, novatrice et féministe, je m'étais dit qu'il me fallait combler cette lacune.

L'ennui avec les livres mis sur un piédestal, c'est qu'ils font un peu "peur", ce qui est absurde en soi. Libre à chacun d'aimer ou non un livre et peu importe s'il a fait l'objet de louanges dithyrambique par ailleurs.

Toujours est-il que je l'ai abordé avec beaucoup d'attente, tant de lecteurs et lectrices le considérant comme un chef d'œuvre.

Alors ? Alors ?


"Mrs Dalloway" c'est d'abord une écriture qui nous apprend à ralentir notre lecture, étant le contraire des romans où l'action est telle que les pages défilent à toute allure. Cela pour deux raisons : d'abord il n'y a pas d'intrigue (certains pourraient penser qu'il ne s'y passe rien) et puis parce que c'est un style ciselé et riche avec de longues phrases se prêtant bien à la lecture à voix haute.

Paru en 1925, ce livre raconte une journée de Mrs Dalloway, femme d'une cinquantaine d'années de la haute société londonienne qui s'apprête à donner sa soirée mondaine. 

Elle va revoir Peter Walsh, rentré des Indes, qu'elle a aimé et qui est resté son ami, repenser à Sally son amie d'enfance.

Il s'agit d'une introspection, d'un dialogue intérieur mêlant le passé et le présent, de sensations, d'états d'âme.

Clarissa (c'est son prénom) a choisi le conformisme en épousant sans passion Richard Dalloway, qui a fait d'elle une femme établie, tout cela étant loin de ce qu'elle pouvait espérer quand elle était jeune. L'on peut dire qu'il y a Clarissa d'un côté (son être profond) et Mrs Dalloway (son être social établi).

Il s'y trouve un autre personnage très intéressant, Septimus, homme profondément marqué par la guerre et qui sombre dans la folie. Cela nous vaut des pages très particulières sur ses visions, sur ce qu'il ressent. Malgré le soutien de son épouse, il sombrera de plus en plus.

C'est indéniablement un livre très bien écrit avec des passages poétiques et qui n'est pas si facile que cela d'accès.

J'y ai vu un peu une analogie dans le style et "l'ambiance" avec Marcel Proust qui fut d'ailleurs son contemporain.

Bonne lecture.

J-C Togrège
14/03/2024

mercredi 6 mars 2024

Parez de poésie la vie

 
PAREZ DE POESIE LA VIE


Les mots claquent bruts, crus, durs
Si frontalement tout se crie
Sans finesse ni demi-mesure
Si brutalement tout se dit.

Moi, je préfère 
Ce qui se pressent
Se sous-entend
Se suggère.

C'est grossier, la foule s'esclaffe
A la bassesse, pas d'interdit
Le vulgaire signe des autographes
Sans retenue, l'on applaudit.

Moi, je préfère
Les mots d'orfèvre
Ce qui se nuance
Fait double sens.

Enfants de ce monde à venir
De beauté ne soyez jamais assouvis
Soyez subtils pour ne pas flétrir,
Parez de poésie la vie.

J-C Togrège
( extrait du recueil "Les bourgeons renaîtront")