CAPHARNAÜM
NADINE LABAKI
NADINE LABAKI
avec Zain Al Rafela, Yordanos Shiferaw
Voilà un film qui est tout sauf anodin, comme une grande gifle qui nous montre la pauvreté dans ce qu'elle a de plus terrible en pulvérisant l'enfance.
Zain est un enfant réfugié qui vit au Liban dans le faubourg de Beyrouth. Le logement de sa famille est misérable, sordide et étroit.
L'on ne sait même pas son âge réel (autour de 12 ans ?), ses parents ne se rappelant pas sa date de naissance. Il est plus petit que la moyenne, la malnutrition n'y étant sans doute pas étrangère.
Nulle lueur de joie pour lui au sein de sa famille si ce n'est son attachement pour sa sœur de 11 ans pour qui il craint un mariage forcé.
L'on ne le voit pas sourire (sauf une fois, de façon éclatante et je ne vous dirai pas quand !), car chaque jour est une lutte pour survivre. Il est toujours en quête de petits boulots, de petites arnaques, de nourriture, de lieu pour dormir, tout cela parmi l'indifférence de la foule. Rappelons nous que le Liban est le pays qui a le plus de réfugiés fuyant une Syrie en guerre.
Comment sourire dans ces conditions ?
Pour résister, il a ses petites armes à lui composées d'un regard buté, d'une grossièreté exagérée et d'une énergie incroyable. Il croisera le destin d'une Éthiopienne sans papier et de son bébé Yonas avec lequel il trouvera une complicité dans une errance bien compliquée.
Nadine Labaki aborde avec réalisme et efficacité le drame de l'enfance maltraitée et de la pauvreté extrême. Elle a su éviter le mélodrame, la justesse de jeu du jeune Zaïn n'y étant sans doute pas pour rien. Quand l'on sait qu'il a pratiquement joué son rôle, l'on ne peut que saluer son courage.
Un film qui interpelle, qui fait réfléchir et qui laisse une trace en nous, le contraire du ciné-kleenex !
"Capharnaüm" a obtenu le prix du jury 2018 à Cannes
Cinéphilement vôtre
JC Togrège
28/10/2018
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