mardi 24 avril 2018

CINEMA /// LA FORME DE L'EAU - Guillermo del Toro : un conte fanstatique pour adultes

LA FORME DE L'EAU
GUILLERMO DEL TORO

Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Octavia Spencer...


 


Sortir de la salle en n'ayant pas l'impression d'avoir déjà vu ça cent fois, avoir été séduit par l'originalité de la mise en scène et des plans visuels, rester imprégné du récit et de la très belle musique d'Alexandre Desplat, et se dire que " ça c'est du cinéma !

S'apercevoir avec surprise qu'il est déjà 23h, comme si le temps s'était suspendu pendant les deux heures du film tant l'attention était accaparée, et se résoudre à quitter la salle après les dernières notes de musique, et se dire " ça c'est un film qui valait le grand écran !

Voici le beau moment de cinéma vécu hier avec "La forme de l'eau", un conte fantastique pour adultes !





Elisa Esposito (jouée par Sally Hawkins) est une jeune femme muette qui vit seule. Elle est femme de ménage dans un laboratoire secret, semble transparente. Sa vie va basculer lorsqu'elle va rencontrer une créature aquatique gardée prisonnière qui vit un calvaire car sujet d'expériences pour les militaires. Elle va s'apercevoir que celui qui est vu comme un monstre est en réalité un être sensible, capable de communication, de qui elle va s'éprendre. Leur histoire d'amour va alors commencer et l'on y croit malgré le caractère irréaliste de la situation.

Le talent du réalisateur, c'est de faire un film fantastique qui paraît crédible alors même que c'est impossible. L'on  n'est pas dans du grandguignolesque mais dans l'imaginaire, cela ira jusqu'à leur rencontre charnelle...

Derrière le récit, il y a du fond aussi avec cet appel pour la tolérance, l'acceptation de la différence, tout cela sous le couvert d'un conte moderne.

Les images sont sublimes, la poésie n'est jamais très loin, et l'histoire d'amour est belle.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
24/04/2018

PS Chronique écrite en écoutant la musique du film







samedi 21 avril 2018

LIVRE /// LA VIE INTERIEURE - CHRISTOPHE ANDRE - Comme des exercices de vie afin de ne pas passer à côté de l'essentiel

LA VIE INTERIEURE
CHRISTOPHE ANDRE




A mille lieues de la précipitation dans laquelle notre société s'épuise et nous épuise, Christophe André nous invite à se pencher sur notre vie intérieure, sur ce qui est intrinsèquement nous, sur ce qui fait l'intensité d'une vie vécue.

Ce voyage dans notre vie intérieure se fait à travers 40 chapitres cours, eux-mêmes précédés de petits extrait littéraires ou de poèmes allant de Marc Aurèle, à Chateaubriand, en passant par Modiano, Milan Kundera, Apollinaire et Maupassant pour n'en citer que quelques uns. Ces préambules aux chapitres sont un hors d'œuvre préparant à la réflexion ou méditation (pour ceux qui savent pratiquer cet art de vivre !) des différents thèmes.






Voici quelques uns des sujets abordés : la fuite du temps, le succès et l'échec, les résolutions, la nostalgie, les regrets, la lecture, la méditation, l'écriture, la légère ivresse, l'examen de conscience, les visages du bonheur, le pardon etc. autant de questions qui nous touchent tous plus ou moins.

Ce livre se lit par petites touches nous amenant à une réflexion intérieure. N'y voyez pas de l'égocentrisme, l'une des finalités c'est aussi de mieux s'ouvrir au monde !

Parfois, l'on se dit que c'est le bons sens même, que "bien sûr, c'est ce qu'il faut faire", sauf que notre course éperdue nous empêche de le faire et de nous poser les questions essentielles sur le sel de l'existence. Courir, toujours aller plus vite, ne pas voir passer les jours et cela pour nous mener où ?

 En somme un livre à poser sur sa table de nuit et à reprendre régulièrement comme pour se faire un petit bilan sur soi-même, sur ce qu'on a vécu, comme des petites leçons de vie.

Extraits :

"Omniprésentes aujourd'hui, les musiques d'ambiance ont certes un effet sur nous (sur nos impulsions à acheter et consommer par exemple) mais ne sont pas fécondes pour notre vie intérieure. Les musiques choisies pour accompagner une activité (lire, travailler) ont sans doute une incidence supérieure.
Mais la situation "parfaite" est celle de la pleine attention : on ne fait rien d'autre qu'écouter la musique. Réfléchissez-y et vous verrez que ce n'est pas si fréquent dans nos journées. Nous sommes plus souvent confrontées à des musiques subies (musique d'ambiance) ou entendues (musique d'accompagnement).
Lorsqu'on s'immobilise et qu'on écoute vraiment, il se passe bien d'autres choses. En plus de la musique, il y aussi l'écho de la musique en nous : sur notre corps, nos émotions, nos pensées, nos souvenirs (...)


Une autre lecture récente est venue à la rencontre de ce livre : "Et si la clef était ailleurs" d'Yves Duteil, ouvrage dans lequel il parle de spiritualité, de sa vie, de ses réflexions sur le monde. C'est une jolie façon de nous livrer son monde intérieur.

Ce titre est celui d'une de ses très belles chansons :

"Et si la clé était ailleurs
Défier la mort et rassembler
Les milliards de grains de beauté
Disséminés dans l'univers
Et l'amour qu'il reste à donner
Pour l’offrir à l'éternité."



https://www.youtube.com/watch?v=T_sZ3VCnvvA


Bonnes et belles lectures

JC Togrège
21/04/2018

PS un CD des textes lus par Christophe André est joint au livre.





dimanche 15 avril 2018

LIVRE /// COMME UNE ENVIE IRREPRESSIBLE DE MAUPASSANT ! : les surprises d'une AG

COMME UNE ENVIE IRREPRESIBLE DE MAUPASSANT



Bonne surprise d'une après-midi suivant une Assemblée Générale, avec une conteuse (Jakline) venue nous lire quelques nouvelles dont certaines de Maupassant !

De suite, et le talent de la conteuse n'y étant pas pour rien, le style, le ton et la qualité de l'écriture de Maupassant ont accaparé mon attention et fait naître en moi une envie irrépressible de relire cet auteur.

Le nom des romanciers lus ne nous fut révélé qu'en fin de séance mais nombreux étaient ceux qui avaient identifié cet auteur.
Quant à Françoise Xenakis, j'avoue ne pas la connaître et être tenté de la découvrir suite à ce que j'en ai entendu.





Une fois l'envie née, il me restait à trouver les nouvelles lues. Par manque de chance, elles ne figuraient pas parmi les recueils que je possède. Certes, j'aurais pu les trouver sur internet, mais la lecture sur écran, autant vous le dire tout "net", ce n'est pas moi. Il me faut l'objet, le toucher du papier, tourner les pages !

Alors rien de tel que de fureter dans une librairie, ce lieu enchanteur à protéger, pour trouver ce qu'on cherche ou... tout autre chose. Mon épouse se mit aussi en quête de " La rempailleuse" et de "Au bord du lit".

Dans la première, c'est l'histoire d'une pauvre femme passionnée depuis l'enfance pour un petit bourgeois infatué de son statut, dans la seconde c'est le dialogue savoureux d'une épouse trompée qui réclame de l'argent à son mari pour lui accorder ses "faveurs" au tarif pratiqué par ses maîtresses.

L'on retrouve dans "Les contes de la Bécasse" (où se trouve "La rempailleuse) le ton facétieux si plaisant de Maupassant, fait d'humour souvent grinçant, de désillusion, de désenchantement sur la société et la vie. Il s'y ajoute son art des dialogues, la description de la nature et la qualité de son écriture où il peut tout dire avec légèreté et grâce.

Extrait de "La moustache"

"D'où vient donc la séduction de la moustache, me diras-tu ? Le sais-je ? D'abord elle chatouille d'une façon délicieuse, On la sent avant la bouche et elle vous fait passer dans le corps jusqu'au bout des pieds un frisson charmant. C'est elle qui caresse, qui fait frémir et tressaillir la peau, qui donne aux nerfs cette vibration exquise qui fait pousser ce petit "ah!" comme si on avait froid. (...)

Bigre, moi qui voulais raser ma moustache, cela me donne à réfléchir !

Bonnes et belles lectures.

JC Togrège
15/04/2018

lundi 9 avril 2018

MUSIQUE /// YVES DUTEIL EN CONCERT A REIMS : Un concert chargé d'émotions et d'humanisme !

YVES DUTEIL
EN CONCERT A REIMS






Yves Duteil s'est produit à Reims au Centre des Congrès dimanche 8 avril en après-midi.

Un concert chargé d'émotions qui lui valut une ovation du public largement méritée.

Nous avions la chance d'être près de la scène (au 4ème rang, et pour cela nous étions venus une heure avant !) et avons de ce fait pu voir le regard profond et le sourire chaleureux du chanteur.





En pratiquement deux heures de spectacle, Yves Duteil a chanté 11 titres de son dernier album  que je recommande car très réussi, tant pour les textes, les thèmes que la musique et les orchestrations.

Il y eut les chansons incontournables "Virage", "Prendre un enfant", "La langue de chez nous" et tant d'autres, toutes très bien écrites, dont ma préférée "La mélancolie" qui est une merveille de sensibilité

Yves Duteil n'est pas de ceux qui alignent les titres  les uns derrière les autres, il parle au public, lui explique la création de certains titres, y ajoute des anecdotes. Il se crée une connivence entre l'artiste et la salle, ce qui rend le concert d'autant plus fort.

Ce qui caractérise ses textes, c'est la profondeur du propos tant pour raconter les douleurs du monde, les drames que l'amour, l'amitié, la transmission et le vécu du quotidien. Il sait y mettre de la bienveillance et se revendique sous le terme de "douceur militante".

Il était entouré de 5 très bons musiciens : contrebasse, violoncelle, piano, batterie-percussions, guitare. Une forte présence des cordes et du piano convint parfaitement aux orchestrations.






Je n'ai eu qu'un seul regret.

Au milieu de cette salle pleine de "jeunes des années 80", je n'y ai vu que très peu de jeunes adultes.

Certes, les médias ne le mettent pas souvent en valeur, si bien que les nouvelles générations le connaissent peu, tout en citant néanmoins "Prendre un enfant". C'est dommage !

Son public lui est fidèle et sait qu'il est l'un des grands noms de la Chanson française.







Ce tour de chant plein d'humanisme, d'émotions et de poésie m'a fortement touché.

Voilà un homme qui sait nous ouvrir le cœur et l'esprit !

Musicalement vôtre

JC Togrège
09/04/2018







mardi 3 avril 2018

LIVRE ET CINEMA /// LE COLLIER ROUGE : JEAN-CHRISTOPHE RUFFIN

LE COLLIER ROUGE
JEAN CHRISTOPHE RUFIN



Alors que l'adaptation cinématographique signée Jean Becker vient de sortir en salle, je viens de plonger dans cette histoire humaniste écrite par Jean-Christian Rufin à partit d'une anecdote vraie  largement romancée et très prenante.

le 14 juillet 1919, un jeune paysan revenu décoré de la guerre va commettre un acte considéré comme une insulte à la nation. Il se trouve emprisonné en attendant d'être jugé.

L'on n'aura connaissance de ce qu'il a fait qu'à la fin du livre.



Son juge, ce sera un militaire de carrière, joué au cinéma par François Cluzet et que j'imagine bien dans le rôle. De suite, celui-ci va être intrigué par un chien au collier rouge qui aboie sans cesse aux abords de la prison. Ce chien, c'est celui de Morlac, l'homme emprisonné, qu'il a accompagné partout  à la guerre et à qui il voue une loyauté totale. Son rôle capital nous sera dévoilé au cours du récit.

Ce petit paysan partit d'abord à la guerre comme un bon "petit soldat" faisant son devoir avant un éveil de sa conscience politique par les livres et par le vécu de la boucherie. Et toujours, le chien sera à ses côtés.

Ce livre, c'est un huis clos entre deux hommes dans un contexte d'après-guerre difficile. L'un, en charge de juger, veut comprendre le comportement de l'autre qui dans un premier temps se fait taiseux et énigmatique.

L'écriture de Jean-Christophe Rufin est fluide, belle et émaillée de nombreux dialogues qui frappent juste.


Extrait

" - C'était lui, le héros. C'est ça que j'ai pensé, voyez-vous. Pas seulement parce qu'il m'avait suivi au front et qu'il avait été blessé. Non, c'était plus profond, plus radical. Il avait toutes les qualités qu'on attendait d'un soldat. Il était loyal jusqu'à la mort, courageux, sans pitié envers les ennemis. Pour lui le monde était fait de bons et de méchants. Il y avait un mot pour dire ça : il n'avait aucune humanité. Bien sûr, c'était un chien... Mais nous qui n'étions pas des chiens, on nous demandait la même chose. Les distinctions, médailles, citations, tout cela était fait pour récompenser des actes de bêtes."

Bonne lecture.

JC Togrège
03/04/2018