LES NOUVELLES D’OSCAR WILDE
La lecture du roman d’Amélie Nothomb « le crime
du comte Neville » (son cru de 2015) m’a amené tout naturellement vers
Oscar Wilde, puisqu’elle s’est servie d’une idée de celui-ci,
cela sans s’en cacher.
C’est là l’un des plaisirs de la lecture, ces
passerelles d’un livre vers un autre, comme autant de découvertes à faire. Qu’un
auteur donne envie de replonger dans les œuvres d’un autre, c’est cela la
grande chaîne de la littérature. C’en est d’autant plus intéressant quand il s’agit
de quelqu’un qui n’est plus au-devant de la scène et à qui l’on n’aurait pas
songé de prime abord.
Une voyante prédit au comte de Neville qu’il va tuer une
personne lors de la prochaine réception qu’il organise. Cette prédiction
macabre, c’est précisément le sujet d’une des nouvelles d’Oscar Wilde : « Le
crime de Lord Arthur Savile ».
Un chiromancien lit dans la main de Lord Arthur Savile une annonce du même
type, sans que le détail nous en soit donné explicitement. Mais il s’agit bien
d’un meurtre également, ce qui va amener le personnage à reculer son mariage. C’est
d’ailleurs cela qui le perturbe vraiment, plus que le fait d’avoir à choisir une
victime pour se débarrasser de la prédiction et reprendre le cours de son
existence.
Dans une autre nouvelle, « Le Fantôme de
Canterville », nous faisons la connaissance d’un fantôme qui n’arrive pas à
effrayer une famille venant d’emménager dans son château, devenant même le
souffre douleur de jumeaux.
Le charme de ces récits tient au style (c'est très bien écrit) et à l’humour « british »
(oui, je sais Wilde est irlandais !) de l’auteur qui aime dépeindre avec
une douce ironie la société de la fin du XIXème siècle. A ceci ,s’y une touche
de fantastique qui agrémente ses récits.
Et enfin, comme je vous l’ai déjà dit, j’aime beaucoup
la lecture de « nouvelles » la nuit, lorsque les insomnies se
présentent. Je les trouve adaptées car l’on peut espérer que la lecture d’une
seule pourra suffire avant de se rendormir et si ce n’est pas le cas,
poursuivre avec une autre et une autre...
Extrait (Le fantôme de Canterville)
« Quelque temps après, Mr Otis fut réveillé par
un bruit bizarre dans le couloir, à l’extérieur de sa chambre. On eût dit un
tintement de métal, et il semblait se rapprocher d’instant en instant. Il se
leva immédiatement, frotta une allumette, et regarda l’heure. Il était exactement
une heure. Mr Otis était très calme, et se tâte le pouls, qui n’était nullement
fébrile.
Le bruit étrange se prolongea encore, et il entendit
en même temps distinctement un bruit de pas. Il chaussa ses pantoufles, prit
dans sa mallette une petite fiole oblongue, et ouvrit la porte. Juste en face
de lui il vit, au pâle clair de lune, un
vieillard d’aspect terrible. Il avait des yeux rouges pareils à des charbons
incandescents ; une longue chevelure grise lui tombait sur les épaules en
tresses emmêlées ; ses vêtements, d’une coupe ancienne, étaient salis et
élimés. De lourdes menottes et des fers rouillés lui pendaient aux poignets et
chevilles.
« Cher monsieur, dit Mr Otis, permettez-moi
vraiment d’insister auprès de vous pour que vous huiliez ces chaines : je
vous ai apporté à cette fin un petit flacon de lubrifiant Soleil Levant
Tammany. On le dit totalement efficace dès la première application, et il y a ,
sur l’emballage, plusieurs attestations allant dans ce sens, émanant de
quelques-uns de nos ecclésiastiques les plus éminents. Je le laisse ici à côté
de vous, à côté des veilleuses, et je me ferai un plaisir de vous en fournir
encore au cas où vous en auriez besoin »
Bonne et belle lecture
28/11/2016
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