mardi 3 août 2021

ERIC FOTTORINO : "Baisers de cinéma" et "Marina A"

ERIC FOTTORINO


J'avais vu l'auteur à la Grande Librairie mais ne l'avais encore jamais lu. C'est chose faite avec deux romans très différents.


Je commençai par "Baisers de cinéma" qui date de 2007 et fut couronné du Prix Médicis

C'est l'histoire d'un homme, Gilles Hector, qui n'a jamais connu sa mère. Son père décédé, photographe spécialisé dans le noir et blanc, a simplement consenti à lui dire que c'est une femme avec laquelle il aurait échangé un baiser de cinéma. 

Alors il visionne tous les films de la Nouvelle Vague où son père collabora, à la recherche de cette femme mystérieuse. Cela permet d'évoquer nombre d'œuvres du 7ème art.

Et puis, parallèlement à cette quête, il y a son histoire d'amour avec une femme mariée, Mayliss.

En somme deux obsessions féminines pour le narrateur…


Tout cela reste assez mystérieux servi par une écriture de grande qualité, légère, nuancée, faite de détails, d'impressions. Cela crée un univers bien particulier.


Puis, je passai à la lecture de son dernier roman paru cette année : "Marina A"


Ce fut d'abord pour moi la découverte du travail artistique très particulier de Marina Abramovic dont il est question durant tout le récit. Il s'agit d'art contemporain, de faire de son corps une œuvre d'art.

Le narrateur, complétement subjugué par cette Marina, nous raconte les différentes performances réalisées par celle-ci au cours de sa carrière.

L'une est particulièrement marquante et dérangeante.

Voyez plutôt !
En 1974, pendant 6 heures, elle se livre au public en tant qu'objet dont il peut faire ce qu'il veut. A côté d'elle, une table avec 76 objets, certains de plaisir (plume, fleurs …), d'autres de destruction (couteux, barre de fer …) 

Dans un premier temps, cela se passa bien puis peu à peu les gens devinrent menaçants, lui lacèrent ses vêtements, la déshabillèrent, lui burent le sang etc.

L'artiste dira par la suite : " Ce travail révèle ce qu'il y a de plus horrible chez les gens. Cela montre à quelle vitesse, quelqu'un peut se décider à te blesser lorsqu'il y est autorisé. Cela montre à quel point il est facile de déshumaniser quelqu'un qui ne se défend pas. Cela montre que la majorité des gens "normaux" peuvent devenir violents en public si on leur en donne la possibilité.

La description des différentes performances de l'artiste, seule où avec celui qui fut son conjoint (Ulay), a pris le pas dans mon esprit sur le récit de ce Paul Gracheux, docteur de son état. D'ailleurs, ensuite, je suis allé sur internet pour en savoir davantage sur Marina Abramovic.

L'écriture est toujours de qualité mais je me suis un peu perdu dans les réflexions du narrateur. Si j'ai bien compris, sa conclusion renforcée par la pandémie actuelle est qu'il faut prendre soin de l'autre.

Deux livres qui ne laissent pas indifférents !

Bonne lecture estivale.

J-C Togrège
03/08/2021


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