vendredi 23 août 2024

LIVRE ET CINE /// CE QUE LE JOUR DOIT A LA NUIT

CE QUE LE JOUR DOIT A LA NUIT
Un roman de Yasmina Khadra
Un film d'Alexandre Arcady



"Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme"

Cette citation extraite du roman de Yasmina Khada clôt ce beau film de 2h40 après une séquence finale très émotionnelle.


J'avais adoré ce livre de Khadra qui est un auteur à la langue splendide et imagée. Dans "Ce que le jour doit à la nuit", il avait su nous raconter sans manichéisme l'histoire de l'Algérie coloniale de 1930 à 1962, en parallèle d'une histoire d'amour magnifique et tragique.

Alexandre Arcady a su en faire une adaptation très réussie, tant pour l'aspect historique au travers de personnages appartenant à ces deux communautés qui s'affrontèrent pour l'amour d'un même pays, que pour la grande histoire d'amour qui illumine ce récit.

Le film commence dans les années 30 quand un père tombé dans la misère se résout, le cœur fendu, à confier son fils à son frère pharmacien pour lui offrir un avenir. Le petit garçon se voit alors changer son prénom de Younes pour celui de Jonas et se met à fréquenter les Français, sans oublier pour autant sa famille et ses racines. Il grandira avec ses contradictions au fil de l'histoire mouvementée de l'Algérie.

Ce film, c'est aussi de magnifiques images tournées en grande partie en Tunisie, une reconstitution historique fidèle et de bons acteurs.

En somme, une grande fresque romanesque et élégante fort bien réussie quoi qu'ait peu en dire une partie de la presse dite spécialisée. J'en retiendrai plutôt l'approbation de Yasmina Khadra quant à cette adaptation et mon grand plaisir de spectateur.

Cinéphilement vôtre
J-C Togrège
22/09/2012
republié le 23/08/2024

LIVRE /// LA VIOLONISTE D'AUSCHWITZ de Ellie Midwood

LA VIOLONISTE D'AUSCHWITZ
DE ELLIE MIDWOOD

(d'après l'histoire vraie de la chef d'orchestre d'Auschwitz)


Ce roman m'a permis de découvrir le personnage de Alma Rosé, fille d'un violoniste célèbre et nièce de Gustav Mahler. 

Violoniste autrichienne de talent, elle se produisit en tant que soliste et créa en 1932 un orchestre composé uniquement de femmes  ("Les Valseuses viennoises") qui fit des tournées en Europe. 

En 1942, elle fut arrêtée par la Gestapo à Paris, parce que juive, internée au camp de Drancy puis déportée à Auschwitz en juillet 1943.

Ellie Midwood nous raconte son internement dans ce camp de concentration où les conditions de vie étaient terribles. Initialement destinée à servir de cobaye dans le block des expériences médicales, elle ne dut sa survie qu'à son talent de violoniste. La direction de l'orchestre de femmes lui fut alors confiée.

J'ai appris par ce livre l'existence d'un tel orchestre qui jouait notamment quand les prisonniers allaient travailler et surtout aussi pour le plaisir des SS. Accepter ce rôle ne fut pas facile, mais Alma comprit que cela pouvait lui permettre de faire échapper à la mort des femmes musiciennes et d'améliorer leur ordinaire (douche, nettoyage de leurs vêtements, plus de nourriture, etc.). Pour cela, il fallut que l'orchestre composée d'amatrices atteigne un bon niveau, ce qui demanda beaucoup de travail à toutes.

La romancière précise dans sa postface qu'elle s'est largement documentée pour écrire ce récit et que nombre de personnages du livre ont existé. Les conditions de vie et de mort décrits correspondent malheureusement à la réalité (fours de crémation, torture, déshumanisation des prisonniers et prisonnières, les expériences du docteur Mengele, etc.), ce qui donne un intérêt historique à ce livre.

Alors que les circonstances de la mort d'Alma Rosé sont controversées (maladie, empoisonnement, suicide), Ellie Midwood prend le parti de la thèse du suicide.

La partie fictive se trouve principalement dans l'invention d'une histoire d'amour qui se noue entre Alma et Miklos (personnage inspiré d'un pianiste hongrois). J'émets des doutes sur l'utilité de cette romance, même si elle fonctionne parfaitement dans le roman.

Ce livre donne envie de lire une biographie de cette femme hors norme.

Bonne lecture !

J-C Togrège
23/08/2024




mercredi 21 août 2024

CINE /// ALIEN - ROMULUS - Dans l'espace personne ne vous entend crier

ALIEN - ROMULUS -
Un film de Fede Alvarez
avec Cailee Spaeny, David Jonsson
, Archie Renaux


Vous vous rappelez sans doute cette phrase choc qui avait servi pour la publicité du 1er ALIEN sorti en 1979 : "Dans l'espace, personne ne vous entend crier !"

Eh bien, ce nouvel opus est complétement fidèle à ce slogan et à l'esprit des 1ers films, et ce pour le grand bonheur des amateurs de ce genre qui mêle science-fiction et horreur !

Certes, Sigourney Weaver (charismatique au possible) n'est pas de la partie mais les jeunes acteurs et jeunes actrices sont de niveau. Les rapports entre eux fonctionnent bien, l'on s'intéresse à ces jeunes gens même si l'on suppose qu'il n'en restera qu'un au bout du compte, c'est ainsi que cela fonctionne habituellement.

A noter la très bonne idée d'y avoir introduit une note d'humour avec Andy, androïde aux histoires et jeux de mots pourris.


Tout commence dans une cité minière où les ouvriers sont exploités et exposés à des maladies. Un groupe de jeunes veut fuir cet endroit pour espérer un avenir meilleur. Ils investissent alors une station spatiale abandonnée pour y prendre le matériel nécessaire à leur envie d'évasion.

Comme vous vous en douter, ils vont être confrontés à l'Alien…

Et alors pas de temps morts mais des rebondissements avec de très belles images et une musique accompagnant le tout pour nous faire sursauter et nous laisser dans une tension constante.

La narration de ce film se situe entre le premier et le deuxième. Nous avions revu celui de 1979 avant d'aller au cinéma, maintenant notre envie est grande de revoir les suivants.

Cinéphilement vôtre.

J-C Togrège
21/08/2024








vendredi 9 août 2024

L'HOMME-JOIE DE CHRISTIAN BOBIN

 L'HOMME-JOIE
CHRISTIAN BOBIN



Lors de l'émission " Si on lisait à voix haute" de François Busnel, j'avais été grandement touché par la lecture que Joanne (élève de 6ème) avait faite d'un extrait du livre "L'homme joie" de Christian Bobin.

Tellement touché que j'en avais oublié mes partitions pour un concert auquel je me rendais, et qui heureusement, était tout proche de mon domicile, ce qui m'a permis d'aller les rechercher.

Et puis encore tellement touché que j'ai acheté le livre de Christian Bobin qui est un auteur-poète que j'aime beaucoup.

Comment dire la grâce et la lumière qu'il y a dans ce livre que j'ai parcouru et reparcouru plusieurs fois ? Il est certain qu'il deviendra l'un de ceux auxquels je reviendrai régulièrement.



Christian Bobin sait regarder le monde comme peu d'entre nous savent le faire; non seulement il sait le regarder, mais il a l'art de nous le montrer.

Les récits abordent des sujets très différents : une exposition du peintre Soulages, la lecture, la femme aimée, les fleurs et leur langage, le deuil etc.

Il a cette capacité à voir le beau, ce qu'il exprime dans cette phrase : " (...) et m'endors en pensant comme chaque soir que le plus beau est à venir."

Entre les textes, il a glissé des pensées courtes écrites à la main.

" Le silence, ce cadeau des anges dont nous ne voulons plus, que nous ne cherchons plus à ouvrir"

" Ecrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir."

Comme cet homme nous fait du bien !

J-C Togrège
09/08/2024



dimanche 4 août 2024

L' AMOUR DURE QUARANTE ANS de J-C Togrège

 L'AMOUR DURE QUARANTE ANS



L'amour dure quarante ans

Selon un auteur en vogue, l'amour durerait trois ans.
Il en fit le titre d'un livre à succès qui fut porté à l'écran.
Des scientifiques disent de même et pontifient sur les hormones, la chimie.
Nous ne serions mus que par des mécanismes biologiques, telle une horlogerie.
A la casse tous les grands mythes amoureux, rien que du vent ? 
Les histoires de cœur, de recherche d'âme sœur, rien que des boniments ?
Le romantisme ne serait qu'une invention de poète inadapté au temps présent
Où ne peuvent prévaloir que le rationnel, la science des comportements.
Ne voyez-vous pas comme ce déterminisme est avilissant ?
L'amour ne dure pas trois ans, l'amour dure quarante ans !

Trois petites années pour un amour, c'est loin d'être suffisant
Pour découvrir toutes les facettes de l'être aimé, travers et talents.
S'offrir corps et âme demande de l'attention, du respect, du temps.
Aimer ce n'est pas consommer un produit, profiter, zapper,
Changer de partenaire de jeux érotiques au moindre désagrément.
Sans l'alliance de cœur, point de salut, c'est s'infliger la nausée !
Année après année, l'amour se fortifie, se diversifie, se bonifie
Il gagne en densité à mesure que le couple gagne en connaissance
Se patine de tendresse, de projets en commun, de connivence.

L'amour ne dure pas trois ans, l'amour dure quarante ans
L'amour dure quarante ans... à tout le moins.

J-C Togrège
(Texte issu du recueil "En Eveil" et actualisé en juillet 2024)

samedi 3 août 2024

CHANSON / L' AVOCAT DES HOMMES

 L'AVOCAT DES HOMMES


Mon épouse s'étant mise à répertorier nos vieilles partitions, elle est tombée sur une curiosité datant de 1867 : L'avocat des hommes.

Rien que le sous-titre " Plaidoyer en faveur du Sexe fort" a tout en lui pour faire hurler de fureur les féministes… Alors que dire des paroles si ce n'est qu'elles sont le reflet d'une époque, ce qui est souvent le cas des chansons de variétés.

Celle-ci a été interprétée par Augustine Kaiser, chanteuse française née le 20 juin 1845 à Louhans et décédée à Paris le 15 février 1909. Elle fit une belle carrière de plusieurs décennies.

Après avoir commencé par des chants patriotiques, elle orienta son répertoire vers des chansons fantaisistes, voire grivoises selon les normes de la société d'alors.


                
1er couplet :
"Je viens Mesdames prendre la défense
Des hommes qu'on ne cesse d'éreinter
Ces pauvres trésors demandent vengeance
Leur cause est bonne, je veux la plaider.
Voyons, n'ont-ils pas tout plaire :
Beauté, fidélité, candeur ?
Enfin, je veux prouver que sur la terre
C'est l'homme qui fait notre bonheur !"

Refrain :
"Et l'on dira ce qu'on voudra
Mais de Paris jusqu'à Rome
Je dis qu'un homme 
C'est un homme
Et n'y a rien… au dessus d'çà !"




Les paroles sont de Félix Baumaine (auteur, chansonnier né à Reims en 1828) et de Charles Blondelet (
acteur, auteur dramatique et chansonnier français).

Elles ne sont pas dénuées d'un certain humour, certes largement daté car inscrit dans un contexte heureusement dévolu quant aux rapports entre les hommes et les femmes.

Ils ont aussi écrit la Péri-Colle qui est une parodie de l'opéra-bouffe de Jacques Offenbach "La Périchole".


Quant à la musique, elle est de Charles Pourny, qui composa des airs d'opérette et des chansons de café-concert.




Musicalement vôtre

J-C Togrège
03/08/2024