L'HORIZON
DE PATRICK MODIANO
Ouvrir un "Modiano", c'est comme retrouver un vieil ami avec qui l'on reprend le fil de la conversation arrêtée, avec qui l'on se sent tout de suite bien, en connivence, et même en osmose.
L'on sait qu'au delà de l'histoire, souvent assez tenue, ce qui nous charmera ce sera d'abord le ton du récit, l'ambiance, la relation au temps, aux souvenirs. L'ambiance de ces romans, mais comment décrire cela ? C'est la petite musique de l'écrivain, on la ressent ou on ne la ressent pas.
Cela me fait penser à sa formule "le printemps de l'hiver" pour décrire les jours ensoleillés de janvier et février qui se prêtent à la promenade. Quelle jolie façon d'exprimer les choses !
Lire un "Modiano", ce n'est pas qu'un moment de lecture, c'est beaucoup plus et c'est difficile à expliquer. Son style est si unique qu'il nous emporte à chaque fois quelque soit le sujet, aussi peu consistant soit-il.
Le personnage du roman, la soixantaine, fait vagabonder sa mémoire sur différents épisodes de sa jeunesse et se souvient de Margaret Le Coz, jeune fille énigmatique, qu'il rencontra par hasard 40 ans plus tôt, qu'il fréquenta et perdit un jour où elle s'enfuit dans un train. Tous les deux avaient en commun de fuir quelqu'un qui les harcelait.
C'est une quête de la mémoire (comme très souvent chez l'auteur), une enquête qui nous mène en France et en Allemagne. Ce n'est pas de la nostalgie en temps que telle, c'est au-delà, une recherche des moments vécus reconstitués petit à petit.
Par delà ses réminiscences vieilles de 40 ans sur cette relation avec Margaret, c'est une interrogation sur le temps qui passe, les chemins empruntés (pourquoi celui-ci, plutôt qu'un autre ?), la permanence des lieux (leur mémoire ?) et sur l'horizon.
L'horizon, voici ce qu'il en écrit "au moins avec le doute, il demeure encore une forme d'espoir, une ligne de fuite vers l'horizon. On se dit que le temps n'a peut-être pas achevé son travail de destruction et qu'il y aura encore des horizons."
L'horizon, c'est un peu comme l'espoir, l'avenir non ?
Sur cette question, je ne peux que vous recommander ce beau roman publié en 2010.
Extrait :
"Mais, à mesure qu'il remontait le cours du temps, il éprouvait parfois un regret : pourquoi avait-il suivi ce chemin plutôt qu'un autre ? Pourquoi avait-il laissé tel visage ou telle silhouette, coiffée d'une curieuse toque en fourrure et qui tenait en laisse un petit chien, se perdre dans l'inconnu ? Un vertige le prenait à la pensée de qui aurait pu être et qui n'avait pas été"
Bonne et belle lecture
JC Togrège
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