lundi 31 octobre 2022
ALBUM JEUNESSE /// CES LIVRES QUI FONT GRANDIR LES ENFANTS
mercredi 26 octobre 2022
LIVRE /// LA CARTE POSTALE de Anne Berest : une enquête familiale passionnante
Il y a des livres qui sortent du lot parce que différents avec un récit inattendu, une forme inhabituelle, bref de ces livres que l'on n'oublie pas et qui nous accompagnent.
C'est le cas de celui-ci qui mêle une histoire familiale prise dans la tourmente de la grande histoire (celle de la seconde guerre mondiale), le tout en étant associé à une enquête.
La mère d'Anne Berest a reçu en 2003 une carte postale anonyme sur laquelle sont inscrits quatre prénoms correspondant à des membres de sa famille morts en déportation : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. La stupeur et l'indignation une fois passées, la carte postale est rangée dans un tiroir.
Dix ans plus tard, l'autrice décide d'en savoir plus. Qui a pu envoyer cette carte et pourquoi si tardivement et anonymement ?
Elle commencera par interroger sa mère qui se met à lui raconter la vie de ses parents, de leur départ de Russie pour un ailleurs espéré sans persécution.
Ce récit, c'est une quête de vérité, le parcours d'une famille juive sur un siècle, avec la fuite de différents pays sombrant tout à tour dans l'antisémitisme, et ce jusqu'à l'abominable, la Shoah.
C'est aussi pour Anne Berest une réflexion sur l'identité juive.
Et tout cela se déroule pour nous lecteurs à travers une enquête passionnante, ce qui fait un livre multiforme très intéressant, d'autant qu'il est très documenté et bien écrit.
Bonne lecture
J-C Togrège
26/10/2022
vendredi 14 octobre 2022
CINE /// LE SIXIEME ENFANT : un 1er film très réussi sur le désir de maternité
C'est bien filmé, le scénario est intelligent et les acteurs sont excellents.
Pas de manichéisme dans cette histoire, pas de jugement à l'emporte-pièce mais un vrai sujet traité avec humanisme au travers de ce qui se déroule comme un thriller.
Le sujet, c'est celui du mal-être d'une femme qui n'arrive pas à avoir un enfant. Bien qu'avocate, elle entraine son mari dans une adoption clandestine à risques, car parfois la raison capitule devant un besoin viscéral, une passion ou une obsession. Nous ne sommes pas que des êtres de raison, nous sommes mus aussi par nos sentiments, notre cœur, nos défaillances.
Nous avons deux couples de milieux sociaux totalement différents qui vont se rencontrer :
Ils sympathisent et les premiers proposent aux seconds leur sixième enfant à naître dont ils ne pourront pas s'occuper...
Nous nous prenons d'empathie pour ces quatre personnages pris dans un engrenage. Jusqu'où aller pour assouvir un désir de maternité qui devient obsessionnel ? Au-delà des règles de droit, de la morale, de ses propres convictions ?
Ce film a obtenu le prix de la meilleure actrice ex aequo (Sara Giraudeau et Judith Chemla), le prix du public et le prix de la musique.
Cinéphilement vôtre
vendredi 7 octobre 2022
LIVRE /// ANNIE ERNAUX
ANNIE ERNAUX
Alors que Annie Ernaux vient de recevoir le prix Nobel de littérature, je republie la chronique que je lui avais consacrée en 2012.
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Toute petite fille, ainsi que tout enfant, elle admirait ses parents. Puis, comme elle apprenait bien, elle fut mise à "l'école libre", et là constata qu'elle n'était pas comme tous les autres enfants qui venaient de la bourgeoisie. Et alors elle se mit à détester le café-épicerie miteux de quartier que tenaient ses parents, leurs manières, leur vocabulaire, leur inculture.
Elle était devenue un transfuge social et souffrit de cette déchirure en ces années 50/60.
Ce n'est en rien un énième roman sur des souvenirs d'enfance. L'approche est beaucoup plus sociologique qu'autobiographique.
Annie Ernaux continuera à aller dans le sens de la sociologie dans ses romans suivants, aidée en cela par ce qu'elle appelle son écriture plate. Elle se sert de son matériau qu'est son vécu, ses souvenirs pour en faire une transcription sociale, une expérience commune à toute une classe sociale. C'est pour cela qu'elle utilise une écriture dénuée de romantisme, de fioritures, de pudeur, de détails inutiles pour aller à l'essentiel, pour transcrire la violence de la réalité.
"Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles" écrit-elle dans "La place"
Annie Ernaux est de ces auteurs qui ne laissent pas indifférents et dont chaque roman mène vers un autre.
En plus de ce livre, je vous recommande ceux qu'elle a consacrés à son père (La place) et à sa mère (Une femme)
Bonne lecture
J-C Togrège
19/08/2012