LIVRE : ILLUSIONS PERDUES DE HONORE DE BALZAC - un véritable "Page turner"

ILLUSIONS PERDUES

HONORE DE BALZAC

Il est un terme utilisé de nos jours pour qualifier un roman haletant dont l'on ne peut pas s'arrêter de tourner les pages, notamment les thrillers : Un "page turner".

Certes, je n'aime pas cette expression anglaise mais elle aura le mérite de faire comprendre mon propos par les plus jeunes. Alors autant que pour un livre de Pierre Lemaitre (je le cite car je suis en train de lire " Le silence et la colère"), j'affirme que l'on peut dire la même chose de : "Illusions perdues" de Balzac.

Ayant lu l'ensemble de la comédie humaine dans les années 1990, j'avais envie de retrouver le style de ce grand auteur et ai relu ce roman de 700 pages découpé en trois parties :

- Les deux poètes

- Un grand homme de province à Paris

- Les souffrances de l'inventeur

J'ai été repris par le souffle de ce récit, me suis attaché aux différents personnages, à leur devenir, ai tremblé pour eux, ai pesté contre l'aveuglement de l'arrivisme de Lucien (héros et anti-héros à la fois), ai été touché par le couple formé par Eve et David. Tout comme chez Pierre Lemaitre, outre l'histoire captivante, il y a de l'analyse sociale. 

Ici l'on retrouve du snobisme, des êtres veules gonflés d'égoïsme et de prétention, c'est à celui qui voudra briller le plus quitte à piétiner son prochain. Ce n'est pas un seul milieu social qui est montré du doigt mais la nature humaine dans ce qu'elle a de plus détestable. Les cœurs purs, car il en existe autant hier qu'aujourd'hui vont aller de désillusion en désillusion. Ainsi en est-il de David l'inventeur qui doit se cacher pour ne pas se faire voler son procédé concernant l'imprimerie, ou de la sœur perdant ses illusions sur un frère poète qui se fera pervertir… Mais ce ne sont là que quelques épisodes dans un récit foisonnant et lucide avec maints rebondissements.

N'écoutez pas ceux qui vous diront qu'il y a trop de longueurs ou de descriptions chez Balzac. Certes, il y en a mais sans exagération aucune, et tout cela est compensé par une si belle écriture. 

J'ai manqué en 2021 l'adaptation cinématographique faite par Xavier Giannoli en 2021 et m'étais promis de me replonger dans ces "Illusions perdues". Rien que le titre est déjà beau...

Espérons que mon enthousiasme sera suffisamment communicatif pour vous donner envie à votre tour de lire ce chef d'œuvre du XIXème siècle.

Bonne lecture

J-C Togrège

22/04/2023

Complément du 21/12/2023

Depuis cette chronique, j'ai vu le film de Xavier Giannoli qui, malgré une esthétique certaine, m'a un peu déçu. 

Comment parler d'Illusions perdues en ayant occulté ou presque la 1ère partie du roman ? C'est dans cette partie que Lucien exprime son amour pour la poésie et la littérature, c'est en Province que se construit son rêve. Outre un recueil de poésie, il a aussi écrit un roman totalement oublié dans le film.

Pourquoi avoir négligé le personnage de la sœur (Eve) et passé sous silence l'amitié avec David ? 

Les scènes de nudité me semblent inutiles. Quant à la fin, ce n'est pas celle du livre. Alors l'on peut regarder ce film comme une grande production bien faite, mais lisez-le livre, il vous transportera bien davantage dans la réalité du génie de Balzac et c'est quelque chose ! 

LIVRE /// 21 leçons pour le XXIème siècle de Yuval Noah Harari

21 leçons pour le XXI

Yuval Noa Harari

J'avais aimé "Sapiens" (voir ma chronique du 8 septembre 2022) et un peu moins "Homo deus" car j'y voyais pas mal de redites par rapport au précédent. Qu'allait-il en être de celui-ci ?

Comme pour les autres livres de l'auteur, il s'agit d'un ouvrage de vulgarisation scientifique et sociologique. La lecture ne se fait pas au rythme d'un thriller. Les thèmes abordés étant multiples, chacun se focalisera plus sur certains sujets en fonction de ses centres d'intérêt.

Avant d'aller au-delà, sachez que j'ai bien aimé les sous-titres qui étaient associés aux titres. Ainsi en est-il de :

Liberté : Big Data vous observe

Guerre : Ne jamais sous-estimer la bêtise humaine

Ignorance : Vous en savez moins que vous ne le pensez

Education : La seule constante est le changement

Sens : La vie n'est pas un récit

Loin de moi l'idée de vous parler de tous les thèmes abordés, ce serait fastidieux tant pour vous que pour moi. 

L'un des sujets qui m'a passionné est celui de l'I A (Intelligence artificielle) et les conséquences que cela entraine sur le marché de l'emploi et le sens de la vie.  C'est fini l'époque où les sociétés avaient besoin de "bras" en quantité, ce qui va compter de plus en plus c'est la technicité avec une formation de plus en plus pointue. 

Au début du XXème siècle, un salarié agricole licencié pour cause de mécanisation pouvait être embauché dans une usine. Puis quand les usines se sont automatisées à leur tour, il restait beaucoup de poste dans la grande distribution mais l'on voit que cela se finit également.

Partout, l'intelligence artificielle prend le pas et supprime des emplois.  L'auteur pointe du doigt  la question qui se pose à chacun sur son rôle dans la société avec le risque majeur de l'émergence d'une classe inutile sans formation et sans avenir. Or chacun a besoin de se sentir utile ! 

Et puis, il y a un vrai choix de société : voulons-nous d'un monde où nous serions confrontés pour tous les actes de notre vie à un robot ?  

Comme pour ses précédents ouvrages, Yuval Noah Harari nous invite à réfléchir, et plus précisément dans celui-ci sur le futur que nous voulons pour nos enfants. 

Bonne lecture ! 

J-C Togrège 
17/04/2023

PÂQUES 2023 : IL A PLU

 PÂQUES 2023

         Il a plu

Ce matin au jardin, il a plu dru
Mais pas de l'eau, qui l'eût cru ? 
Au jardin, qu'a t-il donc plu ? 
Des œufs colorés tout dodus
Des œufs en chocolat, du jamais vu !
Pour se cacher, passer inaperçus
Sous des feuilles, ni vu ni connu
Se sont glissés, bien entendu.

Cherche-les, trouve-les, c'est ton dû
Trouve-les tous ces œufs ventrus
Etre goulu, pourquoi ce serait défendu ?

Texte de J-C Togrège
Illustration de Jean-Jacques Dumont

ALBUM JEUNESSE : La poule qui ne pondait pas de Julie Paschkis

LA POULE QUI NE PONDAIT PAS

JULIE PASCHKIS

Voulant un nouvel album à lire pour Pâques, j'ai fait plusieurs librairies et commençais à me désespérer d'en trouver un qui soit original. J'en trouvais avec des illustrations intéressantes mais les histoires étaient sans relief.

Et puis, je suis tombé sur "La poule qui ne pondait pas" de Julie Pashkis et fus séduit tant par le texte que par les illustrations.

Alors voilà, il s'agit d'une poule nommée Pysanka qui ne pond pas, ce qui fait jaser dans le poulailler. 

La différence, c'est bien connu, ce n'est pas bien vu !

Alors vint le moment où Pysaka leur en donna la raison, qui s'avéra être très poétique. : "Je vais vous dire pourquoi (...) A cause des aubes pâles, de la mousse sombre, des rayures de crocus, du chat orange avec son œil bleu, du cœur brillant d'un pissenlit, du ciel de minuit."

Comment pourrait-elle pondre alors qu'elle admire le monde qui l'entoure ? 

Elle se résolut tout de même à pondre un œuf et ce sera une surprise que je ne révèlerai pas...

Quant aux illustrations, elles sont vraiment très jolies avec des couleurs vives et éclatantes. Les pages sont à tour de rôle à dominante jaune (comme la couverture), verte, bleue, jaune.

Pour l'avoir lu à des enfants cette semaine, sachez qu'ils l'ont adoré ! 

En fin de livre, il nous est expliqué qu'une Pysanka en Ukraine est "un œuf décoré et fabriqué avec des motifs de cire d'abeille teintés ou laqués".

Bonne lecture !

J-C Togrège

05/04/2023