mercredi 28 novembre 2018

LIVRE /// LA COUSINE BETTE - HONORE DE BALZAC : Un auteur à lire et relire

LA COUSINE BETTE
HONORE DE BALZAC



Balzac est l'un de mes auteurs préférés dont j'ai lu l'intégralité de "la Comédie humaine" vers 30 ans et que je relis maintenant de temps à autre, toujours avec le même enchantement.

J'aimerais tant amener vers son œuvre ceux qui pensent que c'est l'auteur de longues descriptions ennuyeuses.

Mais non, c'est d'abord un analyste psychologique de premier ordre qui a su dépeindre différents types de caractères et comportements, tout en présentant avec acuité et un sens critique affuté son époque.




Dans la cousine Bette, plusieurs travers et déviances sont pointés :

D'abord, il s'agit de la vengeance d'une parente pauvre, la cousine Bette, qui sous une apparence mielleuse fait tout pour détruire une famille dont elle est jalouse depuis l'enfance. Pour cela, elle n'hésitera pas à mentir, trahir et échafauder des plans machiavéliques. Malgré la noirceur de son âme, force est de reconnaître que l'on s'attache à ce personnage chez qui des failles et blessures sont perceptibles.

Il y aussi la perversité du comte Hulot qui sacrifie tout (sa famille, sa fortune, son honneur) pour satisfaire ses pulsions sexuelles auprès de maîtresses de plus en plus jeunes. Sa faiblesse, sa lâcheté ont de quoi irriter ! 

Côté de la jeunesse, nous y trouvons Wenceslas, le sculpteur velléitaire qui sait mieux parler d'art que de se mettre au travail, trouvant toujours une excuse pour procrastiner.

Et puis, il y a Mme Marneffe, toute en perfidie, qui vend ses charmes aux plus offrants avec la bénédiction de son mari, à qui cela permet de bénéficier de promotion au sein de son administration sans trop y travailler. Une fois entre les mains de cette femme, les vieux vicelards n'ont plus qu'à délier leur bourse et oublier tout amour-propre.


Certes, il se trouve dans ce roman des gens "vertueux" mais le sort ne leur est guère favorable. L'on se croirait presque au XXIe siècle ....

Je reconnais que certaines considérations de l'auteur (sur les femmes particulièrement) sont un peu datées mais n'oublions pas le contexte de l'époque.

 Pour employer une formule de notre temps, c'est un roman sur l'argent et le sexe, mais écrit dans un langage choyé et allusif.

Extraits :
 

"Mme Marneffe s'arrêta dans cette œuvre de picador, la cousine Bette l'effraya. La physionomie de la Lorraine était devenue terrible. Ses yeux noirs et pénétrants avaient la fixité de ceux des tigres. Sa figure ressemblait à celle que nous supposons aux pythonisses, elle serrait ses dents pour les empêcher de claquer, et une affreuse convulsion faisait trembler ses membres. Elle avait glissé sa main entre son bonnet et ses cheveux pour les empoigner et soutenir sa tête, devenue trop lourde; elle brûlait! La fumée de l'incendie qui la ravageait semblait passer par ses rides comme par autant de crevasses labourées par une éruption volcanique. Ce fut un spectacle sublime."

"Il y a des gestes dont la franche lourdeur a toute l'indiscrétion d'un acte de naissance."

Bonne et belle lecture!

 

JC Togrège
28/11/2018

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