PROFANES
JEANNE BENAMEUR
JEANNE BENAMEUR
Heureux celui qui n'a encore jamais lu une ligne de Jeanne Benameur car il lui reste à découvrir une écriture lumineuse qui va le toucher.
Ce terme d'écriture lumineuse est celui qui me vient spontanément et qu'il me serait bien difficile de définir ou d'expliquer. J'aurais pu ajouter poétique, attachée à la profondeur de l'âme, qui touche à l'intime...
"Tu devrais aimer", voilà ce qu'on m'avait dit pour attirer ma curiosité !
N'était-ce pas tentant de voir si c'était vrai ?
Quelle image de lecteur, est-ce que je renvoie, qu'est-ce qui permet de penser que tel type d'auteur pourrait me plaire ?
Cela m'a suffi pour acheter ce livre, en librairie cela va de soi.
Eh oui, cela m'a plu, et pas qu'un peu, beaucoup !
Mais venons en un peu au propos du roman. Octave Lassalle, 90 ans, ancien chirurgien vit dans sa grande maison. Il comprend qu'il va avoir besoin d'aide et par le biais d'une annonce recrute quatre personnes qui viendront l'accompagner sur quatre créneaux horaires différents. Chacun de ses accompagnateurs (trois femmes, un homme) aura la clef de sa demeure et une chambre.
L'on comprend que les personnes ont été recrutées avec soin mais sans expliquer les critères retenus qui ne sont pas que professionnels, loin s'en faut. Octave Lassalle se fie à sa connaissance de l'humain...
Les personnages vont se découvrir, s'écouter, prêter attention à l'autre, faire preuve d'empathie, croire en l'autre.
Cette approche des relations va les aider les uns les autres, alors qu'ils ont tous une meurtrissure profonde qui les gangrène.
Ce récit est servi par une écriture magnifique et une approche très sensible de la condition humaine.
Extrait :"Cette nuit-là, chacun des quatre ignore ce qui s'est levé dans le cœur des autres. Quatre cœurs en éveil, reliés. Ce ne sont ni la lune ni les étoiles, que chacun d'eux pourrait voir s'il tournait son regard vers le ciel, qui tissent le lien. Les liens sont invisibles...et chacun d'eux fait, à sa façon, l'épreuve de l'obscurité. Ce qui pénètre de la clarté nocturne du ciel dans les chambres ne change absolument rien à ce qui noue une gorge, tient des paupières ouvertes. Le beau mot d'angoisse qui signifie l'étroitesse de la vie ne suffit pas non plus à nommer tout ce qui se passe. Pas plus que le mot amour...Quelque chose d'inconnu fait route."
J'avais déjà ressenti le grand plaisir du lecteur après avoir lu "l'enfant qui" paru en 2017, qui m'avait été conseillé par ma fille.
En somme Jeanne Benaneur est une romancière que l'on me recommande !
Hasard de lecture, je viens de voir évoquer un autre de ses livres (Les demeureés) dans un beau roman de Stéphanie Lesieur (Le vallon des chimères).
Bonne lecture !
J-C Togrège