Tout à fait à gauche, c'est la voix de la Petite Bonne sous forme d'un poème en prose avec des phrases très courtes.
Quand le texte occupe toute la place avec de plus longues phrases, c'est le couple qui parle, tantôt Monsieur, tantôt Madame.
Et enfin, sur la droite, c'est une troisième narration que je n'ai comprise qu'à la fin, ce qui m'a fait relire uniquement cette partie depuis le début.
Rien que pour cela, ce roman vaut le détour car il nous fait sortir de notre zone de confort habituelle en tant que lecteur.
Cela seul n'aurait pas suffi, il fallait aussi un récit consistant et c'est le cas ici.
Le roman tourne autour d'un invalide de la guerre 14/18, et plus précisément de ceux que l'on appelait des gueules cassées. M. Daniel vit reclus dans sa maison, ne voulant pas se montrer sans mâchoire, sans jambes et sans mains. Il était pianiste et vivait pour la musique, et cela fait vingt ans qu'il survit avec l'aide de la morphine. Il n'en peut plus et n'a qu'une idée en tête, en finir mais comment faire ?
Mme Daniel, quant à elle, a laissé sa vie de côté pour s'occuper de son mari. Recluse, elle l'est aussi, et cela il ne le supporte plus, il veut lui redonner l'envie de sortir, de rencontrer d'autres gens.
Enfin, il y a la Petite Bonne, domestique qui travaille chez plusieurs couples bourgeois. Elle est courageuse, travailleuse, et prend la vie avec fatalité.
A l'occasion d'un court voyage de Madame, la Petite Bonne va se retrouver plusieurs jours seule avec celui qu'elle nomme au début "Le Vieux" puis qu'elle nommera "Monsieur". Le roman prend alors la forme d'un huis clos passionnant et déchirant.
" Elle le sèche
du mieux qu'elle peut
partout
dans les plis
sans pudeur
Elle n'existe pas longtemps
la pudeur
quand on ne peut pas se laver
ni s'essuyer tout seul
C'est un mot lointain
c'est un mot étranger
qu'on n'utilise plus
il a eu du sens
autrefois."
Bonne lecture !
J-C Togrège
15/03/2025
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire