jeudi 9 février 2017

LIVRE /// LA VENGEANCE DES MERES DE JIM FERGUSON


 
LA VENGEANCE DES MERES

JIM FERGUS


"La plupart des Américains ne connaissent rien à la vie des Indiens. Ils ne savent pas comment a été bâti leur pays, ils n'ont aucune idée du massacre des Indiens" - Jim Fergus -

C'est toujours avec un sentiment ambivalent que l'on s'empare de la suite d'une œuvre qui fut un choc, comme ce fut le cas pour  "Mille femme blanches".

En 1er lieu, c'est l'enthousiasme et le plaisir de replonger dans un univers, un ton et de retrouver certains personnages auxquels on s'était attaché, quoique la plupart de ceux du 1er roman avaient été exterminés lors d'une attaque du village indien par les soldats américains.  En filigrane, l'on espère surtout qu'on ne sera pas déçu, que la suite sera à la hauteur du premier.

La construction de ce roman est proche du précédent, en ce sens que l'histoire nous est contée à travers le procédé littéraire de carnets (journaux intimes). Là où cela diffère, c'est que cette fois-ci, les carnets ne sont pas le fait d'une seule personne mais de deux. Cela permet à Jim Fergus d'avoir des narratrices avec un style différent. Pour nous lecteurs, c'est intéressant car nous apprenons l'histoire par fragments et avec des regards différents.

L'une des narratrices est un personnage rescapé du livre précédent, à savoir Margaret Kelly. En effet les deux sœurs jumelles irlandaises à la langue bien pendue ont survécu, et c'est leur voix pleine de gouaille et de vengeance (leurs bébés sont morts de froid pendant leur fuite)  qu'on entend à travers ce qu'en rapporte Margaret. L'autre voix vient d'un nouveau personnage, Molly McGill, faisant partie d'un second groupe de femmes du programme FBI (femmes blanches pour les Indiens)

A travers ce deuxième récit, Jim Fergus appuie le trait sur ce qui lui tient à cœur, à savoir la culture indienne en symbiose avec la nature, le programme officieux des Blancs de liquider les populations autochtones pour leur prendre leurs terres et la condition féminine au XIXème siècle.

Car ce livre, en plus d'être un plaidoyer pour les Indiens, c'est aussi un livre avec de très beaux personnages féminins forts qui entrent en lutte et rejoignent la cause cheyenne, même si elle leur semble vouée à l'échec.

A travers l'union de différentes tribus, c'est la liberté et le mode de vie d'un peuple qui se joue. Même si beaucoup se savent perdus, ils ne peuvent pas vivre autrement, refusant d'être parqués dans des réserves à mourir d'ennui et de privation.
L'un des personnages l'exprime bien : " Ils continuent de sa battre parce qu'ils préfèrent mourir que renoncer à leur mode de vie."

Même si la surprise du premier roman ne joue plus, Jim Fergus nous a fait une bien belle suite très romanesque où le fond ne manque pas. Je n'ai pas parlé de la vengeance, mais c'est aussi un sujet de réflexion.

Et puis, je ne finirai pas sans saluer la très belle page de couverture représentant la photo d'une chef de guerre indienne prise en 1878. Son regard poignant est fier et teinté de tristesse.

Extrait :

Les Blancs, c'est comme une invasion de sauterelles, ils vont nous infester ce pays en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Vous savez pourquoi ils massacrent les bisons ?Vous le savez bien, hein ? Ils leur tirent dessus depuis les trains et ils les laissent pourrir sur place. On a donné l'ordre aux soldats de les abattre, chaque fois qu'ils en voient un, que ça soit pour les manger ou pas. May me l'avait dit, vous les avez vus faire depuis le train dans lequel vous êtes arrivées, l'année dernière. Ce n'est pas seulement pour rigoler qu'ils le font, même s'il y en a pas mal qui trouvent ça marrant. Ils appliquent les consignes du ministère de la Guerre. Achever ce qui reste des tribus, leur prendre leur gagne-pain, le bison, puisque c'est tout pour eux, qu'il suffit à tous leurs besoins. Qu'est-ce qui va leur rester ? Rien. Ils ne pourront plus se nourrir..."

Bonne et belle lecture

JC Togrège
09/02/2017





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