75 ANS DE MUSIQUE POUR CE TROMPETTISTE
NE UN 22 NOVEMBRE
Maurice Villière a pris sa retraite musicale avec son dernier concert public en juillet 2018 au sein de l'H3C (Harmonie du 3ème Canton de Reims) où il sera resté 61 ans.
L'histoire d'amour de Maurice et de la Musique commença alors qu'il n'avait que 10 ans avec ses premiers cours à l'école de musique de Charleville.
Très vite, il intégra l'harmonie municipale de Charleville jusqu'à son service militaire à Paris qu'il effectua dans la Musique. Il suivit des cours au conservatoire de Boulogne-Billancourt avec le trompettiste, Mr Debaes, soliste à la Garde Républicaine. Celui-ci l'encouragea à poursuivre, ce dont Maurice se rappelle encore avec gratitude. Il obtint un accessit puis emménagea à Reims en 1957 où de suite il rejoignit l'H3C.
Il intégra ensuite l'Harmonie des Tonneliers, la Philhar d’Epernay et St Brice Harmony dès sa création. Ces engagements cumulés, ce furent 4 répétitions par semaine : le lundi, le mercredi, le jeudi et le dimanche matin.
Ce fut avec plaisir que je l'ai rencontré avec son épouse à son domicile pour me parler de son parcours et de sa passion.
Pourquoi la trompette ?
MV : J'ai tour d'abord commencé par le piston, mais aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours aimé la trompette. C'est un choix personnel pas du tout orienté par ma famille, même si mes parents étaient amis avec un professeur trompettiste à l'école de musique de Charleville.
Mon père, pour son plaisir personnel, jouait de la guitare hawaïenne, mais sans plus.
Lorsque tu étais dans plusieurs formations, cela représentait combien d'heures de travail
par semaine ?
MV : Je jouais pratiquement tous les jours, que ce soit lors des répétitions (jusqu'à 4 par semaine) ou dans mon appartement. Je n'ai jamais eu de souci avec mes voisins, certains allant jusqu'à s'asseoir dans l'escalier pour m'écouter. Bien sûr, je ne travaillais mon instrument qu'en journée pour ne pas déranger.
Son épouse ajoute malicieusement :"S'il avait pu dormir avec sa trompette, il l'aurait fait!"
Avec l'enthousiasme dans le regard, Maurice exprime son amour pour son instrument.
MV : La trompette, il faut la faire chanter ! Cela se joue doucement, souffler trop fort c'est abimer le son. Et avant que le son ne parte, il faut le sentir dans sa tête.
Toutes ces répétitions et concerts, était-ce conciliable avec la vie professionnelle ?
MV : En tant que photograveur au journal l'Union, je travaillais parfois en soirée. Alors pour compenser, outre mon travail à la maison, je prenais des congés pour assister aux répétitions importantes et concerts. J'organisais mon agenda en fonction de la Musique !
Et la vie familiale ?
MV : J'ai eu de la chance que mon épouse comprenne ma passion et m'encourage dans cette voie.
Comment qualifierais-tu ta passion ?
MV : C'est ma première passion, presque une "possession".
Outre la pratique musicale, j'écoute beaucoup de jazz et de classique. Parmi les trompettistes, ma préférence va en premier lieu vers Harry James; bien sûr, il y a Maurice André également.
Harry James avait un mécanisme incroyable. L'entendre interpréter "le vol du bourdon", c'est quelque chose d'inoubliable.
Je suis né le jour de la Ste Cécile, patronne des musiciens. Peut-être lui dois-je ma passion que j'ai pu satisfaire avec bonheur ? Me retrouver avec ma trompette et mes amis musiciens, donner du plaisir au public, c'est merveilleux !
Maurice avec sa méthode ARBAN à laquelle
il est fidèle depuis 60 ans
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Quelles ont été tes rencontres les plus marquantes ?
MV : Il y en a eu beaucoup et je ne peux pas toutes les citer. Alors puisqu'il faut choisir...
Commençons par quelques uns de mes professeurs. Tout d'abord en 1945, il y eut Mr Dulauroy, qui jouait du piston en soliste en orchestre d'harmonie. Cette rencontre fut marquante pour moi.
Il y eut aussi un trompettiste de Lille avec qui j'ai pris des cours à Reims.
Je me souviens que Mr René Fournier, le Chef de l'Harmonie des Tonneliers et de la Philhar d'Epernay avait insisté pour que je rejoigne ses formations, même s'il savait que je ne pourrai pas assister à toutes les répétitions du mercredi des Tonneliers. Il m'a fait confiance.
Il y eut aussi Mr Francis Tremlet qui dirigea 30 ans l'H3C qu'il a d'ailleurs remontée. Un gars très humain dont je salue le dévouement ! Il savait attirer les jeunes et mettre à les musiciens à l'aise.
Il y en eut d'autres bien sûr.
Maurice, la retraite musicale, c'est vraiment possible ?
MV : L'âge venant, j'étais fatigué d'où ma décision de cesser de jouer en orchestre. J'ai préféré arrêter tant que j'étais encore performant et capable d'assurer des passages en solo. Pour autant, je continue à jouer à la maison pratiquement tous les deux jours. Mon auditoire aujourd'hui, c'est mon épouse ... et les voisins.
Ces derniers temps, je joue "l'adagio" d'Albinoni, "Pour une poignée de dollars" d'Ennio Morricone et "Trumpet blues and cantabile" d'Harry James.
Tournons-nous vers Aimée, son épouse.
Est-ce facile de vivre avec un musicien aussi passionné ?
AV : Oh mais oui ! Je savais que Maurice était un passionné, un "acharné", un perfectionniste et l'ai toujours encouragé. Comme nous faisons tout ensemble; j'aimais l'accompagner au concert et participer ensuite à l'après-concert où tous se retrouvaient. Et puis, je suis mélomane.
Maurice, c'est mon virtuose !
Mais si, mon chéri ! dit-elle en souriant à Maurice qui trouvait le compliment exagéré. Cette dernière répartie se fit à travers un échange de regards plein de complicité et de tendresse.
Interview réalisé par JC Georget
le 25 octobre 2018
Un tres beau et touchant déroulé de carrière musicale Maurice. Mon épouse et moi même nous vous remercions tous les deux pour l'envoie de ce mail, recevez toute notre amitié et encore bravo pour cette belle passion pour la musique à tous les deux Jean-Pierre et Jocelyne Roux 😉👍👏👏
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