samedi 21 août 2021

LIVRE /// TROIS DE VALERIE PERRIN : un roman idéal en période estivale

 TROIS
VALERIE PERRIN



Après le succès de "Changer l'eau des fleurs", voici le nouveau roman de Valérie Perrin.

Adrien, Etienne et Nina sont des amis inséparables depuis le CM2 où ils se sont rencontrés. Pendant toute leur scolarité, ils sont demeurés unis, quasi fusionnels avec le projet de monter à Paris tous les trois faire de la musique.

Ils sont plein de rêves, ce qui est le propre de la jeunesse, et heureusement ! Si l'on ne rêve pas à cet âge, c'est désespérant, non ? 

Mais le temps fait son œuvre de sape, comme souvent, et les voilà éloignés les uns des autres, avec des rancœurs et blessures dont on ignore les tenants. Que s'est-il passé pour les désunir ?


Tout cela va ressortir alors qu'un cadavre d'une jeune fille est découvert dans une voiture au fond d'un lac. L'enquête va commencer dévoilant les liens qui les rapprochent de cette sinistre affaire.

J'ai beaucoup aimé la description de l'ambiance amicale de ce groupe au temps de leur enfance, adolescence, jeunesse.  Ils traversent ces étapes en se racontant tout ou presque car l'un des trois cache un lourd secret en lui qu'ils ne soupçonnent pas et qu'il ne peut pas dévoiler. 

Ensuite, il y a le passage à la vie adulte et la vie avec laquelle il faut plus ou moins s'accommoder : les renoncements, les lâchetés, les compromis. Sauront-ils aller au-delà et se retrouver ? 

Valérie Perrin est un conteuse hors pair, elle sait nous captiver tout en décrivant une époque, des sentiments. Cela en fait un roman idéal pour l'été.

Si je devais faire une petite réserve, ce serait au niveau du style où j'y vois parfois des facilités et l'usage d'un vocabulaire peu littéraire. Mais je pinaille, me direz-vous !

Bonne lecture

J-C Togrège
21/08/2021



mardi 10 août 2021

ROMAN GRAPHIQUE /// BLANC AUTOUR : Une réussite !

 BLANC AUTOUR
AUTEUR : WILFRID LUPANO
ILLUSTRATEUR : STEPHANE VERT

Un très beau roman graphique qui met l'accent sur des situations historiques difficiles avec des illustrations tout en douceur et en rondeur.

Cette dualité entre des propos rudes et de jolies couleurs est tout à fait réussie.

Venons en à l'histoire inspirée de faits réels qui se passe à Canterbury en 1832 dans le Connecticut.

Dans cette région du Nord des Etats-Unis, l'esclavage a été aboli, contrairement au Sud où cela ne sera effectif qu'en 1865 par un vote du Congrès. Cependant les noirs n'en en réalité guère de droits...


Nous faisons connaissance avec une jeune institutrice, Prudence Crandall, qui ouvre son école aux jeunes filles noires, ce qui crée un scandale dans la société blanche et lui valut de nombreux ennuis.

Parallèlement à ce récit, il nous est évoqué une révolte sanglante menée par  des esclaves  dans le Sud du pays  avec le massacre d'une soixantaine de blancs. Un personnage du roman, un jeune  enfant noir rebelle, sera là pour rappeler les faits et les déclarations du meneur, Nat Turner qui fut pendu en 1831. 

Le texte est très pertinent, les dialogues fort réussis.
Parfois, les mots s'effacent pour laisser les illustrations sans commentaire sur plusieurs pages.

Non seulement c'est un beau livre, mais c'est aussi un sujet de réflexion et d'ouverture.

Bonne lecture.

J-C Togrège
11/08/2021

vendredi 6 août 2021

LIVRE /// CARESSE DE ROUGE - ERIC FOTTORINO : un roman très singulier

 CARESSE DE ROUGE
ERIC FOTTORINO




Voici un autre roman très singulier d'Eric Fottorino paru en 2005.

Un  homme s'occupe seul de Colin, son petit garçon, la mère s'étant éclipsée et le lui ayant laissé à charge dès qu'il sut marcher.

Par amour pour son enfant, il va tout faire jusqu'à l'impossible et pour cela se déguiser en maman lorsque Colin lui dit "J'veux maman !"

Ce roman très bien écrit, dont les mots sonnent  justes, a une narration inattendue en ce sens qu'il nous emmène là où l'on ne s'y attend pas...



Tout commence dans une direction banale avec un constat d'assurance suite à un incendie dans un appartement par un agent d'assurances qui semble quelconque, puis cela se dirige vers ce qu'on croit être l'histoire d'un amour paternel excessif et d'un chagrin,  pour enfin prendre une autre tournure jusqu'au chapitre final qui nous cloue jusqu'au malaise. J'ai relu ce dernier deux fois tant il était dérangeant.

Ce qui est fort c'est que ce roman reste réaliste même sur l'aspect transformiste du personnage quand il revêt sa panoplie de "maman"; c'est vrai aussi quand il crée une famille imaginaire à son enfant pour le rendre heureux et lui faire oublier qu'ils ne sont que deux dans leur quotidien.

Je ne vous en dirai pas plus si ce n'est que "caresse de rouge" est une marque de rouge à lèvres.

Bonne lecture

J-C Togrège
06/08/2021


mardi 3 août 2021

ERIC FOTTORINO : "Baisers de cinéma" et "Marina A"

ERIC FOTTORINO


J'avais vu l'auteur à la Grande Librairie mais ne l'avais encore jamais lu. C'est chose faite avec deux romans très différents.


Je commençai par "Baisers de cinéma" qui date de 2007 et fut couronné du Prix Médicis

C'est l'histoire d'un homme, Gilles Hector, qui n'a jamais connu sa mère. Son père décédé, photographe spécialisé dans le noir et blanc, a simplement consenti à lui dire que c'est une femme avec laquelle il aurait échangé un baiser de cinéma. 

Alors il visionne tous les films de la Nouvelle Vague où son père collabora, à la recherche de cette femme mystérieuse. Cela permet d'évoquer nombre d'œuvres du 7ème art.

Et puis, parallèlement à cette quête, il y a son histoire d'amour avec une femme mariée, Mayliss.

En somme deux obsessions féminines pour le narrateur…


Tout cela reste assez mystérieux servi par une écriture de grande qualité, légère, nuancée, faite de détails, d'impressions. Cela crée un univers bien particulier.


Puis, je passai à la lecture de son dernier roman paru cette année : "Marina A"


Ce fut d'abord pour moi la découverte du travail artistique très particulier de Marina Abramovic dont il est question durant tout le récit. Il s'agit d'art contemporain, de faire de son corps une œuvre d'art.

Le narrateur, complétement subjugué par cette Marina, nous raconte les différentes performances réalisées par celle-ci au cours de sa carrière.

L'une est particulièrement marquante et dérangeante.

Voyez plutôt !
En 1974, pendant 6 heures, elle se livre au public en tant qu'objet dont il peut faire ce qu'il veut. A côté d'elle, une table avec 76 objets, certains de plaisir (plume, fleurs …), d'autres de destruction (couteux, barre de fer …) 

Dans un premier temps, cela se passa bien puis peu à peu les gens devinrent menaçants, lui lacèrent ses vêtements, la déshabillèrent, lui burent le sang etc.

L'artiste dira par la suite : " Ce travail révèle ce qu'il y a de plus horrible chez les gens. Cela montre à quelle vitesse, quelqu'un peut se décider à te blesser lorsqu'il y est autorisé. Cela montre à quel point il est facile de déshumaniser quelqu'un qui ne se défend pas. Cela montre que la majorité des gens "normaux" peuvent devenir violents en public si on leur en donne la possibilité.

La description des différentes performances de l'artiste, seule où avec celui qui fut son conjoint (Ulay), a pris le pas dans mon esprit sur le récit de ce Paul Gracheux, docteur de son état. D'ailleurs, ensuite, je suis allé sur internet pour en savoir davantage sur Marina Abramovic.

L'écriture est toujours de qualité mais je me suis un peu perdu dans les réflexions du narrateur. Si j'ai bien compris, sa conclusion renforcée par la pandémie actuelle est qu'il faut prendre soin de l'autre.

Deux livres qui ne laissent pas indifférents !

Bonne lecture estivale.

J-C Togrège
03/08/2021