mercredi 14 août 2019

RECIT /// ET LA LUMIERE FUT : Aveugle à 8 ans, résistant à 17 !

ET LA LUMIERE FUT
JACQUES LUSSEYRAN



"La joie ne vient pas du dehors. Elle est en nous quoi qu'il nous arrive.

La lumière ne vient pas du dehors. Elle est en nous, même sans les yeux."

Ce sont les dernières phrases de ce récit poignant d'un livre réédité dans la collection "Résistance, Liberté -Mémoire", publié pour la première fois en 1953.

Jacques Lusseyran nous raconte sa vie, d'abord celle de l'enfant devenu aveugle à l'âge de 8 ans puis celle du jeune résistant qu'il fut dès l'âge de 17 ans.



Les deux parties du livres sont autant intéressantes l'une que l'autre.

La première "l'eau claire de l'enfance", c'est l'adaptation d'un jeune enfant qui a perdu la vue. Loin de ce que l'on imagine, il nous parle de lumière intérieure, de la façon dont il associe les couleurs qu'il a en lui aux espaces ou aux personnes. 

Jacques Lusseyran nous explique aussi le développement de ses autres sens. Rien qu'à l'écoute de la voix, il a une perception de la personnalité de ses interlocuteurs nouvellement rencontrés. Et surtout, il a la chance que ses parents le laissent dans son école, ce qui lui permet de vivre normalement.

La seconde partie "Mon pays, ma guerre" traite de ses faits de résistance pendant la seconde guerre mondiale. Il crée ainsi le mouvement "Défense de la France". Il sera arrêté par la Gestapo, interrogé puis déporté.

Ce livre est poignant car il dénote chez l'auteur une force intérieure, une énergie et un courage hors du commun. Malgré son handicap, il vivra comme il l'entendait, comme tout à chacun, surmontant de nombreuses épreuves en tant que résistant.

Sa foi en la vie, même en camp de concentration, est admirable.

Extrait : "Les enfants d'un pays heureux n'en finissent pas d'être des enfants. Mais ceux d'un pays qui souffre sont des hommes déjà avant même qu'ils ne l'aient désiré, avant même que leur corps ne le permette. Ils ont encore leur bouche de dix ans prête à la moue du chagrin, de l'eau claire dans les yeux, de l'encre sur les doigts, l'argot des potaches, et des petites filles dans leur tête auxquelles ils n'ont pas touché, pourtant ils sont des hommes, déjà, avec une passion de comprendre et de faire qu'il faut assouvir tout de suite. Ils ont mille fois plus d'interrogations qu'il n'existe au monde de réponse"

Bonnes et belles lectures

J-C Togrège
14/08/2019











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