samedi 21 mars 2020

LIVRE /// LE MUR INVISIBLE : une histoire d'isolement captivante

LE MUR INVISIBLE
MARLEN HAUSHOFER


En cette période de confinement, je republie une chronique que j'avais écrite en février 2016 au sujet du "Mur invisible", une histoire d'isolement captivante.

Bonne lecture

J-C Togrège
21/03/2020

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A l'époque où j'avais lu "Dôme" de Stephen King, l'un d'entre vous m'avait fait remarquer que cette idée de l'isolement suite à une catastrophe avait déjà été utilisée par Marlen Haushofer dans " le mur invisible". J'avoue ne plus savoir de qui venait cette remarque, mais grand merci.
Cela a mis deux ans avant que ce livre ne vienne à ma rencontre, mais il est venu et quel plaisir !

Ce roman écrit en 1963 raconte la vie d'une jeune femme ordinaire qui se retrouve coupée du monde par un mur invisible. L'on ne saura rien de ce qui a précipité cette catastrophe, si ce n'est que cela ne peut venir que de la folie des hommes qui sont tous morts.

 Elle se trouve seule de son espèce dans son monde protégé par ce mur invisible qui lui a permis de rester vivante tandis qu'au delà tout ce qui était vivant s'est comme pétrifié. Alors que rien ne la prédisposait à être une "Robinson", la voilà seule dans un chalet situé en pleine forêt autrichienne. Il va bien lui falloir survivre et pour cela renouer avec  tout ce qui est essentiel pour subvenir à ses besoins.

Et puis, il y aura la solitude et le sentiment au fur et à mesure que personne ne viendra la délivrer car il ne demeure nul vivant hors ce mur.  Heureusement, elle comblera ce vide par la vie avec des animaux familiers rescapés comme elle, la vache Bella et son fils Taureaux, les chats (Tigre, la vieille chatte très indépendante, Neige)  et son chien Lynx.

Cela nous vaut de très belles pages sur les animaux, qui sont ses compagnons de misère, son monde reconstitué. S'il en était besoin, dans un monde où l'humain prédateur maltraite tant les animaux qu'il assassine sans vergogne, sans pitié et avec cruauté, cela met en évidence que les animaux sont bien évidemment des êtres sensibles dont nous avons besoin. Sans le lait de sa vache, que serait-elle devenue ? Elle lui doit la vie et par reconnaissance la traitera le mieux possible.
  
 Certes, notre héroïne s'adonnera à la chasse mais sans ce plaisir imbécile de tuer, uniquement parce qu'il le faut pour qu'elle même et ses animaux survivent.

 Aucun ennui pendant les 340 pages de ce récit alors que l'héroïne reste dans son huis clos. Elle y réfléchira au temps, au monde et y combattra la solitude, la dépression, la maladie, la résignation.
  
 Il y a aussi de très belles pages sur sa communion avec la nature et sur sa façon de la regarder maintenant qu'elle n'est plus prise dans le tourbillon de la vie moderne. Et pourtant le monde lui manque tant !

Extrait : 

 "A présent je prends le pas tranquille du paysan, même pour me rendre de la maison à l'étable. Le corps reste détendu et les yeux ont le temps de regarder. Une personne qui court n'a le temps de ne rien voir. Dans mon ancienne vie, mon trajet m'a fait passer pendant des années par une place où une vieille femme donnait à manger aux pigeons. J'ai toujours aimé les bêtes et ces pigeons maintenant changés en pierre avaient toute ma sympathie, et pourtant je serais incapable d'en décrire un seul. Je ne sais même pas quelle était la couleur de leurs yeux ou de leur bec. Vraiment je n'en sais rien et ce détail montre clairement la façon dont je me déplaçais en ville. C'est depuis que j'ai ralenti mes mouvements que la forêt est devenue vivante. Je ne veux pas dire que ce soit la seule façon de vivre, mais c'est certainement celle qui me convient le mieux."

Un très beau roman que je vous recommande, ne serait-ce que pour ette phrase citée ci-dessus "Une personne qui court n'a le temps de ne rien voir".

Bien à vous et vive la lecture !

J-C Togrège
21/02/2016


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