mercredi 30 janvier 2019

LIVRE /// LA VIE EST PLUS BELLE EN MUSIQUE : CLAIRE-MARIE LE GUAY

LA VIE EST PLUS BELLE EN MUSIQUE
CLAIRE-MARIE LE GUAY


Je ne vais pas attendre d'avoir fini "La vie est plus belle en musique" pour vous en parler.

Je le lis très lentement,  par "petites bouchées", devant mon PC passant du livre à YouTube pour y écouter les œuvres mentionnées, cela allant de Scarlatti, à Chopin, Beethoven,  Debussy en passant par Bartók, Schönberg et jusqu'à Dutilleux etc.


Claire-Marie Le Guay, c'est une pianiste concertiste de grand talent, mélomane émérite, qui choisit par ce livre de nous faire partager sa passion.

Ainsi qu'elle le précise, "la musique est partout, pour qui la cherche, l'écoute, la reconnaît. Elle est cette présence vitale qui remplit l'espace et ne demande qu'à être révélée.




Cette musicienne accomplie et reconnue nous parle de sa passion pour la musique, des pièces qu'elle aime, qu'elle joue, ainsi que de la vie des compositeurs. Elle nous invite à un partage d'émotions en parcourant les siècles avec tous les grands compositeurs. De façon simple et synthétique, elle souligne l'essence des œuvres évoquées.

Mais ce n'est pas que didactique, c'est également le livre d'une passion que l'on ressent très bien tout au long des chapitres.

Extrait : "Être musicien, c'est parler une langue universelle qui non seulement peut être comprise de tous mais a aussi la capacité d'atteindre le cœur de chacun. Cette langue nous permet de jouer dans le monde entier, de partager ce que nous sommes et de révéler à chacun ce qu'il est.
Un interprète est un insatiable voyageur dans le temps. Par son répertoire, par sa connaissance des grands artistes du passé, par sa curiosité pour la création en mouvement et par ses engagements pour son époque, il est un passeur.
De même que le savoir s'enrichit quand on le partage, la musique nous rapproche.
La vie est plus belle en musique !"

Je ne terminerai pas sans donner le titre de quelques-uns des chapitres qui donnent bien le ton de l'ouvrage : "Histoire et fraternité", "La bibliothèque des émotions", "Tout est musique".

Musicalement vôtre

JC Togrège
30/01/2019

vendredi 25 janvier 2019

CINE /// LES MAUVAISES HERBES - KHEIRON : Une comédie chargée d'émotion très réussie !

LES MAUVAISES HERBES
DE KHEIRON


avec Kheiron, Catherine Deneuve et André Dussollier

Le film commence avec une citation de Victor Hugo :

"Il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs".

Cela donne le ton humaniste de cette comédie qui est à la fois drôle et profonde. Le but du réalisateur était de parler de sujets sérieux par le biais de l'humour et c'est réussi !

Waell, joué par Kheiron, est un ancien enfant des rues qui "survit" à Paris avec des petites arnaques. Pour éviter une plainte, il est contraint d'accepter pour une semaine d'être l'éducateur d'un groupe de 6 adolescents difficiles. Il se prendra au jeu tout en étant un éducateur d'un style bien particulier ....



C'est rythmé, intelligent, surprenant (bravo pour la 1ère scène d'arnaque au caddie, où l'on se dit qu'on ne va pas resservir du déjà vu au public), drôle avec des répliques qui font mouche et sens.

Le dialogue sur la vieillesse entre Catherine Deneuve ("Je ne suis pas vieille")  et Kheiron " Mais ce n'est pas grave !" est très réussi avec un bon usage du vocabulaire pour marquer l'époque de l'un et de l'autre. Et puis il y a une tendresse et une connivence entre les deux personnages qui fonctionnent très bien. Catherine Deneuve m'a surpris dans ce rôle ! Comme bien souvent, André Dussollier est savoureux. Quant au groupe de jeunes en difficulté, l'on évite l'excès et la caricature et cela sonne juste.

Malgré les horreurs qu'a pu vivre Waell enfant, et que l'on découvre par flash-black au long du récit, le message reste positif sans être niais.

Une comédie tendre où l'on rit vraiment, où l'on réfléchit, où il y a de l'émotion, où le public est respecté. Sur ce dernier point, ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas de l'humour de bas étage où l'on fait ricaner ou rire à partir de ce qu'il y a de plus bas.

J'avoue que je ne connaissais que très peu Kheiron et que je suis allé regarder depuis des extraits de ces spectacles sur YouTube.

Un film qui fait du bien et qui a du sens !

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
25/01/2019





mercredi 23 janvier 2019

LIVRE /// TA DEUXIEME VIE COMMENCE QUAND TU COMPRENDS QUE TU N'EN AS QU'UNE : peut-on parler de roman ?

TA DEUXIÈME VIE COMMENCE QUAND
 TU COMPRENDS
QUE TU N'EN AS QU'UNE
RAPHAËLLE GIORDANO


Disons le de suite, le mot "roman" me semble presque indu concernant ce livre.

La toute petite trame romanesque ne sert de prétexte que pour décliner un certain nombre d'outils du développement personnel.

 Lors d'un accident de voiture, Camille, "trente huit ans et quart", rencontre un routinologue qui va lui permettre de retrouver le chemin du bien être intérieur.

 Et c'est fou comme tout se passe bien pour cette Camille ! Le mari et l'enfant, tout le monde s'y met sans difficultés...et ce jusqu'à l'apparition d'un grand couturier.



Je comprends bien l'idée d'inclure dans un roman les techniques du développement personnel, ce qui peut être vu comme une démarche de vulgarisation intéressante à l'encontre de novices. C'est plus facile de faire passer dans le grand public des notions telles que l'ancrage positif, la méthode SMART, la méditation, les pensées positives et autres à travers l'histoire d'un personnage auquel l'on s'attache. C'est sans doute cela qui a séduit un large public en quête de mieux-être et qui a fait de ce premier roman un  best seller.

Pour ma part, j'aurais aimé un récit plus riche que celui-ci où globalement il n'y a guère de rebondissements et où la psychologie des personnages n'est que survolée.

Le livre est émaillé de citations dont une d'Oscar Wilde que j'ai bien aimée : '"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit"

Bonnes et belles lectures en 2019 !

JC Togrège
23/01/2019


PS :  Objectif selon méthode SMART = S(spécifique), M(mesurable),A (atteignable), R(réaliste),
T (temporellement défini)







vendredi 18 janvier 2019

LIVRE /// LE LAMBEAU - PHILIPPE LANÇON : un prix FEMINA de très haut niveau !

LE LAMBEAU
PHILIPPE LANÇON



Philippe Lançon a été grièvement blessé lors de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Il a eu notamment la mâchoire arrachée par une balle d'arme de guerre.

Il raconte ici son vécu commençant par la journée de la veille du drame. Puis c'est l'attentat décrit avec minutie et le séjour à l'hôpital (282 jours) avec les nombreuses opérations. La reconstruction tant physique que psychologique sera très longue et douloureuse.

Dans ce récit autobiographique, Philippe Lançon se livre à un travail d'introspection minutieux et détaillé pendant 500 pages.

C'est bouleversant, parfois difficile à lire tant c'est poignant, plein d'humanité et sans esprit de haine, ce qui est presque incroyable.




Pour survivre à tout cela (le souvenir de l'attentat, les morts, son aspect de "gueule cassée", les multiples opérations), le soutien de sa famille, de ses amis, de l'équipe médicale sera capital mais pas suffisant, il lui faudra aussi l'Art.

Ainsi, il relira à de nombreuses reprises (avant ses opérations) la mort de la grand-mère dans Proust. Il y aura aussi Bach (il écoutera souvent "l'art de la fugue"), "La montagne magique" de Thomas Mann, la correspondance de Kafka à Milena, des peintres etc. Puis, dès qu'il le put, il écrivit des articles pour Charlie.

Ce récit autobiographique est d'une grande qualité littéraire, ce qui décuple l'intérêt que l'on prend à le lire et qui justifie amplement le prix Femina.

Je ne cacherai pas que c'est parfois dur à lire (sans doute pas le livre de chevet pour passer une nuit apaisée...) mais  l'intime du corps et de l'âme est décrit tellement magistralement que c'en est admirable.

Extrait : "Un soir, une fois la piqûre faite et Christian sorti, la cervelle s'est transformée en anémone et les morts en sont sortis. Je me suis adressé à eux, un par un puis tous ensemble, comme s'ils étaient vivants ou comme si moi je ne l'étais plus. Je leur parlais de ce que nous avions vécu, je leur demandais ce qu'ils vivaient, je leur expliquais où je me trouvais. Je n'avais pas de chagrin : j'étais le chagrin. Insensiblement, passant d'une rêverie profonde à un moment de double clarté, j'ai commencé à les voir à distance, tels qu'ils étaient, tout à fait morts, et simultanément tels qu'ils avaient été, bien vivants. En les regardant d'un peu plus loin, de haut, détachés de l'anémone, j'ai séché le chagrin. J'ai commencé à leur murmurer une sorte de prière que ma bouche à une lèvre et mon absence de canule fenêtrée m'interdisaient de prononcer. Je ne savais pas où je pourrais l'envoyer, je n'y pensais pas. L'important était de la dire. (...)

Bonne et belle lecture
18/01/2019

PS : Une lecture en amenant un autre, j'ai acquis "Soumission" de Houellebecq, qui revient souvent dans ce récit car l'attentat survint alors que ce livre suscitait des débats y compris parmi l'équipe de Charlie Hebdo.



lundi 14 janvier 2019

CINE /// LE RETOUR DE MARY POPPINS : J'en attendais beaucoup, sans doute trop...

LE RETOUR DE MARY POPPINS
DE ROB MARSHALL
avec Emily Blunt, Lin-Manuel Miranda, Ben Wishaw, 
Emily Mortimer


Est-ce l'ancien enfant se souvenant de son émerveillement en salle lors de la projection du Mary Poppins incarnée par Julie Andrew qui est allé voir ce film ou l'adulte qui prend encore plaisir à revoir ce classique de Disney de 1964  et qui avait un œil trop critique ?


Les deux ont été déçus et pourtant j'en attendais beaucoup ayant un grand besoin de fantaisie et d'humour en ce début d'année 2019.

Comment dire ?

Cela ne manque pas de tonus, de dynamisme, de bonnes intentions, de chansons se voulant entrainantes, les chorégraphies sont soignées mais...

 
La réalisation est bonne et dans l'esprit du film d'origine avec des clins d’œil sympas, les acteurs jouent bien mais ...

Ce n'est pas un remake mais une suite, Mary Poppins revient dans la famille s'occuper cette fois-ci des trois enfants de Michael Banks qui est veuf mais...

 Mais quoi, me direz-vous ?

Il y manque la magie du personnage !
Il y manque cette pétillance du regard de Julie Andrew qui faisait contre-point à son allure de nurse.
il y manque ce qui transforme un film ordinaire en un film extraordinaire...

J'ai trouvé Emily Blunt bien trop sérieuse et trop effacée surtout en seconde partie où elle fait presque figure de second rôle.

Et puis, je n'ai pas entendu un rire d'enfant dans la salle alors que même aujourd'hui  la version de 1964 fait encore rire les enfants de 2019.

Un œil neuf n'ayant pas vu le premier film serait sans doute moins critique que je ne le suis.

Je n'ai pas pour autant passé un mauvais moment mais j'en espérais bien plus.

Cinéphilement vôtre

JC Togrège
14/01/2019

vendredi 11 janvier 2019

BD /// LE VOYAGE DE MARCEL GROB : Un livre sur les "malgré nous" d'Alsace

LE VOYAGE DE MARCEL GROB
Texte de Philippe Collin et Sébastien Goethals
Dessins de Sébastien Goethals



Dans ce récit, Philippe Collin a souhaité parler de son grand-oncle qu'il considère avoir mal jugé, emporté par l'impétuosité de sa jeunesse.

Savoir que ce membre de sa famille avait été soldat de l'armée allemande pendant la seconde guerre mondiale était une chose mais découvrir qu'il avait été incorporé dans la Waffen SS en avait été une autre, un choc ! Il s'en était suivi une rupture.

Mais tout n'est pas aussi simple que cela ...





Voici l'histoire de cet homme, Marcel Grob, jeune alsacien enrôlé de force comme nombre de jeunes de sa génération. On les appelle les "Malgré nous". Comble de malchance pour lui, il fit partir de ses "10 000" que les Allemands obligèrent à intégrer la Waffen SS.

Alors me direz-vous pourquoi ne pas avoir fui ?

Le système mis en place était bien pervers car pour tout jeune qui refusait l'enrôlement, c'était toute sa famille qui en subissait les rétorsions et qui était déportée. Que faire ?

En filigrane, tout au long du livre, revient sans cesse la question "Et moi qu'aurais-je fait ?". C'est l'interrogation de l'auteur et c'est celle qu'on peut avoir bien au chaud dans le confort d'un pays en paix.

Tout n'est pas si simple et si tranché, surtout quand arrive l'épisode du massacre de Marzabotto en Italie (l'équivalent d'Oradour en France). Criminel ou victime ce Marcel Grob ?

A travers cette histoire très bien menée, attachante et difficile, l'on peut dire que c'est une question historique peu connue qui est mise en lumière.

Les dessins sont très réalistes et soignés, le ton sépia étant utilisé pour la partie du récit se déroulant pendant la guerre. L'autre partie concernant l'interrogatoire mené en 2009 par un juge est davantage coloré

 Extrait :

- Connaissez-vous le bilan exact du massacre de Marzabotto Monsieur Grob ?
- Non, non pas précisément
- 770 morts, Monsieur Grob ! 770 morts ! Une centaine de victimes avait moins de dix ans ! Trois cents femmes exécutées, onze cimetières profanés, c'est le massacre de civils le plus meurtrier perpétré par les Nazis en Europe occidentale. Comment on se sort de ça Monsieur Grob, hein ?

-  (...) On ne s'en sort jamais.

Bonnes et belles lectures en 2019 !

JC Togrège
11/01/2019

jeudi 3 janvier 2019

LIVRE /// LA DOUCE EMPOISONNEUSE - ARTO PAASILINNA : Pour commencer l'année avec un roman plein d'humour

LA DOUCE EMPOISONNEUSE
ARTO PAASILINNA



Une bonne bouffée d'humour pour commencer l'année, 
ça vous dirait ? 

Mais pas un humour bien lourdingue, non quelque chose de plus subtil, de plus léger ...

Mais attention, pas un livre qui n'a de drôle que le titre (vous avez remarqué, la mode est au titre à rallonge, c'est encore mieux, ça fait vendre davantage...), non, un livre qui cultive l'humour durant tout le récit !

Un livre où rien ne se passe comme cela devrait se passer...

Alors, en route pour la découverte de cet auteur finlandais décédé récemment (15 octobre 2018) avec l'histoire d'une vieille dame qui en a assez de se faire tyranniser par son neveu !


Son bon à rien de neveu, qu'elle a élevé, ne trouve rien de mieux pour prouver sa reconnaissance que de la détrousser de sa pension à chaque début de mois. Alors qu'elle pourrait vivre tranquillement de sa retraite de veuve de colonel, elle vit dans la crainte. Cela empire lorsque son neveu vient accompagné de deux autres parasites et qu'ils lui font signer un testament. Elle décide de fuir !

Bien que cette vieille dame fasse un peu penser aux personnages du film de Franck Capra "Arsenic et vieilles dentelles", le récit est bien différent. Si Linnea se met à concocter des substances empoissonnées, ce n'est pas pour tuer mais pour se suicider au cas où ce serait sa dernière façon de s'échapper.

J'ai beaucoup aimé le comique de situation du romancier, mais ne peux vous en dire davantage...

J'ai aussi apprécié les allusions concernant la position plus qu’ambiguë de la Finlande pendant la seconde guerre mondiale.

Extrait :

" Il vient toujours un moment où l'on commence à manquer de discernement, puis de boisson.
En vertu de cette loi de la nature, les hôtes de la colonelle Linnea Ravaska conclurent au petit matin qu'ils avaient suffisamment fait la fête entre hommes, sans la compagnie et la sollicitude du sexe opposé ; Linnea ne comptait pas, vu son grand âge. L'on prit donc à l'unanimité et dans l'enthousiasme la décision de partir à la recherche de femmes et -plus indispensable encore- d'alcool." 


Bonnes et belles lectures tout au long de 2019 !

JC Togrège
03/01/2019