vendredi 4 août 2017

LIVRE ET CINE /// LES SOUVENIRS - Un film sensible de Jean-Paul Rouve d'après le roman de David Foenkinos


LES SOUVENIRS
JEAN PAUL ROUVE
D'APRES LE ROMAN DE DAVID FOENKINOS

 
 
C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé dans l'adaptation cinématographique "les souvenirs" le ton du très beau livre de David Foenkinos sur ce sujet délicat de la vieillesse et de la maison de retraite.

Le réalisateur a su trouver les acteurs qui correspondent parfaitement aux personnages du roman.

Annie Cordy y démontre qu'elle est une bonne actrice dans le rôle difficile de cette femme qui vieillit et que ses enfants ont placé en maison de retraite de laquelle elle s'évade. Michel Blanc, Chantal Lauby et Mathieu Spinosi m'ont également convaincu pour ce film intelligent, sensible, plein d'humour et de vie.

Toute personne ayant dû fréquenter les maisons de retraite remarquera comme tout cela sonne "juste".

Ce film est sorti en 2015 à l'écran.

J'en profite pour publier ci-dessous une chronique que j'avais écrite en 2011 après avoir lu le roman.

JC Togrège
04/08/2017

Chronique du livre : Les souvenirs de David Foenkinos :

 

Autant vous l’avouer tout de suite, je ne connaissais absolument rien de cet auteur, voilà quelques mois, avant de l’avoir vu dans une émission littéraire un dimanche matin. David Foenkinos m’est alors apparu comme quelqu’un de décalé, de « lunaire », quelqu’un qui devait avoir une petite musique différente dans ses mots.  Je me suis alors précipité sur son livre « les souvenirs » pour vérifier l’exactitude ou non de ma première impression.

 
Et alors ?  Ne cornant jamais mes livres, j’ai l’habitude d’y mettre des croix au crayon de papier pour y revenir une fois le roman fini. Croyez le ou non, mais celles-ci furent nombreuses dans celui-ci !

 
L’auteur  y  parle avec un ton très juste de la vieillesse, des maisons de retraite, de la mort, de la transmission des souvenirs, des difficultés à communiquer entre bien portants et les « autres » , le tout avec un ton parfois grave, mais le plus souvent assez léger, où l’humour et l’autodérision allègent le récit. Ce sont des petites touches au gré d’une phrase, d’une page qui nous font venir le sourire aux lèvres pour désamorcer une situation difficile.

 Le style est vif, agréable, rythmé, inventif.

 C’est aussi un auteur très lucide sur nos petites lâchetés ordinaires. Ainsi écrit-il : Il faut trouver de bons prétextes pour mettre un terme à une ambition sans avoir à sa dire : «  Je n’en suis pas capable »
 
La partie du roman que j’ai préférée est celle où il parle de cette grand-mère qui se retrouve malgré elle en maison de retraite où elle ne se résignera pas à demeurer, et ce jusqu’à s’en «évader ». Cette grand-mère nous dit « On devrait vieillir avec la beauté. Ou plutôt, on devrait se soulager de la vieillesse par la beauté... On devrait voir de belles personnes, de beaux paysages, de beaux tableaux. J’ai vu tant d’horreurs dans ma vie. Pourquoi dois-je assister maintenant au spectacle du délabrement des autres ? »

 
David Foenkinos sait bien décrire ce sentiment ambivalent chez les bien portants pour qui la visite d’un être vieillissant ou malade devient un devoir difficile. Nous devenons ce qu’il appelle des « veilleurs de chagrin »

 Mais n’allez pas croire que ce roman soit triste, que nenni ! Il y est aussi porteur d’espoir et d’amour. Ce qu’il nous faut, c’est rester éveillé à tout âge.

 Quelques extraits ci-dessous de ce beau roman :

 
"...j’allais de moins en moins voir ma grand-mère. Je mettais ça sur le compte de la légère déprime que je traversais ; on ne peut pas entrer dans une maison de retraite si on n’est pas solide moralement. Mais au fond je crois que la raison était tout autre. Quoi qu’il arrive, on finit par espacer ses visites. Et le mouvement de désertion était collectif (mon père aussi passait moins souvent). Au départ, j’allais la voir deux ou trois fois par semaine. Puis, j’étais passé à un rythme hebdomadaire, avant de me diriger lentement vers une apparition bimensuelle. Le plus terrible, c’est qu’il ne s’agit pas d’une question de disponibilité. J’aurais très bien pu lui rendre visite plus souvent. Mais récemment, j’avais éprouvé un grand malaise en allant la voir. Il était arrivé que nous n’ayons pas grand-chose à nous dire, et ces occasions-là m’étaient apparues comme des supplices. Ma grand-mère pouvait être dynamique, vivante, drôle même, et je sentais bien qu’elle faisait un effort particulier avec moi, mais la plupart du temps nos moments consistaient à parcourir le terrain immense de la solitude. Je n’inventais plus des histoires comme j’avais pu le faire auparavant, mais tentais de venir avec un petit réservoir d’anecdotes. Des mots prévus pour combler le vide. Mais est-ce si important ce que nous avons à nous dire ? Parfois la simple présence suffit. Mon grand-père m’avait dit avant de mourir : « reste encore un peu » Il était mourant, il n’y avait plus de discussion à avoir, et pourtant il a exprimé le désir de ma présence. Alors pourquoi étais-je en train d’abandonner ma grand-mère ? Plus tard, cela deviendrait une obsession. Cette question de la grande vieillesse. Que veulent les vieux ? Ils s’isolent lentement, sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des conversations disparaît. Et on est là, comme des veilleurs de chagrin.

  « Au fond, je crois  que le rôle du fonctionnaire en première ligne dans un commissariat est de dégoûter le plaignant. Il est comme un videur à l’entrée d’une boite de nuit qui décide quelles plaintes il peut laisser passer »
 
" Peut être que la caractéristique majeure du bonheur est d’accélérer le temps ? »

 Ces quelques extraits sont significatifs du ton du livre. Sachez également que j'ai lu ensuite le livre qui l'a fait devenir célèbre "la délicatesse" et qui est un petit bijou. Je vous en reparlerai plus tard.

 

Je vous souhaite de belles lectures

13/11/2011


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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