MILLE FEMMES BLANCHES
Les carnets de May Dodd
Les carnets de May Dodd
JIM FERGUS
Voilà un moment (plusieurs années !) que ce livre figurait sur ma liste des livres à acheter ou emprunter !
Lorsque la suite sortit ("La vengeance des mères") et que l'auteur la présenta, de nouveau j'avais été séduit par cette approche visant à présenter la culture indienne et son génocide commis par les Européens.
En l'espace de quelques jours, les 500 pages furent "avalées" avec gourmandise, tant le sujet et le récit sont prenants. Découvrir une culture tout en se distrayant ( car n'oublions pas que lire c'est avant tout un plaisir), c'est merveilleux non ?
Le grand Jim Harrison lui-même (disparu au mois de mars 2016) avait salué ce livre : "un roman splendide, puissant et engagé".
Roman engagé car les Blancs sont montrés pour ce qu'ils furent : des envahisseurs avides et prêts à tout pour s'emparer de la terre, ne tenant pas leurs promesses (combien de traités avec les Indiens furent bafoués !) et plein de mépris pour ceux qu'ils nommaient des "sauvages" qu'il fallait soit civiliser en les parquant soit détruire.
Mais cela dit, si le roman est captivant, c'est parce que l'histoire des personnages, un groupe de femmes, l'est totalement.
Tout commence par la proposition d'un Chef Indien cheyenne d'échanger 1000 femmes blanches contre 1000 chevaux, dans le but de réunir les deux peuples grâce aux enfants qui naitront des unions.
Non, Mesdames, ne vous offusquez pas trop, car chez les Indiens, le cheval était hautement considéré et capital pour la vie...
Jim Fergus part d'une réelle proposition qui ne fut jamais concrétisée pour en faire une histoire où nous suivons le parcours des femmes qui se sont portées volontaires pour ce projet d'intégration. Volontaires, en ce sens, que cela leur permettait pour la plupart de sortir soit d'asile soit de prison, ce qui relativise ce volontariat...
Là où c'est fort, c'est que cette culture cheyenne nous est montrée à travers le regard de toutes ces femmes via le journal que tient l'une d'entre elle, May Dodd. La structure du roman divisé en carnets provenant du journal intime lui donne une crédibilité et un fort réalisme, tout en nous rendant proche de l'héroïne, femme courageuse et indépendante d'esprit.
Les Indiens ne sont pas montrés non plus sans leurs défauts, certaines de leurs pratiques étant sanguinaires (lutte entre tribus ennemis). Néanmoins, il en ressort que cette civilisation était très proche de la nature et bien différente de la nôtre.
Un tout petit regret pour la traduction, c'est que les noms indiens aient été retranscrits en anglais et non en français. Exemple : "Down Woman pour "Celle qui tombe dans le feu".
Certes des astérisques nous donnent la signification en français.
Extrait :
"A cause du mal que vous avez apporté avec vous" - à cet instant Little Wolf posa la main sur sa joue couverte de cicatrices - " et à cause des guerres que vous nous avez déclarées" - ici il mit sa paume sur sa poitrine car il avait maintes fois été blessé au combat - "nous sommes maintenant peu nombreux. Le Peuple disparaîtra bientôt entièrement, comme les bisons de notre pays. Je suis le grand homme-médecine de mon peuple et mon devoir est d'assurer sa survie. Cela n'est possible pour nous qu'en intégrant le monde de l'Homme Blanc - je veux dire que nos enfants doivent devenir membres de votre tribu. C'est pourquoi nous avons l'honneur de demander au Grand Père le présent de mille femmes blanches. Nous les épouserons afin d'apprendre, à nous et à nos descendants la vie nouvelle qu'il nous faudra mener quand le bison aura disparu" (...)
"Ainsi reprit-il enfin, nos guerriers logeront leur graine de cheyenne dans le ventre des femmes blanches. Elle s'épanouira dans leurs entrailles et la prochaine génération de nos enfants viendra au jour dans votre tribu pour jouir de tous les privilèges qui y sont associés".
Un roman très réussi qui nous emporte totalement.
Que l'année 2017 vous apporte de belles lectures !
JC Togrège
29/12/2016
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