LES ROMANS POLICIERS
DE FRED VARGAS
Il y a une petite musique bien personnelle dans les romans de Fred Vargas, cette romancière qui a commencé à écrire pour "contrer l'austérité scientifique du métier d'archéologue" qui était le sien.
Elle sait nous conter des histoires car il y en a toujours plusieurs dans son roman sans forcément un lien entre elles ou alors parfois avec un rapprochement auquel l'on ne s'attend pas du tout.
Ses récits sont toujours extraordinaires (sans jamais être pour autant du domaine du fantastique), plausibles, tout en s'inscrivant dans le quotidien de notre temps.
Ses personnages nous parlent aussi car ils sont proches de nous, crédibles, avec leurs failles et leurs qualités. Le commissaire Adamsberg n'est pas un super flic, il est plutôt flâneur et se reconnaît lui même assez lent dans son raisonnement.
Au fil des titres, nous nous familiarisons avec les Evangélistes, le commandant Danglard érudit accro à la bouteille, la policière "armoire à glace" Retancourt, Veyrenc qui aime dit des vers et tous les autres.
N'oublions pas les animaux qui ont leur place dans les récits. Ce peut-être un pigeon, un sanglier qui protège sa maîtresse, sans oublier le chat qui dort sur la photocopieuse et qui est la mascotte du commissariat.
Fred Vargas sait fait des digressions et nous raconter des anecdotes, nous raconter la vie normale, nous parler de tas d'autres choses. Et à chaque fois, ça marche pour mieux repartir ensuite vers l'enquête.
Le tout est complété de petites touches d'humour semées par ci par là, avec subtilité.
Extrait :
Le cimetière était vide, silencieux, le roulement de la circulation lointain.Le Sécateur avait déplié sur sa sacoche une serviette propre et blanche aux angles en dentelle, sur laquelle il avait posé son pain et son couteau……..
C’est joli ce napperon, dit Louis.
Ouais
C’est fait main, on dirait.
C’est ma mère qui l’a fabriqué, grogna le Sécateur en agitant son couteau. Faut en prendre soin, très soin. C’est un protège-fils.
Un protège-fils ?
T’es sourd ? Ma mère en a fabriqué pour tous ses enfants. Faut le laver tous les dimanches et le faire sécher propre, si tu veux que ça protège. Parce que, elle disait ma mère, que si tu laves le napperon chaque dimanche, t’es bien obligé de savoir quel jour on est, et, pour ça, faut pas trop picoler. Et t’es obligé de te lever pour le faire. Et t’es obligé d’avoir de l’eau chaude et du savon. Et, pour avoir l’eau, faut un toit sur ta tête. Et le toit, faut que tu le paies. Ce qui fait que rien que pour garder le napperon propre, faut drôlement trimer, et tu pourras pas te croiser les pouces tous les jours que Dieu fait avec ton pinard, elle disait, ma mère. C’est pour ça que c’est un protège-fils. Ma mère, ajouta le Sécateur en se tapant sur le front avec le manche de son couteau, elle prévoyait tout.
Ceci eut comme conséquence que chacun de nos enfants qui quittait la maison pour s'installer eut droit à un petit napperon fait main avec le texte de Fred Vargas.
Bonne et belle lecture
JC Togrège
22/03/2017
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