L'AMIE PRODIGIEUSE
Enfance - Adolescence
ELENA FERRANTE
Merci à Daniel Pennac de m'avoir donné envie de lire Elena Ferrante ! Il en a parlé avec tant d'enthousiasme que je me suis fié à son avis.
Grand bien m'a pris car cette histoire d'amitié entre deux gamines (Elena et Lila) vivant dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années 50 est passionnante.
Lila, toute petite, hyper douée à l'école fascine sa camarade Elena qui est davantage réservée. Entre elles deux, l'amitié va naître et s'accompagner d'une émulation dans tous les domaines, en commençant par le scolaire.
Lila, révoltée, est toujours en avance sur sa camarade qui l'admire et de ce fait redouble d'effort pour être à son niveau. Lila va poursuivre ses études d'abord au collège et au lycée grâce au soutien d'une institutrice tandis qu'Elena va devoir travailler. Malgré leur orientation différente, elles vont toujours rester proches l'une de l'autre avec toujours cette émulation/ rivalité entre elles deux.
En plus de l'intérêt pour cette amitié sur du long terme, nous sommes plongés dans les quartiers populaires et pauvres de l'Italie de cette époque. Le boom économique n'a pas encore eu d'effets sur les familles pauvres qui se débattent comme elles peuvent pour joindre les deux bouts.
Mais c'est aussi le roman de l'accession à la connaissance, à l'émancipation.
C'est une époque complétement dominée par les hommes où les femmes doivent se faire une place.
Non seulement les pères sont autoritaires mais les grands-frères aussi. Pour Lila et Elena, c'est une lutte de tout instant pour être indépendantes, se faire entendre, évoluer. Malgré tout le poids des traditions est énorme.
Et puis, il y a les haines de famille, les bagarres, les premiers frimeurs en voiture, une Italie avec des classes sociales bien définies et délimitées.
Pour la petite histoire, Elena Ferrante est un nom d'emprunt derrière lequel l'auteur reste caché. L'on ne sait même pas si c'est un homme ou une femme. Mais, ce qui importe, c'est la qualité de ses écrits !
Extrait :
"Ce fut comme franchir une frontière. Je me souviens d'une foule dense de promeneurs et d'une différence qui était humiliante. Je ne regardais pas les garçons mais les filles et les femmes : elles étaient totalement différentes de nous. Elles avaient l'air d'avoir respiré un autre air, d'avoir mangé des aliments différents, de s'être habillées sur une autre planète et d'avoir appris à marcher sur des souffles de vent. J'étais bouche bée. En plus, moi je me serais bien arrêtée pour contempler à mon aise leurs habits, leurs chaussures et le genre de lunettes qu'elles portaient quand elles en avaient, mais ces femmes-là passaient sans avoir l'air de me voir. Elles ne voyaient aucun de nous cinq. Nous étions invisibles. Ou sans intérêt. Pis, si par hasard leur regard tombait sur nous, elles se tournaient immédiatement dans une autre direction, comme irritées. Elles ne se regardaient qu'entre elles."
Bonne et belle lecture
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