ANNIE ERNAUX
Alors que Annie Ernaux vient de recevoir le prix Nobel de littérature, je republie la chronique que je lui avais consacrée en 2012.
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Toute petite fille, ainsi que tout enfant, elle admirait ses parents. Puis, comme elle apprenait bien, elle fut mise à "l'école libre", et là constata qu'elle n'était pas comme tous les autres enfants qui venaient de la bourgeoisie. Et alors elle se mit à détester le café-épicerie miteux de quartier que tenaient ses parents, leurs manières, leur vocabulaire, leur inculture.
Elle était devenue un transfuge social et souffrit de cette déchirure en ces années 50/60.
Ce n'est en rien un énième roman sur des souvenirs d'enfance. L'approche est beaucoup plus sociologique qu'autobiographique.
Annie Ernaux continuera à aller dans le sens de la sociologie dans ses romans suivants, aidée en cela par ce qu'elle appelle son écriture plate. Elle se sert de son matériau qu'est son vécu, ses souvenirs pour en faire une transcription sociale, une expérience commune à toute une classe sociale. C'est pour cela qu'elle utilise une écriture dénuée de romantisme, de fioritures, de pudeur, de détails inutiles pour aller à l'essentiel, pour transcrire la violence de la réalité.
"Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles" écrit-elle dans "La place"
Annie Ernaux est de ces auteurs qui ne laissent pas indifférents et dont chaque roman mène vers un autre.
En plus de ce livre, je vous recommande ceux qu'elle a consacrés à son père (La place) et à sa mère (Une femme)
Bonne lecture
J-C Togrège
19/08/2012
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