jeudi 12 mars 2020

LIVRE /// QUAND DIEU BOXAIT EN AMATEUR - GUY BOLEY -

QUAND DIEU BOXAIT EN AMATEUR
GUY BOLEY


Ce livre concourt au prix Horizon 2020, raison pour laquelle je me devais de le lire.

Autant le reconnaître, je l'ai ouvert avec un a priori défavorable.

Un roman qui parle de boxe, cela ne m'attirait pas !

Un roman où l'auteur parle de son père ! Je craignais l'ennui ou l'indifférence tant il est difficile de rendre le sujet "père ou mère"  intéressant pour les autres.

Et puis, dès que j'ai commencé la lecture, j'ai été emballé par le style du romancier qui sait utiliser très finement l'ironie, l'auto-dérision tout en y mettant de l'émotion. De plus, je me suis pris d'intérêt pour les personnages et par la description d'une société aujourd'hui disparue.


Nous nous trouvons dans un quartier populaire de Besançon dans les années  fin 50/60, un monde si différent du nôtre avec un catholicisme très présent. L'on y parle de boxe, d'opérette, de musette, de forgeron, de spectacle paroissial fort fréquenté etc.

René et Pierrot sont deux jeunes garçons qui vont se prendre d'amitié pour la vie tout en suivant des trajectoires opposées, le premier devenant forgeron très jeune (il fallait rentrer un salaire !) et le second optant pour l'état de curé. 

Ce René a un père dont nous allons avoir un beau portrait qui sera un peu écorché lorsque l'enfant deviendra adolescent, âge où la figure parentale bascule de son pied d'estal. Ne sommes-nous pas tous passés par là ? 

Alors, certes l'on y parle de boxe mais pas de façon prédominante et sous l'angle d'un amateur, si bien que cela ne m'a pas "perturbé". De plus, ce père boxeur aime aussi collectionner les mots et là je ne pouvais qu'être séduit !

Extrait : 

"Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, les doigts encore gourds de tous les martèlements, les mains encore pleines d'escarbilles et de foudre, ouvrir son dictionnaire , son Larousse illustré, et recopier des mots au hasard de leurs formes, de leurs sonorités, de leur place dans les lignes, de leurs bizarreries ou de leur orthographe. Ou ne pas recopier et simplement tomber sur l'un d'eux dont il connaît le sens mais dont il se demande comment il parviendrait, dans son quotidien, à le tordre sous sa langue pour construire avec lui des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier sans même se demander comment il faut s'y prendre tant la chose va de soi quand ses mains habiles lui tracent le chemin."


Une vraie bonne surprise !
Une belle écriture !

J-C Togrège
12/03/2020





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