LES ROMANS POLICIERS DE YASMINA KHADRA
Il y a certains auteurs dont il est préférable d'espacer la lecture de leurs romans, tant l'on y retrouve la même trame, la même construction, voire les mêmes artifices. Ce n'est pas que ce soit mauvais en soi car cela peut nous faire passer de bons moments de temps à autre, et comme vous le savez, un bon plaisir de lecture, ça ne se refuse pas.
Certains de ces auteurs sont régulièrement en tête de vente...
Et puis, d'autres auteurs plus exigeants se renouvellent, abordent des sujets différents, explorent d'autres formats d'écriture et de récit.
C'est le cas de Yasmina Khadra dont les thèmes sont très éclectiques et parfois très inattendus.
Il s'est rendu célèbre avec sa trilogie sur l'affrontement Orient/Occident, a écrit un très beau roman d'amour ("Ce que le jour doit à la nuit"), s'est glissé dans la peau de Kadhafi pour décrire ses derniers jours, puis dans celle d'un terroriste (Kahlil). Et puis, il écrit aussi des romans policiers, c'est d'ailleurs ainsi qu'il a commencé sa carrière d'écrivain.
"L'outrage fait à Sarah Ikker" est sa dernière publication. Il s'agit d'une enquête menée suite au viol de la femme d'un lieutenant de police. J'ai été surpris par un retournement de situation que je n'avais pas vu venir...
Outre la qualité de l'histoire, c'est aussi le moyen de parler du statut des femmes au Maroc dans le couple et dans la société.
Cela m'a donné envie de lire un autre de ces romans policiers : Qu'attendent les singes ?
La commissaire Nora Bilal mène l'enquête sur le meurtre d'une jeune étudiante et cela va la mener jusqu'aux élites algériennes qui se considèrent au dessus du commun des mortels.
Cela ne sera pas sans danger...
A travers ce récit se dessine le portrait d'un pouvoir corrompu et cynique.
Extrait : "Il y a ceux qui font d'une lueur une torche et d'un flambeau un soleil et qui louent une vie entière celui qui les honore un soir; et ceux qui crient au feu dès qu'ils voient un soupçon de lumière au bout de leur tunnel, tirant vers le bas toute main qui se tend vers eux.
En Algérie, on appelle cette dernière catégorie : les Béni Kelboun.
Génétiquement néfastes, les Béni Kelboun disposent de leur propre trinité :
Ils mentent par nature,
trichent par principe
et
nuisent par vocation.
Ceci est leur histoire."
Yasmina Khadra, réputé pour son style poétique et littéraire, a une écriture plus âpre dans ses romans policiers. L'on y trouve moins de métaphores et de "belles phrases". Le style se fait plus percutant, plus adapté à un récit d'enquête.
Un auteur à multi facettes dont on ne se lasse pas.
Bonnes et belles lectures
J-C Togrège
09/11/2019
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire