Gaël Faye avait su nous toucher en 2016 avec un roman très fort "Petit Pays", qui fut ensuite parfaitement adapté au cinéma par Eric Barbier en 2020.
En ouvrant "Jacaranda" son deuxième roman sorti en 2024, je m'interrogeais, craignant une redite sur un sujet aussi délicat.
Eh bien non, c'est parfaitement réussi, tant dans l'approche que dans l'écriture qui est toujours aussi belle. A mon avis, Gaël Faye est l'une des plus belles plumes parmi les jeunes auteurs.
Dans ce deuxième roman, il s'agit de résilience là où tant d'atrocités ont été commises. Comment un pays peut-il se reconstruire, comment les gens peuvent-ils revivre tous ensemble, comment la nouvelle génération qui n'a pas connu le génocide se comporte t-elle ?
Il y est aussi question de silence, du refus de parler du passé et de la rencontre d'un jeune homme avec un pays à travers les voyages qu'il y effectuera.
L'on y apprendra le fonctionnement des "gacaca", ces juridictions populaires chargées de juger les criminels où la parole pourra se libérer.
Le récit commence en 1994 et se poursuivra jusqu'en 2020.
Milan est un jeune garçon qui vit en France. Sa mère, qui est une rwandaise tutsi, ne lui parle jamais de son pays d'origine et de sa famille demeurée là-bas. Il ne découvre ce pays que par le biais de la télévision qui parle du génocide des Tutsis, puis par l'arrivée d'un neveu rapatrié de son âge avec un pansement sur la tête.
Ce roman est également très documenté d'un point de vue historique et nous aide à comprendre comment se sont construits les antagonismes entre les ethnies.
Pour finir, je dirai simplement que le titre du roman désigne un bel arbre, le Jacaranda, arbre fétiche et consolateur de l'un des personnages…
Extrait "Ce pays me troublait, me répugnait. Partout, il y avait ces visages banals, ces gens normaux et ces femmes ordinaires capables d'atrocités inimaginables et qui étaient parmi nous, autour de nous, avec nous, vivant comme si rien de tout cela n'avait jamais existé. Et sous la terre que nous foulions tous les jours, dans les champs, dans les forêts, les lacs, les fleuves, les rivières, dans les églises, les écoles, les hôpitaux, les maisons et les latrines, les corps des victimes ne reposaient pas en paix. J'avais envie de m'enfuir, de quitter cette terre de mort et de désolation".
Bonne lecture
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