lundi 28 novembre 2016

LIVRE /// LES NOUVELLES D'OSCAR WILDE


LES NOUVELLES D’OSCAR WILDE
 
 
 
La lecture du roman d’Amélie Nothomb « le crime du comte Neville » (son cru de 2015) m’a amené tout naturellement vers Oscar Wilde, puisqu’elle s’est servie d’une idée de celui-ci, cela sans s’en cacher.
 
 
C’est là l’un des plaisirs de la lecture, ces passerelles d’un livre vers un autre, comme autant de découvertes à faire. Qu’un auteur donne envie de replonger dans les œuvres d’un autre, c’est cela la grande chaîne de la littérature. C’en est d’autant plus intéressant quand il s’agit de quelqu’un qui n’est plus au-devant de la scène et à qui l’on n’aurait pas songé de prime abord.
 
 
Une voyante prédit au comte de Neville qu’il va tuer une personne lors de la prochaine réception qu’il organise. Cette prédiction macabre, c’est précisément le sujet d’une des nouvelles d’Oscar Wilde : « Le crime de Lord Arthur Savile ».
 
Un chiromancien lit dans la main de Lord Arthur Savile une annonce du même type, sans que le détail nous en soit donné explicitement. Mais il s’agit bien d’un meurtre également, ce qui va amener le personnage à reculer son mariage. C’est d’ailleurs cela qui le perturbe vraiment, plus que le fait d’avoir à choisir une victime pour se débarrasser de la prédiction et reprendre le cours de son existence.
 
Dans une autre nouvelle, « Le Fantôme de Canterville », nous faisons la connaissance d’un fantôme qui n’arrive pas à effrayer une famille venant d’emménager dans son château, devenant même le souffre douleur de jumeaux.
 
 
Le charme de ces récits tient au style (c'est très bien écrit) et à l’humour « british » (oui, je sais Wilde est irlandais !) de l’auteur qui aime dépeindre avec une douce ironie la société de la fin du XIXème siècle. A ceci ,s’y une touche de fantastique qui agrémente ses récits.
 
Et enfin, comme je vous l’ai déjà dit, j’aime beaucoup la lecture de « nouvelles » la nuit, lorsque les insomnies se présentent. Je les trouve adaptées car l’on peut espérer que la lecture d’une seule pourra suffire avant de se rendormir et si ce n’est pas le cas, poursuivre avec une autre et une autre...
 
 
Extrait (Le fantôme de Canterville)
 
« Quelque temps après, Mr Otis fut réveillé par un bruit bizarre dans le couloir, à l’extérieur de sa chambre. On eût dit un tintement de métal, et il semblait se rapprocher d’instant en instant. Il se leva immédiatement, frotta une allumette, et regarda l’heure. Il était exactement une heure. Mr Otis était très calme, et se tâte le pouls, qui n’était nullement fébrile.
 Le bruit étrange se prolongea encore, et il entendit en même temps distinctement un bruit de pas. Il chaussa ses pantoufles, prit dans sa mallette une petite fiole oblongue, et ouvrit la porte. Juste en face de lui il vit, au  pâle clair de lune, un vieillard d’aspect terrible. Il avait des yeux rouges pareils à des charbons incandescents ; une longue chevelure grise lui tombait sur les épaules en tresses emmêlées ; ses vêtements, d’une coupe ancienne, étaient salis et élimés. De lourdes menottes et des fers rouillés lui pendaient aux poignets et chevilles.
« Cher monsieur, dit Mr Otis, permettez-moi vraiment d’insister auprès de vous pour que vous huiliez ces chaines : je vous ai apporté à cette fin un petit flacon de lubrifiant Soleil Levant Tammany. On le dit totalement efficace dès la première application, et il y a , sur l’emballage, plusieurs attestations allant dans ce sens, émanant de quelques-uns de nos ecclésiastiques les plus éminents. Je le laisse ici à côté de vous, à côté des veilleuses, et je me ferai un plaisir de vous en fournir encore au cas où vous en auriez besoin »
 
Bonne et belle lecture
28/11/2016

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