mardi 22 novembre 2016

LIVRE /// LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY - OSCAR WILDE -



D’OSCAR WILDE

 



Parler d’un classique de la littérature est toujours un exercice difficile,  tant de choses ayant déjà été dites et écrites sur l’œuvre. Soit l’on paraphrase, soit on a l’impression de survoler et réduire la pensée de l’auteur.
 
 
Je dirai déjà le plaisir à lire cette belle langue du 19ème siècle que maîtrisait parfaitement Oscar Wilde, et le salut intellectuel à se plonger dans le passé, histoire de se rappeler que les certitudes d’une époque ne sont pas celles d’une autre. Ne pas rester dans la lecture de romans contemporains aide ainsi à mon sens à penser par soi-même et à fuir le « politiquement correct ».



 
 
 
Le roman commence par le tableau que fait un peintre d’un jeune homme, Dorian Gray, d’une stupéfiante beauté.  Ce dernier en est tellement ébloui qu’il forme un vœu :
 
« Si je demeurais toujours jeune et que le portrait vieillisse à ma place ! Je donnerai tout, pour qu’il en soit ainsi. Il n’est rien au monde que je donnerais. Je donnerais mon âme ! »
 
Sous l'influence d'un homme du monde oisif et cynique, Dorian Gray va devenir un dépravé, plongeant dans tous les vices, préoccupé de son seul plaisir, insensible aux autres.  Alors que son âme va se noircir et se refléter sur le tableau, son visage demeurera inchangé, sans ces marques du temps qui nous révèlent. Il conservera le visage  d’un ange tout en étant un parfait malfaisant.
 
Il échappe ainsi à ce qu’écrit le sociologue David le Breton : « Le visage est un mi-dire, un chuchotement de l’identité personnelle... ». 
 
Ce roman, c’est bien sûr beaucoup plus,  avec des thèmes comme l’hédonisme, la puissance de l’art, l’évocation feutrée de l’homosexualité, la critique de la société de son époque et de certaines de ses institutions (l’Eglise, le mariage), la succulence des dialogues et le cynisme de certaines théories (extrait ci-dessous)
 
 
« La raison pour laquelle nous tenons tant à penser du bien des autres, c’est que nous avons peur de nous-mêmes. Le fondement de l’optimisme, c’est la terreur absolue. Nous croyons être généreux en prêtant à autrui des vertus susceptibles de nous être de quelque utilité. Nous ne tarissons pas d’éloges pour le banquier qui tolère un découvert et trouvons quelque qualité au bandit de grand chemin dans l’espoir qu’il ne nous soulagera pas de notre bourse. Je pense tout ce que j’ai dit. Je n’ai que du mépris pour l’optimisme. Pour ce qui est des vies gâchées, seule est gâchée la vie de celui qui cesse de se développer. Si vous voulez abîmer un être, vous n’avez qu’à vouloir le changer. Pour ce qui est du mariage, bien sûr que ce serait bête, mais il existe d’autres liens plus intéressants entre les hommes et les femmes et que j’ai bien l’intention de cultiver. »


Une très belle adaptation cinématographique fut faite de ce roman en 1945 par Albert Lewin, adaptation  que je vous recommande également et qui est disponible dans toutes les bonnes médiathèques.
 

 
Affiche du film sorti en 1945


Bonne et belle lecture.

JC Togrège
11/2016



















 

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