mardi 29 décembre 2020

CES AUTEURS QUI ONT DU STYLE : Franck Bouysse, Sandrine Collette, Jean-Louis Fournier, Fabrice Caro

 CES AUTEURS QUI ONT DU STYLE !


Hasard de mes dernières lectures qui va faire se croiser dans cette chronique des auteurs très différents mais qui ont un point commun indéniable, celui d'avoir une écriture, un ton et une narration bien à eux.

En clair, il s'agit d'écrivains contemporains qui n'écrivent pas comme tout le monde, et ceci pour le plus grand bonheur des lecteurs. Outre le fait qu'un auteur nous embarque dans une histoire, nous aimons plus que tout qu'il le fasse à sa façon à lui et qu'elle soit bien spécifique.

Commençons par  Franck Bouysse et sa très belle écriture littéraire : Franck Bouysse.

Après le magnifique "Né d'aucune femme" que je recommande à nouveau, voici son dernier roman : "Buveurs de vent"

L'histoire se déroule dans la vallée du Gour Noir complétement sous la coupe du propriétaire de la Centrale; rien ne se fait sans son accord, c'est chez lui que chacun travaille directement ou indirectement. Cela fait penser un peu à un western d'antan.

Nous allons suivre quatre jeunes gens issus d'une même famille, trois garçons et une fille, très différents les uns des autres mais très liés.

Leur complicité se  matérialise depuis longtemps dans leur pratique de se suspendre chacun à une corde sur le rebord du viaduc...



Un drame rural noir avec une approche psychologique des personnages, et comme toujours une langue riche, imagée où même les scènes crues passent, tant elles sont bien écrites sans vulgarité ou facilité. 
Sans oublier une fin inattendue !

Autre auteur, ou plutôt autrice, ayant une grande imagination : Sandrine Collette.
Chacun de ses romans nous plonge dans un lieu et un cadre différents. Avec elle, c'est l'aventure assurée tant généralement elle fait preuve d'originalité. J'ai notamment beaucoup aimé : "Des nœuds d'acier", "juste après la vague", "six fourmis blanches".

Il est difficile de qualifier ses livres à mi-chemin entre le thriller et le conte noir.


Dans "Et toujours les forêts", elle aborde un sujet souvent abordé, celui d'un monde post-apocalyptique. 

Quand l''explosion se produit, Corentin se trouve dans une catacombe où il a fait la fête. Quand il en sort, c'est un paysage de désolation qui s'offre à lui. Il décide alors d'aller à la recherche de la vieille femme qui l'a élevé.

Certes, il y a le talent de Sandrine Collette, son art de nous attacher à son récit, notre addiction à savoir ce qui va se passer, son style lapidaire et tout cela fait que c'est un roman où l'on prend du plaisir.

Cependant, j'y préfère des livres comme "Mangevil" de Robert Merle, "La route" de Cormac Mc Carthy ou "le fléau" de Stephen King.



 Autre style avec l'humour grinçant et la tendresse de Jean-Louis Fournier à travers des chapitres courts et des phrases qui font mouche pour son dernier livre " Merci qui ? Merci mon chien".


S'il en est un  qui aborde tout thème d'une façon originale et décalée, c'est bien Jean-Louis Fournier. 
Faut-il rappeler "Où on va Papa ?", "Veuf" ou "Trop" ?

Dans celui-ci, où il rend hommage aux animaux qui ont partagé sa vie,  la tendresse est très présente. D'ailleurs le sous-titre en est "Tendre savoir-vivre avec les animaux".

Il y parle aussi de maltraitance, d'absence de considération, d'abandon, de souffrance, de la manière abjecte dont les animaux sont traités.

L'écriture se fait sous l'œil attentif de sa  chatte blanche "Artdéco", dont il nous donne les commentaires.



Extrait :
Je suis très triste.
Je rencontre un voisin qui s'étonne de me voir dans un tel état de tristesse. Pour me consoler, il ne trouve rien de mieux que cette phrase :
"C'est pas grave, c'était qu'une bête."
J'ai eu un instant la tentation de l'imaginer mort à mes pieds et de pouvoir lui dire :
"C'est pas grave, t'étais qu'un homme."

Terminons par un roman qui donne le sourire tant le style est désopilant : Broadway de Fabrice Caro.

Pour Axel, père de famille, tout commence par une lettre qu'il reçoit de l'assurance maladie l'invitant à passer un examen de dépistage du cancer corolectal destiné aux personnes de 50 ans et plus. Or il n'a que 46 ans. Pourquoi cet envoi ? Cela le perturbe !

 Et puis, il y a cette convocation à l'école pour un dessin obscène fait par son fils, cet ami insistant qui veut l'emmener en vacances.

Tout n'est pas facile pour ce père de famille qui ne sait pas dire non et qui a bien du mal à dire les choses.

Les tracas d'Axel sont racontés avec justesse et humour jusqu'à l'absurdité de certaines situations, de quoi nous faire passer un très bon moment, le sourire aux lèvres.





Tous mes vœux de bonnes et heureuses lectures en 2021 !

J-C Togrège
29/12/2020



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