jeudi 6 juillet 2017

CONCERT LECTURE /// UN HUMOUR DE PROUST

UN HUMOUR DE PROUST
CONCERT LECTURE


Plongé (certes avec intermittence) comme je suis dans "La recherche du temps perdu", je ne pouvais pas manquer ce concert-lecture programmé par les Flâneries musicales de Reims.

Le concept est le suivant : des lectures faites par Lambert Wilson alternées de pièces jouées au piano par Jean-Philippe Collard, autant dire deux grands talents au service de Marcel Proust, dans un décor digne d'un salon d'une mondaine du fin XIXème siècle, début XXème.

Alors l'humour chez Proust, cela vous surprend peut-être, tant il est vrai que ce n'est pas ce qui vient spontanément à l'esprit quand on évoque son œuvre, dont la lecture semble parfois ardue. Et pourtant, cet humour est bien présent et c'est une très bonne idée d'en avoir rassemblé le florilège dans ce spectacle musical.

Proust égratigne notamment les mondains oisifs pérorant dans leurs salons, leurs propos regorgeant de bêtises, de calomnies et de méchanceté. Son arme, c'est l'humour pour en faire ressortir les défauts que je viens d'énoncer. Alors, bien sûr, c'est un humour qu'il faut débusquer, ce n'est pas de la grosse gaudriole dans laquelle nous baignons à notre époque, c'est plus subtil. Les gens du peuple ne sont pas épargnés non plus, tant ils sont gagnés également par une société corsetée par les pensées de la "haute société" et le bien-paraître des convenances hypocrites.

Lambert Wilson est un lecteur-conteur formidable qui a su mettre en valeur les extraits judicieusement choisis, ce qui déclencha à maintes reprises le rire de la salle de l'opéra de Reims.
S'il est vrai qu'il y a des rires qui élèvent et d'autres qui avilissent, aucun doute n'est permis sur la nature de celui qui gagna les spectateurs hier soir.

Et puis, nous eûmes l'autre bonheur d'entendre le pianiste exceller dans des musiques de Claude Debussy, Gabriel Fauré, Frédéric Chopin, Eric Satie, Domenico Scarlatti et Erik Satie, autant de compositeurs présents dans les romans de Proust.

Une soirée procurant un double plaisir et ainsi le décuplant : l'écriture hors pair de Proust lue par Lambert Wilson et la musicalité d'un grand pianiste, en la personne de Jean-Philippe Collard.

Bien que rentré tardivement, je n'ai pu m'empêcher de parcourir quelques pages de "Sodome et Gomorrhe", le 4ème roman de "La recherche du temps perdu".

Extrait :

" - Ce pauvre général, il a encore été battu aux élections, dit la princesse de Parme pour changer de conversation.
- Oh ! ce n'est pas grave, ce n'est que la septième fois, dit le duc, qui ayant dû lui-même renoncer à la politique, aimait asses les insuccès électoraux des autres.
- Il s'est consolé en voulant faire un nouvel enfant à sa femme.
- Comment ! Cette pauvre Mme de Monserfeuil est encore enceinte, s'écria la princesse.
- Mais, parfaitement, répondit la duchesse, c'est le seul arrondissement où le pauvre général n'a jamais échoué."

Bravo à cette alchimie qui vit convoler la lecture et la musique !

JC Togrège
07/07/2017





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